Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Regard - Covid-19 : les incohérences présidentielles

Mars 2020, par Info santé sécu social

Nous, Français, ne sommes pas assez disciplinés face au coronavirus. Du moins, si l’on en croit les mots employés par le Premier ministre le 14 mars dernier. Ce serait notre indiscipline qui pousse le gouvernement à agir. Ainsi, la faute nous revient au premier chef, devant l’inaction ou la lenteur d’action de l’exécutif. Restez chez vous. Le sommet de l’État entonne désormais cette petite musique, martelée depuis des jours et des jours par les personnels hospitaliers.

Restez chez vous, mais… N’oubliez pas d’aller voter. Dimanche 15 mars, la France est regardée par le monde, ahuri. En pleine pandémie mondiale, alors que l’Europe est désormais le coeur du cyclone, que nos voisins italiens et espagnols sont dans une situation catastrophique, les Français vont élire leurs maires. Une aberration.

Ce premier tour des municipales, toute personne censée a demandé son report. Mais non. La faute a été rejetée sur les oppositions – qui n’ont pourtant pas été consultées, pas plus que le Conseil constitutionnel. Comme au temps du 49.3 pour la réforme des retraites, le gouvernement ne veut pas assumer ses décisions. Il faut qu’il explique qu’il a été forcé. C’est bien connu, dans la Vème République, l’exécutif peut être contraint… Après ça, on peut toujours se moquer du fou Boris Johnson, mais lui a reporté les municipales anglaises. Au moins.

Ce même Président qui, il y a dix jours à peine, sortait au théâtre avec Brigitte Macron afin d’inciter les Français à sortir et fréquenter les lieux culturels, expliquant que « la vie continue » et qu’il n’y a « aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie ». Cette même Brigitte Macron qui, se promenant sur les quais de Seine, s’est dit choquée de voir tant de Parisiens se promener sur les quais de Seine. Ce même Président qui, sortant de son bureau de vote du Touquet, lance : « On va continuer à sortir pour prendre l’air ». Ce même Président qui, annonçant un confinement – sans en prononcer le mot –, lundi 16 à 20h, précise qu’on peut tout de même sortir pour faire un peu d’exercice. Allez comprendre.

À croire que celui qui ne prend pas la pandémie au sérieux, celui qui serait indiscipliné, c’est Emmanuel Macron. Bien sûr, ces incohérences (cette inconscience ?) se noient dans le flot d’annonces. Du « quoi qu’il en coûte » au « nous sommes en guerre », le chef de l’État s’apprête à faire exploser notre déficit, à bon escient !

Finalement, le deuxième tour des municipales sera reporté. Quel ridicule. Que n’eût-il été aisé, simple, normal de prendre cette décision pour les deux tours avant ! Mais voilà, c’est du Premier ministre que nous l’avons appris, avant l’allocution présidentielle – avec toutes les questions de sincérité du scrutin que cela pose. Quant aux annonces d’Emmanuel Macron, il aura fallu attendre la fin de soirée pour que Christophe Castaner les détaille et, de fait, les rendent pleinement intelligible (qu’elle tristesse pour un ministre de l’Intérieur de devoir expliquer comment « on peut prendre l’air » dans cette période…). Emmanuel Macron semble trop absorbé par l’idée de faire un discours historique, comme l’est la pandémie. C’est précisément là qu’il manque l’histoire.

On a hâte de savoir comment il fera voter son projet de loi « pour répondre à l’urgence » dès ce jeudi, sachant que le coronavirus est en train de décimer les parlementaires – 18 députés sont déjà contaminés.

Une belle gestion de crise, hein ? En matière d’inconscience, de dangerosité et d’irresponsabilité, oui !