Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

FR3 Auvergne-Rhône-Alpes - Coronavirus - COVID 19 : à Saint-Genis-Laval, le seul fabricant français de chloroquine est en redressement judiciaire

Mars 2020, par Info santé sécu social

Le sous-traitant pharmaceutique FAMAR se situe à St-Genis-Laval. En juin, ce site de production lyonnais a été placé en redressement judiciaire. Il risque la fermeture. Or, il est "l’unique usine enregistrée pour délivrer le marché français en Nivaquine (Chloroquine)", rappelle la CGT.

Par Dolores Mazzola
Publié le 23/03/2020

L’usine FAMAR Lyon, installée à Saint-Genis Laval, fabrique un éventail de produits pharmaceutiques (antidiabétique, neuroleptique, cardiovasculaire, antibiotique, antiparasitaire, antipaludéen, dermatologique et antifongique). "Parmi ce portefeuille, le site compte 12 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) dont la NIVAQUINE (Chloroquine)," a indiqué le syndicat CGT dans un communiqué diffusé la semaine dernière.

De la Chloroquine produite pour le marché français

La chloroquine serait une molécule prometteuse dans la lutte contre le Covid 19. Cet antipaludique utilisé depuis plusieurs décennies et commercialisé notamment sous le nom de Nivaquine. Ce traitement est souvent recommandé lorsqu’on prévoit de se rendre en zone infestée par le parasite du paludisme, transmis par les moustiques. Des essais ont débuté dans la lutte contre le Coronavirus...

L’entreprise FAMAR Lyon est "l’unique usine enregistrée pour délivrer le marché Français en NIVAQUIN (Chloroquine)," précise le communiqué. Or, le site de Saint-Genis-Laval est actuellement en redressement judiciaire. La production de Chloroquine sulfate, pour le compte de Sanofi, reste cependant mineure aujourd’hui sur ce site.

Audience reportée au Tribunal de Commerce pour cause de Coronavirus

Le site FAMAR Lyon a été placé redressement judiciaire le 24 juin 2019. Le groupe FAMAR était détenu par le fonds d’investissement américain KKR qui a mis en vente tous les sites du groupe à travers le monde. Sur les douze sites, seul restait celui de Saint-Genis-Laval qui n’a pas trouvé preneur. "Les différents appels d’offre réalisés depuis l’ouverture de cette procédure collective sont restés sans suite," indique le syndicat CGT dans son communiqué.

Sous-traitante de l’industrie pharmaceutique employant un peu plus de 250 salariés, l’entreprise FAMAR Lyon "risque une fermeture si aucune solution de reprise n’est présentée au Tribunal de Commerce," rappelle le syndicat.

Pour l’heure, malgré les mesures de confinement et la crise du Coronavirus, le site de production fonctionne en équipes (en 3X8).

Mais dans un avenir proche, faute de trouver un repreneur, l’usine pourrait donc fermer. Or, le syndicat précise :"pour pouvoir intéresser de potentiels repreneurs, le maintien des productions sur le site est nécessaire."

L’audience devant le tribunal de commerce qui devait statuer sur l’avenir de FAMAR Lyon et sur une éventuelle prolongation devait se tenir le mardi 17 mars. Elle a été reportée aux calendes grecques en raison des mesures de confinement adoptées pour cause de Coronavirus.

Un appel aux pouvoirs publics

Le syndicat avait déjà alerté l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn sur la situation de l’entreprise. Face à la crise sanitaire du Coronavirus, le syndicat en appelle une nouvelle fois à l’Etat et notamment au ministre de la Santé Olivier Véran : "Le site de Saint-Genis Laval est à disposition pour répondre aux besoins sanitaires de milliers de patients en souffrance et ainsi satisfaire les intérêts de santé publique."

Le syndicat demande ainsi que le nécessaire soit fait de la part des pouvoir publics pour préserver "l’indépendance pharmaceutique" du pays. Le syndicat n’hésite pas à rappeler que FAMAR Lyon "participe également à la constitution de stocks de sécurité". Cette mission prendrait fin, explique-t-on, si le site disparaissait au risque de voir les productions "transférées vers d’autres pays, et pas forcément en Europe."

Dans l’attente de trouver un repreneur pour le site de Saint-Genis, le syndicat demande l’aide de l’Etat, qui passerait soit par "une réquisition" du site, soit par une "nationalisation temporaire". Un appel resté pour l’heure sans réponse.

Le soutien du maire de Saint-Genis-Laval

Lundi 23 mars, Roland Crimier, maire de la commune de Saint-Genis-Laval sur laquelle est implantée FAMAR Lyon, a également lancé un appel aux pouvoirs publics et aux investisseurs pour soutenir le sous-traitant pharmaceutique, dans l’attente des résultats des essais menés sur la Chloroquine.

"Au regard de la situation sanitaire, j’en appelle aux investisseurs et à l’Etat pour sauvegarder le potentiel de production du site FAMAR de Saint-Genis-Laval dans l’attente des résultats des tests cliniques de la chloriquine. L’entreprise est la seule en France à produire cet antipaludique susceptible d’être utilisé dans le traitement du COVID19."

Quid de l’après-crise ? Le maire ne se prononce pas et évoque la seule production de Chloroquine :" Le maintien de cette production sera à examiner après la crise sanitaire dans le cadre du système de santé au regard des capacités nationales de production de médicaments."