Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Coronavirus : un tiers de l’humanité désormais sommée de rester chez elle

Mars 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Coronavirus : un tiers de l’humanité désormais sommée de rester chez elle

L’Inde rejoint mercredi les nombreux pays qui ordonnent à leurs habitants de rester confinés, à l’heure où la province chinoise du Hubei ouvre à nouveau ses portes.

Le Monde avec AFP•

Publié le 25 mars 2020

Après des semaines de tergiversations, les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont été reportés à 2021. Une décision accueillie avec soulagement partout dans le monde alors qu’en Italie, en Espagne, en France et dans d’autres pays, la pandémie de Covid-19 continue de provoquer des hécatombes quotidiennes.

Dans les pays les plus touchés, les hôpitaux sont au bord de l’effondrement, les personnels de santé exténués et exposés à la contagion par manque de masques et de matériel adapté, et les victimes inhumées ou incinérées à la hâte.

« Beaucoup de collègues pleurent parce que des gens meurent seuls sans avoir revu leur famille et nous avons à peine le temps de leur tenir compagnie », se lamente Guillen del Barrio, infirmier dans un hôpital de Madrid saturé de malades. Dans la capitale espagnole, une patinoire a été transformée en morgue géante. Les halls d’exposition de la Foire de Madrid ont été reconvertis en hôpital de campagne de 1 500 lits, et l’armée a été appelée à la rescousse pour désinfecter les maisons de retraite, où les morts se comptent par dizaines.

En Italie, le bilan quotidien reste cauchemardesque : encore 743 morts mardi 24 mars. Mais une décrue du nombre de contaminations suscite de timides espoirs chez les scientifiques, qui y voient l’efficacité des mesures draconiennes de confinement prises dans ce pays.

•Le Hubei ouvre ses portes : ruée vers la sortie

En Chine, les restrictions drastiques imposées depuis plusieurs mois dans la province du Hubei, épicentre de la pandémie, ont été levées mercredi. A l’exception de son chef-lieu, Wuhan : la quarantaine, de cette ville de 11 millions d’habitants, ne sera levée que le 8 avril. Aucun cas de contamination locale n’a été détecté en vingt-quatre heures dans le pays, mais 47 cas « importés » de l’étranger ont été identifiés pendant cette période, selon les autorités sanitaires nationales.

Trains et autocars pris d’assaut, embouteillages sur les routes : après deux mois de bouclage, la province du Hubei a commencé mercredi à ouvrir ses portes. Devant la gare de Macheng, une ville de 800 000 habitants, une foule accompagnée d’enfants faisait la queue sous la pluie pour pouvoir acheter un billet et quitter la province, coupée de facto du reste du pays depuis la fin janvier. A Huanggang, une ville de 7 millions d’habitants parmi les plus touchées par l’épidémie, des travailleurs chargés de bagages attendaient de pouvoir monter dans des autocars quittant la province, selon des images diffusées par l’agence Chine nouvelle.

Outre les transports ferroviaire et routier longue distance, trois aéroports provinciaux devaient rouvrir leurs portes mercredi, mais pas celui de Wuhan. Les autorités ont précisé que seules pourraient circuler les personnes en bonne santé (ce qui doit être certifié électroniquement par un code QR de couleur verte enregistré dans leur téléphone).

•L’Inde ordonne à son tour le confinement de ses habitants

L’Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine, a justement ordonné à son tour le confinement de ses 1,3 milliard d’habitants à partir de mercredi. « Souvenez-vous que même un seul pas hors de chez vous peut ramener la grave maladie du coronavirus dans votre foyer », a averti dans un discours à la nation le premier ministre, Narendra Modi, dont le pays recense 519 cas de Covid-19, et 10 morts.

Avec le confinement de l’Inde, ce sont 2,6 milliards de personnes désormais appelées à se cloîtrer chez elles, selon un comptage réalisé à partir d’une base de données de l’Agence France-presse (AFP). Cela représente plus d’un tiers de la population mondiale, évaluée par l’ONU à 7,8 milliards de personnes en 2020.

D’après un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles, plus de 18 000 personnes ont perdu la vie à cause de ce virus et plus de 400 000 cas d’infection ont été diagnostiqués dans 175 pays et territoires. Ce nombre de cas ne reflète toutefois qu’une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant plus que les cas nécessitant une hospitalisation.

En Afrique, en Amérique latine et en Europe, couvre-feux, confinements, fermetures de commerces et restrictions des déplacements se généralisent, la majorité des scientifiques jugeant que seules des mesures drastiques de cet ordre sont en mesure de freiner la maladie, contre laquelle aucun vaccin ni aucun traitement avéré n’existent à ce jour.

« Le confinement est actuellement la seule stratégie réellement opérationnelle », a ainsi estimé mardi le conseil scientifique français sur le Covid-19, qui a jugé « indispensable » de prolonger de plusieurs semaines cette mesure en vigueur dans le pays depuis plus d’une semaine.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi | « En l’absence de vaccin, le coronavirus pourrait à terme faire plusieurs centaines de milliers de morts » •Des marins américains testés positifs à bord d’un porte-avions

Trois marins américains qui se trouvaient à bord du porte-avions Theodore Roosevelt ont été diagnostiqués positifs. Les trois hommes ont été évacués, et tous ceux qui ont été en contact avec eux à bord du navire, actuellement déployé en opération, ont été placés en quarantaine. Le navire compte plus de 5 000 personnes à bord.

•La discorde du Brésil et des Etats-Unis

En contradiction avec cette stratégie générale, les dirigeants des Etats-Unis et du Brésil s’efforcent au contraire de minimiser l’épidémie de coronavirus. « Il faut retourner au travail, beaucoup plus tôt que les gens ne le pensent », a lancé M. Trump sur la chaîne Fox News. Les Etats-Unis ont recensé mardi plus de 700 morts et de 53 000 cas officiellement déclarés de Covid-19, selon le comptage de l’université Johns Hopkins, qui fait référence. Environ 40 % de la population américaine est confinée chez elle ou sur le point de l’être, les restrictions variant d’un Etat à l’autre.

« On peut détruire un pays en le fermant de cette façon », a critiqué le président américain, selon qui une « grave récession ou une dépression » pourraient faire plus de morts que l’épidémie, notamment si la crise économique devait entraîner « des suicides par milliers ». Mercredi matin, le Sénat américain et la Maison Blanche ont trouvé un accord sur un plan de relance massif d’environ 2 000 milliards de dollars (1 850 milliards d’euros), censé permettre d’amortir l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie américaine.

Au Brésil, où l’on recense 2 201 cas de Covid-19 et 46 morts, les déficiences du système de soins, la pauvreté et l’insalubrité dans lesquelles vit une grande partie de la population menacent d’aggraver l’épidémie dans la première économie d’Amérique latine. Mais le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, a comparé les mesures de confinement et de fermeture des commerces et services publics prises par plusieurs Etats et municipalités à une politique de la « terre brûlée ».
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« Nous devons maintenir les emplois et préserver l’approvisionnement des familles », a-t-il affirmé dans un discours à la nation. « Le groupe à risques, c’est celui des personnes de plus de 60 ans. Alors pourquoi fermer les écoles ? », s’est-il interrogé. Il a accusé les médias de répandre « l’hystérie » face à la pandémie et a affirmé que le Brésil était à l’abri, grâce selon lui à son climat chaud et à sa population majoritairement jeune.