Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : En Suède, le désamour pour l’hydroxychloroquine

Avril 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : En Suède, le désamour pour l’hydroxychloroquine

Alors que l’essentiel des structures hospitalières suédoises avait adopté ce traitement contre le Covid-19, des doutes sur son efficacité et des craintes sur les effets secondaires ont conduit à son quasi-abandon hors essais cliniques.

Par Anne-Françoise Hivert

Publié le 9/04/2020

Fin mars, l’hôpital de Sahlgrenska à Göteborg a été le premier à annoncer qu’il arrêtait de prescrire la chloroquine et l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. « Je pense que toutes les cliniques en Suède ont commencé à utiliser ce traitement quand les premiers patients sont arrivés. A Göteborg, nous étions très prudents depuis le début, explique Magnus Gisslén, professeur de maladies infectieuses et médecin à l’hôpital de Sahlgrenska. Nous nous sommes rendu compte que les preuves d’efficacité étaient faibles, mis à part une étude chinoise, cependant réalisée sans groupe témoin, et l’étude française où l’hydroxychloroquine est combinée à l’azithromycine, étude dont nous estimons qu’elle n’est pas suffisamment bien faite pour démontrer l’efficacité. »

Ce spécialiste souligne aussi les risques d’effets secondaires de ces médicaments sur le cœur (troubles du rythme cardiaque) mais aussi au niveau des reins. « Nous avons d’abord décidé de ne plus donner de chloroquine aux patients souffrant d’insuffisance rénale, puis de ne plus le donner du tout, même si nous n’avons pas constaté d’effets secondaires chez nous. Des collègues, en Suède et à l’étranger, nous ont fait part de cas suspicieux, même s’il est difficile de savoir si la chloroquine était à l’origine des effets observés ou si c’était une conséquence de la maladie. »

« Pas de conclusions solides »
Comme l’hôpital de Sahlgrenska dispose de la plus grosse clinique infectieuse en Suède, les autres hôpitaux du pays ont suivi, à commencer par le Södersjukhuset à Stockholm. « Je pense que plus un seul hôpital n’utilise ces médicaments aujourd’hui. La décision a été un peu controversée au début, mais rapidement, l’agence du médicament est venue avec ses propres recommandations, ce qui a convaincu ceux qui doutaient encore », poursuit Magnus Gisslén.

Dans un communiqué publié le 2 avril, l’Agence suédoise du médicament, la Läkemedelsverket, estime que « les données disponibles actuellement ne permettent pas d’aboutir à des conclusions solides concernant les effets cliniques et l’innocuité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement de patients atteints du Covid-19 ». En raison de ces incertitudes, l’agence recommande leur utilisation « pour le traitement du Covid-19 uniquement dans le cadre d’études cliniques ». Le communiqué poursuit en déconseillant vivement l’automédication, avec une longue liste des effets secondaires.

Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale)