Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Europe 1 : "La vraie reconnaissance des soignants, elle est sur la feuille de paie", estime Rémi Salomon

Avril 2020, par infosecusanté

Europe 1 : "La vraie reconnaissance des soignants, elle est sur la feuille de paie", estime Rémi Salomon

le 15 avril 2020

Après l’annonce d’un déconfinement progressif à partir du 11 mai, Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, appelle à la "précaution" et à la "méthode". Il alerte également sur la pénurie de certains médicaments indispensables en réanimation et demande une reconnaissance des soignants "sur la feuille de paie".

INTERVIEW
"Chaque jour de confinement qui passe, ce sont des vies gagnées". Il y a un mois, Rémi Salomon, ​président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, rappelait l’importance du confinement pour lutter contre le coronavirus. Après l’allocution d’Emmanuel Macron ce lundi qui annonce un déconfinement progressif à partir du 11 mai, il réagit au futur calendrier sur Europe 1. "Il faut déconfiner mais avec beaucoup de précautions, avec méthode pour éviter que le virus ne circule à nouveau vite et éviter qu’il ne déclenche une deuxième vague qui mettrait nos hôpitaux à nouveau en grande difficulté", assure-t-il.

La pénurie de médicament

Plus encore que les semaines à venir, c’est la pénurie de médicament qui préoccupe Rémi Salomon et ses équipes. Avec huit autres dirigeants de CHU européens, ils ont écrits aux chefs d’Etats de l’Union pour alerter sur la situation. Certains médicaments utilisés partout dans le monde en réanimation comme les sédatifs, les myorelaxants ou encore certains antibiotiques sont difficiles à obtenir.

"Souvenez vous dans le monde d’avant, on avait déjà de temps en temps, même assez régulièrement des problèmes de pénurie de médicaments, depuis quelques années", rappelle Rémi Salomon. "Il n’est pas étonnant que dans cette crise sanitaire, il y ait à nouveau et de manière aiguë des problèmes d’approvisionnement. Si jamais on arrivait à une rupture complète de l’un de ces médicaments, cela nous mettrait dans une difficulté considérable pour soigner."

La fabrication des médicaments a été délocalisée dans plusieurs pays depuis une trentaine d’année : fabrication du principe actif en Chine, puis étapes de fabrication en Inde, en Europe, en Amérique du Nord. "L’indépendance sanitaire c’est la nécessité de relocaliser au moins une partie de la production de certains médicaments essentiels à notre santé", souligne le professeur. "On a laissé partir la production pour diminuer coût de production et parce que c’est une industrie assez polluante. Il faut relocaliser même si cela prend quelques mois, on en aura besoin pour la deuxième vague malheureusement, ou la prochaine pandémie."

Une reconnaissance des soignants
L’hôpital public, déjà en difficulté avant la crise sanitaire, est éprouvé. Les professions paramédicales sont peu attirés par ces structures, car mal payées. Or les infirmières, manipulateurs radio, aide-soignantes, sont indispensables à la bonne santé des patients. Emmanuel Macron a évoqué cette problématique lors de sa prise de parole lundi. Rémi Salomon attend des actes.

"C’est bien de le dire, ce serait mieux aujourd’hui dès maintenant de revaloriser les salaires de ces paramédicaux", ajoute-t-il. "Si la parole n’est pas suivie d’actes alors il y a un vrai problème. Les soignants donnent énormément. Ils sont très touchés par les applaudissements et les mots de reconnaissance du président de la République et de l’ensemble de la population mais la vraie reconnaissance, elle est sur la feuille de paie."

Europe 1
Par Mathilde Durand