Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Quotidien du médecin - Covid-19 : l’AP-HP alerte sur le renoncement aux soins et s’attend à une vague de patients après l’épidémie

Avril 2020, par Info santé sécu social

PAR MARTIN DUMAS PRIMBAULT - PUBLIÉ LE 17/04/2020

À l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), les médecins craignent une vague de patients qui pourrait arriver après l’épidémie, conséquence du renoncement aux soins pendant le confinement.

Lors d’un point presse jeudi 16 avril, la direction du CHU francilien et plusieurs médecins ont fait le constat d’une très nette baisse de l’activité traditionnelle. Le Pr Bertrand Godeau, interniste à l’hôpital Henri-Mondor évoque même un « effondrement de l’activité médicale hors Covid-19 ». Le PU-PH ne cache pas son inquiétude, expliquant avoir perdu de vue dans son service un certain nombre de patients atteints pourtant de pathologies chroniques aiguës. « Aujourd’hui, je ne sais pas où sont soignés ces patients et c’est médicalement inexplicable », alerte-t-il.

En chirurgie aussi, la chute de l’activité préoccupe. « On voit une baisse de 74 % des appendicites et de 47 % des cholécystites sans aucune explication logique », explique le Pr Yann Parc, président du syndicat des chirurgiens des hôpitaux de Paris. « On espère que ces patients ont trouvé un moyen de se guérir mais pour l’instant, on ne le connaît pas », déclare le praticien de l’hôpital Saint-Antoine. Le constat est le même en cancérologie. « On estime à 5 000 nouveaux cas de cancer du côlon qui n’ont pas été diagnostiqués », poursuit le chirurgien.

« Venez à l’hôpital ! », exhorte Martin Hirsch

Conséquence de cette baisse d’activité « partiellement inexpliquée », l’AP-HP pourrait voir arriver, après l’épidémie, une nouvelle vague de patients. « Il va y avoir deux flux potentiels, anticipe le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise, un premier lié au retard de prise en charge de pathologies chirurgicales et qui va nécessiter des blocs et des salles de surveillance, un second concerne les urgences différées qui vont passer de relatives à absolues ».

Pour essayer de limiter l’ampleur de ces vagues, le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch adresse un message de santé publique aux patients franciliens. « Venez à l’hôpital si vous en avez besoin, nous sommes organisés pour vous accueillir », exhorte-t-il. « Toutes les urgences se sont organisées pour avoir deux circuits séparés, en toutes conditions de sécurité », abonde le Pr Bertrand Godeau.

Outre cette inquiétude relative au renoncement ou report des soins, la direction de l’AP-HP confirme un début de baisse d’activité liée au Covid-19. Le 16 avril, 1 000 lits de réanimation étaient occupés sur l’ensemble des établissements du CHU francilien (contre 1088 le 10 avril). « Les résultats du confinement sont palpables. En médecine, la décélération est extrêmement nette. C’est un signal optimiste », se félicite le Pr Bertrand Godeau.

Enfin, une baisse drastique de la contamination chez les personnels et soignants a été constatée. Sur la dernière semaine, seulement 66 personnes ont été testées positives contre une moyenne de 200 les semaines précédentes. Au total, 3 800 personnels de l’AP-HP ont été contaminés depuis le début de la crise.