Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Les pharmaciens d’officine demandent à pouvoir délivrer des masques à la population

Avril 2020, par Info santé sécu social

Paris, le mercredi 15 avril 2020

Bien que le Président de la République ait annoncé dans son adresse solennelle à la nation que le port du masque pourrait devenir « systématique » notamment dans les transports en commun, les pharmacies d’officine n’ont toujours pas la possibilité de vendre et distribuer des masques chirurgicaux ou FFP2 au public (sans parler des masques alternatifs lavables et réutilisables).

Incompréhension de la population…et des officinaux !
Cette interdiction, liée à la nécessité de réserver au début de la crise les stocks de masques aux professionnels de santé, génère, alors que la doctrine concernant l’utilisation de ces moyens de protection par la population générale a donc considérablement évolué, « une incompréhension majeure, et souvent de l’agressivité, ce qui nécessite de la part des pharmaciens beaucoup de patience, d’explications et de temps » expliquent les deux syndicats représentatifs de la profession, la FSPF (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France) et l’USPO (Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine) ainsi que l’Ordre des pharmaciens, dans une lettre ouverte adressée à Olivier Véran.

Cette incompréhension du public dont témoignent les pharmaciens est exacerbée par le fait que malgré la réglementation et les difficultés d’approvisionnement « certains acteurs vendent ou donnent aujourd’hui des masques chirurgicaux à la population, estimant que la réglementation relative à l’importation de ces produits leur permet de le faire en toute légalité. Un prestataire de soins à domicile en a même fait tout ce week-end une communication télévisuelle à une heure de grande écoute, faisant réagir tous les pharmaciens » notent-ils encore.

Quand c’est flou…
Il règne en effet un véritable flou sur le sujet. Ainsi, par exemple, la région Ile-de-France a annoncé vendredi 10 avril la distribution de 3,6 millions de masques chirurgicaux aux 3 600 pharmacies franciliennes, soit 1000 par officine, destinés à équiper les personnels soignants et le grand public, sur prescription médicale.

Une démarche dont l’esprit est salué par la FSPF, qui remarque cependant qu’elle « va à l’encontre des consignes édictées par les autorités sanitaires. À ce jour, les pharmaciens d’officine ne sont en effet pas autorisés à délivrer des masques aux patients, mais seulement aux professionnels soignants » !

En outre, cette distribution aux soignants est elle-aussi l’objet de confusion. Un pharmacien a ainsi décrit sur Europe 1 : « On nous demande de distribuer des masques aux professionnels de santé mais un jour on a le droit de donner aux aides-soignants, le lendemain on n’a plus le droit. Le surlendemain c’est encore le contraire. Il n’y a qu’un seul mot qui définit cela : c’est le bordel ».
Le temps est venu de distribuer des masques au grand public
Aussi, face à ces incohérences, l’Ordre et les syndicats représentatifs des officinaux demandent donc, désormais, de pouvoir suivre une ligne claire : « Il est grand temps de disposer d’une position univoque pour l’ensemble des entreprises, exprimant clairement les possibilités de vente laissées à chaque professionnel suivant les catégories de masques ». Les organisations insistent en outre : « Dès lors que l’approvisionnement des professionnels de santé de premier recours est garanti, nous demandons de pouvoir assurer une distribution à la population des masques que les officines auront pu se procurer ».

Si la réponse du ministre de la Santé se fait attendre, cette distribution pourrait être rendue possible par les meilleurs chiffres d’approvisionnement dévoilés par Olivier Véran, qui fait état de « 60 millions de masques en provenance de Chine » reçus par semaine et d’une production française portée à huit millions de masques hebdomadaires. Or, les besoins des professionnels de santé (ville et hôpital confondus), sont estimés à 40 millions de masques par semaine, il resterait donc 28 millions de masques pouvant être vendus et délivrés à la population tous les sept jours (selon des modalités qui pourraient être précisées pour que la priorité soit donnée aux sujets les plus à risque ou qu’un quota leur soit réservé).

A ce sujet, le patron de la FSPF assurait sur Europe 1 que la dotation du stock d’état distribuée aux médecins et infirmiers de ville était désormais conforme aux besoins.

Espérons, pour la population, que cette interpellation ne restera pas lettre morte, comme cela avait été le cas lors d’une précédente missive des syndicats au ministre, il y a une dizaine de jours.

X.B.