Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Huff-post - Coronavirus : Philippe loue la résilience des Français pour mieux les préparer aux nouveaux efforts

Avril 2020, par Info santé sécu social

Le Premier ministre a prévenu les Français : le confinement est une réussite, mais la route est encore (très) longue.

Par Anthony Berthelier

Pour Édouard Philippe, la question ne se pose pas : le confinement est une réussite. Dans un exercice pédagogique exceptionnel ce dimanche 19 avril, le deuxième du genre depuis le début de la crise sanitaire, le Premier ministre a présenté les chiffres de l’épidémie de coronavirus en France.

Des données “encourageantes” puisqu’elles montrent notamment une baisse durable du nombre de patients en réanimation. “La situation s’améliore progressivement. Lentement mais sûrement”, a-t-il expliqué. L’occasion pour le chef du gouvernement de tresser des lauriers aux soignants d’abord, et à leur engagement sans relâche. Mais pas uniquement.

Édouard Philippe s’est également lui-même félicité en louant certaines mesures de son gouvernement. Sur le pont aérien avec la Chine par exemple, ou le rapatriement des 160.000 Français de l’étranger souhaitant rentrer en métropole. “Ce que la France a fait a rarement été réalisé par des pays comparables”, s’est-il vanté.

Et tandis qu’il prévoit une crise financière “brutale” et un retour à la vie normale qui n’aurait de “normale” que le nom, c’est à l’esprit de résilience des Français que le chef du gouvernement a voulu rendre hommage.

Des câlins...
Car pour Édouard Philippe, la population s’est pour le moment montrée exemplaire durant le confinement. “Nous avons constaté qu’une grande majorité des Français ont respecté les consignes”, s’est-il réjoui avant d’expliquer les conséquences concrètes de cette réussite. “Le confinement et son respect ont permis de limiter le nombre de malades dans les services (de réanimation, ndlr). Au plus fort de la crise, il y a eu 7.100 lits occupés sur les 10.500 disponibles.”

Graphiques à l’appui, comme il l’avait fait à la fin du mois de mars, le Premier ministre a voulu montrer l’état dans lequel serait le pays face à l’épidémie de covid-19 si le gouvernement n’avait pas décrété le confinement et si les Français ne l’avaient pas respecté.

“Très satisfaisant”, “remarquable”... Le Premier ministre a multiplié les adjectifs mélioratifs pour louer le “très grand civisme des Français”, constatant “une immense diminution du nombre de déplacements” partout en France, aussi bien “vers les commerces, vers les épiceries, vers les stations de transport” que “vers les bureaux”.

Une façon de mieux préparer les esprits à la suite de cette crise sanitaire et économique ? Quoiqu’il en soit, le Premier ministre n’a pas minimisé les difficultés dans laquelle la France allait bientôt se trouver. “L’espoir renaît, mais nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire”, a-t-il lancé au tout début de son discours avant de prédire une “crise économique brutale”, oscillant entre messages de félicitations et avertissement pour le futur.

... et des larmes
Car si Édouard Philippe a longuement félicité les Français, il a également prévenu que l’effort à la suite de cette crise “sans précédent depuis 1945” serait profond et durable. Et ce bien après le confinement. Il faudra avoir “toujours à l’esprit que notre vie à partir du 11 mai ce ne sera pas exactement la vie d’avant le confinement”, a-t-il par exemple prévenu.

Notamment parce qu’aucun vaccin n’est prévu dans l’immédiat et parce que la population n’est pas assez immunisée, le chef du gouvernement a expliqué que les Français devront “apprendre progressivement à organiser leur vie collective avec ce virus”. Le retour à la vie normale ne se fera “probablement pas avant longtemps”, a-t-il ajouté. En d’autres termes, les grandes fêtes, rassemblements et autre embrassades, ce n’est pas pour tout de suite.

Et plus concrètement encore : les vacances estivales à l’étranger sont très fortement compromises.

Restant fort prudent sur les scénarios de l’après 11 mai, et notamment sur la réouverture des écoles, Édouard Philippe a toutefois jugé “pas raisonnable” de prévoir une virée hors des frontières nationales. “Est-ce que l’on peut réserver une maison, une location, une place de camping ou un hôtel au mois de juillet ou au mois d’août en France ou à l’étranger ? Je crains qu’il ne soit pas raisonnable d’imaginer voyager loin à l’étranger très vite”, a-t-il expliqué.

Ce en raison évidemment de la situation sanitaire partout le monde mais également à cause des difficultés économiques traversées par le transport aérien. “Je ne suis pas sûr que le transport aérien pourra reprendre dans de bonnes conditions rapidement”, a-t-il expliqué, alors que le trafic aérien pour les passagers est quasiment paralysé en France.

Car au cas où la population ne l’avait pas encore compris, Édouard Philippe a particulièrement insisté sur les ravages économiques provoqués par le coronavirus. Alors que le PIB devrait reculer de 8% cette année, le chef du gouvernement a martelé que la crise “ne fait que commencer.”

“La production s’est presque arrêtée, la consommation aussi”, a-t-il relevé, estimant que “jamais dans l’histoire du monde tel arrêt aussi massif, aussi brutal, aussi général, n’a été vécu”. La route est encore (très) longue.