Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Les Echos - Coronavirus : les grandes entreprises françaises devraient renoncer à verser plus de 30 milliards d’euros de dividendes

Avril 2020, par Info santé sécu social

Selon une étude publiée par IHS Markit, les dividendes versés par les entreprises du SBF 120 devraient être divisés par deux par rapport à l’année dernière. Ils passeraient d’un niveau record de 64,5 milliards d’euros en 2019 à environ 33 milliards.

Par
Sophie Rolland
Publié le 23 avr. 2020

Entre les problèmes de trésorerie des entreprises liés à crise du Covid-19 et les recommandations du gouvernement ou de l’Afep , les investisseurs ne s’attendent pas à recevoir beaucoup de dividendes cette année. Selon une étude publiée par IHS Markit, les distributions des entreprises du SBF 120 devraient être divisées par deux par rapport à l’année dernière. Plus de 30 milliards d’euros de dividendes seraient ainsi balayés par la crise du coronavirus.

« La distribution de dividendes par les sociétés du SBF 120 devrait passer d’un niveau record de 64,5 milliards d’euros en 2019 à environ 33 milliards en 2020 », estime Clara Besson chez IHS Markit. Rares sont ceux qui, comme Vivendi, ont décidé d’ augmenter leur dividende de 20 % : sur les 120 sociétés de l’indice, 57 ont déjà annoncé des coupes. Et parmi elles, 34 ont purement et simplement suspendu le versement attendu.

Les banques en première ligne

Les institutions financières , d’abord. BNP Paribas, Credit Agricole et Société Générale avaient distribué plus de 7,3 milliards d’euros en 2019. Mais cette année, dissuadées par la BCE et l’EIOPA (autorité européenne des assurances) de verser des dividendes avant, au moins, le 1er octobre, les institutions financières (les trois banques plus Amundi, Natixis, CNP Assurances et Coface) devraient renoncer à environ 9 milliards d’euros de versements. AXA (qui avait distribué 3,2 milliards d’euros en 2019), Peugeot (700 millions en 2019), SCOR (320 millions en 2019) et ArcelorMittal (203 millions en 2019) devraient également suspendre leurs versements, selon IHS Markit.

La baisse des dividendes sera plus violente qu’en 2008

L’appel à la modération du gouvernement a été entendu. Les entreprises dans lesquelles l’Etat est présent comme EDF, Engie et Thales, vont s’abstenir de tout versement supplémentaire cette année.

Dans un souci de sobriété, un certain nombre de fleurons de la cote parisienne comme LVMH (propriétaire du Groupe Les Echos Le Parisien), Carrefour , Hermes, Icade, Suez Environnement, Kering, Orange, Gecina et Veolia ont également accepté de baisser leurs dividendes de l’ordre de 30 %, voire 50 % (chez Carrefour et Veolia). D’autres coupes du même ordre sont attendues par IHS Markit chez L’Oreal, Danone (où le dividende est pour l’instant confirmé), Compagnie de Saint-Gobain (les résultats trimestriels sont publiés ce 23 avril) et Cap Gemini. « Davantage de baisses sont possibles. Elles pourraient notamment concerner le secteur des boissons avec Pernod Ricard et Remy Cointreau. »

Parmi les entreprises durement touchées par la crise, Accor a renoncé le 2 avril à verser 280 millions d’euros de dividendes initialement prévus. Airbus, Safran, Renault ont également annulé les distributions prévues.

Total et Sanofi, principaux payeurs de dividendes
Le plus gros distributeur de dividendes, Total, devrait en revanche réussir à garder son rang et verser, comme prévu, une rétribution trimestrielle de 0,68 euro par action, « malgré la baisse des cours du pétrole ». Le numéro 2, Sanofi, a annoncé un relèvement de son dividende de 3 %

Après la modération, le rebond. Les dividendes atteindraient environ 52 milliards d’euros en 2021, estime IHS Markit. Certains sont déjà dans les starting-blocks. Le conseil d’administration d’Engie a affirmé son « engagement de verser un dividende à l’avenir ». « Nous n’anticipons cependant pas un rattrapage complet des dividendes des banques, qui resteront limités par la BCE, soucieuse de soutenir l’économie par une augmentation des prêts aux entreprises. »

Sophie Rolland