Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Déconfinement : la pression pour Macron, le casse-tête pour Castex

Avril 2020, par Info santé sécu social

Par Alain Auffray — 22 avril 2020

Quand rouvrir les restaurants ? Quelle organisation pour les transports en commun ? Quid du tourisme ? Tandis que la confiance envers le gouvernement diminue, la liste des interrogations grandit. En charge de l’après-11 mai, Jean Castex a présenté 17 « plans d’action » à l’exécutif.

Le compte à rebours est lancé. Dans une dizaine de jours, Edouard Philippe a prévu de rendre public le plan de déconfinement progressif que le gouvernement souhaite mettre en œuvre à partir du 11 mai. D’ici là, il va devoir supporter une pression de plus en plus forte de tous ceux qui s’inquiètent pour leur avenir. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé mercredi que près de 10 millions de salariés, soit plus d’un salarié du privé sur deux, étaient désormais au chômage partiel. Un chiffre « considérable », a pris soin de préciser la ministre. Dans ce contexte, ce sont chaque jour des dizaines de questions et de réclamations qui affluent à Matignon. Des restaurateurs veulent savoir quand et comment ils pourront ouvrir leurs établissements, des responsables de fédération sportive s’inquiètent de la reprise des entraînements, des chefs d’entreprise alertent sur les conséquences catastrophiques de l’arrêt des activités tandis que des organisateurs des spectacles et des professionnels du tourisme se demandent si leur été est définitivement fichu. La liste des angoisses est interminable, tout comme celle des arbitrages qui doivent être rendus.

Cohérence
Très loin de « l’union nationale » que le chef de l’Etat appelle de ses vœux, les oppositions critiquent de plus en plus durement le gouvernement. Après le manque d’anticipation de la menace épidémique, elles jugent trop « floue » la stratégie de déconfinement. Dans ce contexte, la confiance des Français repart à la baisse alors qu’elle avait connu un regain après l’allocution du Président, le 12 mars. Selon un sondage Harris Interactive, 48 % des Français font désormais confiance au gouvernement pour « prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l’épidémie », 10 points de moins en une semaine.

Mercredi, tous les ministres étaient priés de faire remonter jusqu’au bureau du directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, la liste des problèmes identifiés et leurs propositions pour y répondre. Il appartiendra ensuite à Jean Castex, le « Monsieur déconfinement » nommé début avril, d’élaborer une stratégie. Ex-collaborateur de Sarkozy, un temps favori pour remplacer Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur, Castex doit mettre de la cohérence dans l’après-11 mai. Il a proposé une liste de 17 « plans d’action » : de la veille sanitaire à l’accompagnement des plus fragiles, de la réouverture des écoles à la reprise du travail dans les entreprises sans oublier, bien sûr, les doctrines sur les tests et les masques.

« Etre à la hauteur »
Parmi les membres du gouvernement qui ont remis leur copie mercredi, les plus concernés par la stratégie de déconfinement sont, outre le ministre de la Santé, Olivier Véran, ses collègues de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, et des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Parmi les sujets très concrets relevés par ce dernier, on retrouve par exemple la question du port du masque obligatoire dans les transports publics et donc, par conséquent, celle des éventuels contrôles pour le faire respecter. Le secrétaire d’Etat préconise l’installation de gel hydroalcoolique dans les gares, les stations de métro. Il envisage enfin, en concertation avec les organisations syndicales et patronales, un lissage des heures de pointe pour faire en sorte que les métros et les bus ne soient pas bondés deux fois par jour.

L’impressionnante liste des questions en suspens nourrit quelques inquiétudes sur la capacité à y répondre dans les délais fixés par le chef de l’Etat. Selon une source ministérielle, ce dernier serait « dans son rôle » quand il « met la pression » au gouvernement : « Il a fixé un cap, le 11 mai, à nous d’être à la hauteur. »

A l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a refusé de commenter les rumeurs selon lesquelles certains arbitrages seraient déjà rendus, comme la réouverture des restaurants, cafés et bars, le 15 juin, ou encore la limitation au-delà du 11 mai des déplacements interrégionaux. « Rien n’est acté pour la bonne et simple raison que nous sommes aujourd’hui de manière très active aux côtés de Jean Castex, en train de travailler à cette stratégie de déconfinement », a-t-elle assuré.