Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Coronavirus : l’Inde prolonge le confinement

Mai 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Coronavirus : l’Inde prolonge le confinement

Le gouvernement indien a décidé de confiner la population deux semaines supplémentaires, sauf dans les zones jugées sans risque de contamination.

Par Sophie Landrin

Publié le 2 mai 2020

L’Inde a décidé de prolonger le confinement du pays pour deux semaines supplémentaires, jusqu’au 17 mai. La mesure a été divulguée, de manière inhabituelle, vendredi 1er mai, par un simple communiqué du ministère de l’intérieur. Le premier ministre Narendra Modi était personnellement intervenu à la télévision les deux fois précédentes, pour annoncer le début du confinement le 25 mars, puis sa prolongation jusqu’au 3 mai. Les restrictions vont désormais s’appliquer de manière différenciée.

Le gouvernement a divisé le pays en trois zones, rouge, orange et verte en fonction du niveau et des risques de contamination. La plupart des métropoles, comme New Delhi et Bombay, Bangalore, Chennai ont été classées en zone rouge. Environ 400 millions de personnes, soit 33 % de la population indiennes sont concernées. Les restrictions s’y appliqueront de manière très stricte. Les zones vertes ne devront avoir enregistré aucun cas de contamination au cours des 21 derniers jours. Elles retrouveront une activité quasiment normale. Les zones orange seront dans un entre-deux.

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Le gouvernement a maintenu pour tout le pays l’interdiction des déplacements en avion, en train, la fermeture des écoles, restaurants, lieux de culte, salles de spectacle, ou centres commerciaux. En revanche, pour la première fois depuis le 25 mars, les magasins d’alcool sont de nouveau autorisés. Leur fermeture, ainsi que celle les bureaux de tabac, avait entraîné des suicides, des hospitalisations et favorisé l’apparition d’un marché noir.

Chiffres largement sous-estimés
Ce prolongement du confinement intervient alors que l’épidémie en Inde s’est accélérée depuis une semaine. Le pays compte plus de 35 000 cas et enregistre désormais près de 2 000 nouvelles contaminations par jour. Le nombre de morts s’élève à 1 152. Mais pour les experts, ces chiffres sont largement sous-estimés, en raison d’un faible taux de dépistage et de l’éloignement de certaines zones rurales de tout centre de soin. Chaque année en Inde, environ 5 millions de morts ne sont pas enregistrées dans le pays, selon les spécialistes.

Le silence du premier ministre rompt avec sa gestion très personnelle de l’épidémie. Depuis l’apparition du coronavirus, Narendra Modi a pris en charge, seul, la gestion de la crise, ne laissant aucun ministre intervenir. A plusieurs reprises, il s’est adressé aux Indiens pour leur demander leur soutien à travers des gestes symboliques, taper dans des casseroles ou allumer des bougies. A chacune de ses interventions, il s’est autofélicité, assurant que l’Inde est un exemple pour le reste du monde.

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S’il est vrai que le premier ministre a agi vite, décidant du confinement quand l’épidémie n’en était qu’à ses débuts, la brutalité de la mesure a été particulièrement pénalisante pour les travailleurs migrants, plusieurs millions d’Indiens, qui se sont retrouvés, coincés dans les centres urbains, sans travail, sans moyen de subsistance et souvent sans logement. Leur déplacement est désormais autorisé. Plusieurs Etats ont décidé, ces derniers jours, d’organiser des rapatriements dans des trains ou des bus spéciaux. Mais beaucoup restent encore à l’abandon.

Sophie Landrin(New Delhi, correspondante)