Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Coronavirus : pourquoi la carte de France des tests de dépistage est entièrement verte

Mai 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Coronavirus : pourquoi la carte de France des tests de dépistage est entièrement verte

Après avoir tardé à mettre en place sa stratégie, le gouvernement estime être en mesure d’atteindre les 700 000 tests par semaine.

Par Stéphane Foucart

Publié lr 08/05/2020

Aux côtés de celles sur le taux d’occupation des services de réanimation et de la circulation du nouveau coronavirus dans les territoires, c’est la seule carte de France entièrement « verte ».

Selon les données colligées par la direction générale de la santé et présentées, jeudi 7 mai, par le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, tous les départements français disposent des capacités de dépistage du Covid-19 suffisantes pour faire face à une deuxième vague de propagation de la maladie, au rythme où elle est envisagée par les épidémiologistes.

L’objectif annoncé par le gouvernement est de pouvoir réaliser 700 000 tests par semaine sur l’ensemble du territoire – un chiffre qui n’a pas été cité jeudi 7 mai. Cet objectif a été établi par l’anticipation de 3 000 nouveaux cas de Covid-19 chaque jour : en mettant en place une stratégie agressive de dépistage consistant à tester les 20 à 30 personnes ayant été en contact étroit avec le patient, il faut parvenir à tester quotidiennement 60 000 à 90 000 individus, en plus des cas symptomatiques détectés.

Des chiffres encore très loin des données publiées le 7 mai au soir par l’agence Santé publique France (SPF), dans son point épidémiologique hebdomadaire. Selon SPF, environ 75 000 tests virologiques ont été effectués dans les laboratoires hospitaliers, entre le 26 avril et le 3 mai, en baisse par rapport à la mi-avril, du fait de la décrue de la maladie. Cette même semaine, le réseau privé 3 Labos en avait, de son côté, conduit à peine plus de 20 000, également en baisse par rapport à la mi-avril.

Très inférieurs à l’objectif fixé par le gouvernement, ces chiffres sont cependant loin d’être exhaustifs, une part des laboratoires privés ou publics n’étant pas inclus dans ce décompte. Un flou persiste d’ailleurs sur la réalité chiffrée du dépistage en France : le 23 avril, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, annonçait que 175 000 tests étaient effectués par semaine, tandis que le lendemain, Olivier Véran communiquait sur le chiffre de 300 000 tests par semaine.

L’estimation de la capacité de dépistage de chaque département a été longue et singulièrement complexe. Le 16 avril, le ministère de la santé a lancé une plate-forme destinée à recueillir auprès des laboratoires de biologie médicale, publics et privés, l’ensemble des données permettant de visualiser la capacité des territoires à tester – par tests virologiques ou sérologiques – les malades et les « personnes-contacts » : nombre de machines, stock de kits de détection et d’écouvillons, nombre de tests pratiqués chaque jour, taux de tests positifs, etc.

Assouplissements réglementaires
Dans une lettre adressée le 6 mai aux représentants des biologistes médicaux privés, Olivier Véran précise que les coûts de collecte et de transmission de leurs données seront pris en charge par l’Assurance-maladie. Le ministre a également annoncé l’octroi, pendant la durée de la crise sanitaire, d’une « autorisation temporaire » à des « professionnels autres que techniciens de laboratoire à participer à la réalisation des tests RT-PCR », sous l’autorité d’un biologiste médical. D’autres assouplissements réglementaires sont prévus, notamment en termes de sous-traitance et de modalités de prélèvement des échantillons.

Quant au risque de pénurie de consommables (écouvillons, kits, réactifs), il n’a pas disparu. Le gouvernement s’est ainsi engagé auprès des laboratoires de biologie médicale sur une participation active de l’Etat dans la sécurisation des approvisionnements en réactifs. « Depuis plusieurs semaines, écrit le ministre, des contacts ont été pris avec les grands acteurs du secteur pour préserver des volumes conséquents pour le marché français. »

En outre, le gouvernement ne compte pas lâcher la bride aux initiatives de dépistage massif. Selon une note d’instruction transmise le 6 mai par le ministre de la santé aux agences régionales de santé (ARS) et aux préfectures, aucune entorse à la doctrine en matière de dépistage ne sera tolérée. « Les préfets devront signaler à l’ARS toute initiative non conforme, écrit M. Véran, en particulier celles qui consisteraient à pratiquer des tests systématiques en entreprise, dont ils auraient connaissance. »