Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Covid-19 : le JIM lance un appel pour une campagne de prévention à destination des plus âgés et des plus à risque

Mai 2020, par Info santé sécu social

Le Journal International de Médecine (JIM)

Paris, le mercredi 13 mai 2020 –

Tant la dynamique déclinante de l’épidémie que les impératifs sociaux et économiques imposaient un déconfinement progressif. Par ailleurs, les données sur la mortalité de la Covid-19 permettent de pouvoir cibler les mesures de prévention en fonction des profils les plus à risque. Ces derniers sont désormais bien identifiés : un âge élevé (plus de 65 ans), puis l’obésité, le diabète non contrôlé, l’asthme, l’hypertension artérielle et un récent antécédent de cancer constituent les comorbidités les plus fréquemment retrouvées.

Pour ces sujets, il a été rapidement renoncé à un confinement prolongé obligatoire. Les risques médicaux et psychosociaux d’une telle mesure, considérée par beaucoup comme « stigmatisante » ont en effet conduit les pouvoirs publics à écarter un tel projet.

Cette absence de confinement ne doit cependant pas signifier l’absence de mesures spécifiques et d’une information claire dirigée vers ces populations à risque. Or, à l’exception de quelques déclarations ponctuelles, ces dernières semblent pour l’heure négligées dans le processus de déconfinement encadré. Aussi le JIM lance-t-il un appel pour une campagne à destination des plus de 65 ans et des plus à risque.

Cette campagne devrait éviter tous messages stigmatisants, culpabilisants, infantilisants et alarmants. Son objectif serait de donner aux Français concernés (dont le nombre avait été évalué à 17 millions par le président du Conseil scientifique) les clés pour évaluer leur niveau de risque et ainsi pouvoir faire leurs choix de façon éclairée. Le second but de la campagne serait d’insister sur les mesures pouvant être mises en œuvre et pourquoi pas d’aiguiller vers des dispositifs spécifiques.

Bien définir les situations à risque et quantifier le risque
Pédagogique, le message devrait d’abord offrir une définition claire de toutes les situations à risque. A partir de quel âge est-on âgé vis-à-vis du Covid ? Qu’est-ce qu’un diabète non contrôlé ? Qu’est-ce qu’une obésité morbide ?

Parallèlement, pour chaque situation clairement et simplement décrite, le risque associé serait ainsi précisé. En se basant sur des données certifiées, on pourrait ainsi rappeler qu’après 80 ans, le risque de mourir de l’infection par SARS-CoV-2 est douze fois plus élevé que ce qu’il est pour les 50/60 ans (selon une analyse réalisée par des chercheurs de l’université d’Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, en se fondant sur les données anonymisées du National Health Service). Le même type de données devrait être mis en avant par exemple pour l’obésité dont une définition simple devrait être donnée (avec la méthode de calcul de l’IMC).

Cette présentation des risques devrait être facilement appréhendable, en utilisant par exemple des comparaisons ou des représentations mathématiques simplifiées. Les professionnels de santé devraient être associés tant à la rédaction qu’à la diffusion de ces messages et être incités clairement à évoquer le sujet avec chacun de leurs patients concernés.

Répondre aux questions pratiques
Dans un second temps, la campagne devrait rappeler les mesures qui peuvent être prises. Le message ne devrait pas se limiter au rappel essentiel des gestes barrière et du port du masque, mais insister aussi sur l’importance de bien suivre ses traitements habituels. Il pourrait également offrir des éléments de réponses à certaines situations classiques de la vie quotidienne : comment voir mon entourage familial et amical en prenant des risques limités ? Comment poursuivre mon activité professionnelle ? Dois-je envoyer mes enfants à l’école ? Comment consulter mon médecin en toute sécurité ?

Ici le message attendu n’est pas une liste d’interdictions et d’autorisations, mais des recommandations et des conseils, permettant une fois encore à chacun d’agir de façon libre et éclairée. Là aussi, l’implication des médecins est essentielle.

Enfin, cette campagne devrait s’accompagner d’un recensement le plus exhaustif possible de toutes initiatives qui existent pour faciliter le respect par ces sujets fragiles des mesures de protection. D’une part, les dispositifs assurant la continuité des soins, la continuité de l’activité professionnelle et/ou les aides financières (arrêt de travail par exemple) seraient listés. Les démarches doivent pouvoir être réalisées simplement (et pas uniquement grâce à internet !) et les services d’aide et d’écoute identifiés clairement. D’autre part, on pourrait envisager un recensement des lieux accueillant du public (centres médicaux, supermarchés, librairies…) proposant des horaires aménagés pour les plus fragiles ; une incitation des pouvoirs publics vers ces établissements pour mettre en place de tels systèmes serait également pertinente. Il s’agirait enfin d’orienter vers les organisations qui proposent des masques, mais également des soutiens pour réduire le sentiment d’isolement et de solitude.

Cette campagne serait capitale pour assurer à ces personnes particulièrement à risque, mais qui ne doivent pas être exclues du déconfinement, des outils et des informations claires pour une parfaite connaissance de leur risque et sa meilleure maîtrise possible.

La rédaction du JIM