Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Nouvelle vague : pas seulement au cinéma ?

Juin 2020, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 23 juin 2020

Dans son dernier avis consacré à la conservation des données collectées dans le cadre de la crise sanitaire, le Conseil scientifique prévient : « les dernières données dont nous disposons quant à la constitution d’une immunité collective (…) la circulation encore très importante du virus à l’échelle planétaire, et notamment dans l’hémisphère sud qui aborde sa période hivernale et l’expérience des pandémies grippales qui se sont déroulées en deux ou trois vagues avant d’adopter un rythme saisonnier, suggèrent qu’une intensification de la circulation du SARSCoV-2 dans l’hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l’approche de l’hiver) est extrêmement probable ».

Un danger venu d’Amérique du Sud
Sur les ondes de BFM, le virologue et membre du Conseil scientifique, Bruno Lina précise la pensée de ses confrères : « On a regardé ce qui c’était passé avec les pandémies de virus respiratoires dans le passé. Ce que l’on a vu, c’est qu’il se passait systématiquement la même chose, on a une émergence virale qui pouvait se dérouler n’importe quand dans l’année (...) en général, ces virus font un peu le tour de la planète, ce que l’on est en train d’observer avec le coronavirus, et ensuite, il se cale sur une saisonnalité, la saisonnalité hivernale dans les pays tempérés (…). Ce que l’on imagine, c’est qu’il faut prévoir que le virus réapparaisse au moment où vont commencer les frimas, au moment de l’automne ou de l’hiver ».

Ce « danger » d’être confronté à une deuxième vague d’épidémie liée à SARS-CoV-2 en Europe est suspecté « beaucoup plus » en raison de la situation en Amérique du Sud qu’à cause des nouveaux foyers apparus récemment en Chine, avait par ailleurs estimé le Pr Lina devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. « C’est beaucoup plus là que se trouve le danger actuellement » avait-il noté. Aujourd’hui, au Brésil, foyer le plus important de l’épidémie sud-américaine, le nombre de décès s’est stabilisé depuis deux semaines autour de 1000 par jour.

La Corée du sud « fait face à une deuxième vague »
La situation à l’étranger est aujourd’hui contrastée. Si certains pays évoquent une résurgence du nombre de cas, les chiffres ne sont pas facilement comparables et interprétables.

L’Organisation mondiale de la santé, comme depuis le début de l’épidémie, ne cache en tout cas pas son inquiétude. Ainsi, son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus souligne : « Il a fallu plus de trois mois pour que le premier million de cas soient signalés. Le dernier million de cas ont été signalés en seulement huit jours ». Pour lui, cela démontre que la pandémie « continue de s’accélérer ». Néanmoins, parallèlement la courbe du nombre de décès continue à s’infléchir (avec un nombre de décès divisé par près de 2,5 par rapport au 30 avril).
Chaque région du monde présente cependant ses particularités.

En Chine, où quelques dizaines de cas à Pékin ont conduit à de nouvelles restrictions de circulation, la situation suggère « le risque de voir recirculer le virus, même en été » a remarqué Bruno Lina devant l’Assemblée nationale, ce qui peut être également un facteur de rebond à l’automne et en hiver.

En Corée du Sud, l’heure n’est plus aux prédictions : les autorités annoncé ce matin faire face, depuis la mi-mai à « une deuxième vague » avec entre 35 et 50 nouveaux cas répertoriés chaque jour, essentiellement à Séoul et ses environs. Cela représente cependant un nombre quotidien de cas supplémentaires bien inférieur à celui enregistré au plus fort de l’épidémie.

Le pays de 52 millions d’habitants était, en février, le deuxième le plus touché par l’épidémie, après la Chine où la Covid-19 était apparue. Mais les autorités sud-coréennes étaient parvenues à maîtriser la situation grâce à une stratégie très poussée de tests et de traçage des contacts des personnes infectées, sans imposer de confinement généralisé.

Les consignes de distanciation physique avaient cependant été assouplies après les vacances de début mai et le pays avait globalement retrouvé un rythme normal.

A Göttigen
Plus près de nous, la situation en Allemagne pourrait être jugée inquiétante. Un agrégat géant de 1 300 cas a en effet été détecté dans un abattoir.

Aussi l’Institut Robert Koch pour la santé publique estime que l’un des principaux indicateurs vire au rouge : celui du R0 qui atteindrait désormais 2,88 contre 1,06 il y a quelques jours (en France le R0 est estimé à 0, 93). Angela Merkel avait d’ailleurs fixé à 1,3 la cote d’alerte.
En outre, ce matin on apprenait que le pays décidait de réintroduire des mesures de confinement dans l’ensemble du canton de Gütersloh, qui compte 360 000 habitants dans l’ouest du pays.

Mais la compliance des populations pourrait être plus difficile.

Ainsi, à Göttingen, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des habitants d’un immeuble en quarantaine, où 120 personnes sur les 700 habitants ont été testées positives. Elles ont forcé la barrière mise en place pour les empêcher de sortir de chez eux.

Vers un nouveau confinement en France ?
En France, l’attitude qu’adoptera le gouvernement en cas de deuxième vague reste floue.

Ainsi, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique a affirmé devant la commission d’enquête parlementaire qu’un nouveau confinement généralisé ne serait à son sens « ni possible, ni souhaitable », car « il ne serait pas accepté par la population » et aurait des conséquences économiques et sociétales trop lourdes. Il envisage plutôt « un confinement partiel » conseillé aux « populations plus âgées, plus à risque ». Au contraire, le Pr Arnaud Fontanet juge lui qu’il serait très difficile de confiner une seule partie de la population en cas de nouvelle flambée.

D’ailleurs, face à l’accélération de l’épidémie en Guyane le gouvernement a informé dans un communiqué qu’il réexaminait l’hypothèse d’un nouveau confinement…

F.H.