Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération (Check-News) Quel est le bilan chiffré de StopCovid à ce jour ?

Juin 2020, par Info santé sécu social

Question posée le 08/06/2020

Votre question concerne l’application mobile du gouvernement français StopCovid, qui vise à lutter contre l’épidémie. Pour faire simple, lorsque l’application sur votre téléphone détecte un contact prolongé avec un autre appareil doté de StopCovid, il enregistrera un identifiant (sorte de pseudonyme temporaire, généré aléatoirement) qui correspond à l’autre appareil, pour garder la trace de ce contact, et pouvoir vous notifier en cas de contamination de l’autre personne (ou notifier l’autre personne si c’est vous qui êtes contaminé).

Développée par un consortium d’acteurs français, StopCovid a été lancée il y a maintenant trois semaines. Suffisant pour que Cédric O se prête à un « point d’étape » lors d’une conférence de presse, organisée à Bercy.

Le secrétaire d’Etat au Numérique a commencé par rappeler qu’il ne considérait pas l’application comme une solution « magique » mais comme un complément « utile au travail des brigades sanitaires » en permettant de prévenir plus vite les cas contacts et à couvrir des cas de contamination entre personnes qui ne se connaissent pas (comme dans les transports en commun par exemple). Cédric O a également estimé qu’un « tel projet aurait normalement nécessité un temps de développement d’un à deux ans ».

Côté chiffres, l’application a été téléchargée environ 1,9 million de fois sur iPhone et Android, pour 1 816 048 activations (soit le nombre de fois où l’application a été installée puis activée au moins une fois), soit moins de 3% de la population française. StopCovid a par ailleurs été désinstallée 460 000 fois depuis.

Sur la dernière semaine, 190 000 personnes ont activé l’application, mais le rythme des désinstallations a tendance a « significativement augmenté », de l’ordre de « plusieurs dizaines de milliers par jour ». Une tendance que Cédric O pense être liée à la « baisse des craintes liées à l’épidémie » ces dernières semaines.

68 personnes se sont déclarées
Concernant les données sanitaires, le secrétaire d’Etat a indiqué que « 68 personnes ont décidé de se déclarer [atteintes du Covid-19] par QR code dans l’application » : « Ces 68 personnes ont remonté dans le serveur central, un total de 205 autres utilisateurs. Ce qui veut dire que dans les deux jours qui ont précédé leur déclaration, ces 68 personnes ont été en contact avec 205 personnes qui avaient eux aussi l’application. Sur ces 205, 14 ont donné lieu à notifications, car jugés contacts à risque. »

Au total donc, seulement 14 personnes ont donc été notifiées car elles avaient été en contact prolongé et rapproché (quinze minutes à 1 mètre) avec une personne atteinte par la maladie.

Un chiffre qui correspond à une « double réalité », a tenu à préciser Cédric O : « D’abord, celle de la baisse rapide de la prévalence de l’épidémie. Je rappelle par exemple que ne sont testées positives qu’une trentaine de personnes par jour à Paris. Cela correspond aussi à une diffusion de StopCovid limitée. »

« Prêt pour une éventuelle deuxième vague »
Conscient que l’application ne « serait pas présente à 60% dans la population », le secrétaire d’Etat au numérique avait jugé avant même le lancement que « dès les premiers téléchargements, [l’application] évite des malades, des hospitalisés et des morts » devant la commission des lois du Sénat. Lors du point presse d’aujourd’hui, Vittoria Colizza, directrice de recherches à l’Inserm et spécialiste en modélisation des maladies infectieuses, a elle aussi jugé que l’application pouvait être utile en dessous des 60%, et même avec le nombre d’activations constaté aujourd’hui. Elle a également insisté sur le fait que la période actuelle de faible circulation du virus était une situation idéale pour « tester » ce nouvel outil et être « prêt pour une éventuelle deuxième vague ».

Avant le lancement, l’objectif était relativement ambitieux : « Si on a 20% ou 30% des populations des grandes villes, c’est très bien. En termes de gain marginal, c’est non négligeable, c’est même très utile », jugeait alors Cédric O. S’il a aujourd’hui précisé que des sondages de terrain allaient être menés pour connaître le détail de la géographie des téléchargements, le nombre total d’activation suffit pour le moment pour constater que cet objectif n’est pas encore atteint à ce jour.

La direction générale de la Santé a jugé de son côté que l’utilisation de l’application devait « augmenter » pour donner des résultats significatifs au-delà des trois semaines déjà écoulées. Elle a, dans la foulée, présenté le plan spécifique déployé autour de StopCovid en Guyane, où le virus circule encore activement : des SMS ont par exemple été envoyés en fin de semaine dernière à tous les habitants disposant d’un téléphone pour les informer de l’existence de l’application.

Coût
Côté coût, le secrétariat d’Etat au numérique avait fait savoir que les entreprises qui composaient le consortium qui a développé le prototype de l’application travaillaient sur le projet à titre gracieux. Ensuite, pour son fonctionnement, l’application coûte « quelques centaines de milliers d’euros par mois », comme l’avait indiqué le secrétaire d’Etat au Sénat.

Cédric O a donné plus de détails aujourd’hui : l’hébergement et la maintenance coûteront entre 80 000 euros et 120 000 euros par mois de juin à décembre 2020. Des « dépenses complémentaires optionnelles » sont également indiquées : un « appui au support utilisateur » (50 000 euros par mois) ainsi que des « dépenses liées au déploiement » (30 000 euros par mois).