Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : « Nous allons dans la mauvaise direction, et nous y allons à toute vitesse » : aux Etats-Unis, rebond inquiétant de la pandémie

Juin 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : « Nous allons dans la mauvaise direction, et nous y allons à toute vitesse » : aux Etats-Unis, rebond inquiétant de la pandémie

Plus de 38 000 cas ont été détectés mercredi, un record depuis le début de l’épidémie due au coronavirus. Les Etats qui avaient levé le plus tôt les mesures de confinement, principalement républicains, sont les plus touchés.

Par Stéphanie Le Bars

Publié le 25/06/2020

La progression du nouveau coronavirus a connu une accélération spectaculaire ces derniers jours aux Etats-Unis, obligeant certaines régions à réintroduire des mesures de confinement ou de quarantaine. Avec plus de 38 000 nouveaux cas détectés mercredi 24 juin, le pays a connu un record de contaminations inédit depuis le début de la pandémie.

Le nombre moyen de victimes quotidiennes continue d’osciller autour de 700 morts, portant à près de 122 000 le nombre total de décès, selon les chiffres de l’université Johns Hopkins. Une vingtaine d’Etats sont à nouveau touchés par un regain du virus et cinq d’entre eux ont connu des pics dans le nombre d’hospitalisations.

Cette poussée est « préoccupante », a jugé, mardi, Anthony Fauci, l’immunologue membre du groupe d’experts de la Maison Blanche, pour qui « les deux prochaines semaines seront critiques ». La situation sanitaire montre une circulation persistante du virus à travers le pays. Les experts ne parlent toutefois pas de « seconde vague », la première n’ayant pas été endiguée.

Etats républicains touchés
Dans ce contexte, l’image du président américain, qui depuis le début de la pandémie s’est efforcé d’en limiter la portée, se dégrade. Seuls 37 % des Américains jugent que Donald Trump a bien géré la crise sanitaire, le chiffre le plus bas depuis mars, selon un sondage Ipsos pour Reuters, publié mercredi. Devant les gouverneurs républicains, le vice-président, Mike Pence a lui défendu « des signes encourageants », soulignant notamment un taux de mortalité qui « n’augmente pas ». Nombre de ces élus viennent des Etats du Sud particulièrement touchés par le rebond.

Alors que les phases de réouvertures ont fortement varié d’un Etat à l’autre, la hausse des contaminations touche en effet désormais les Etats, principalement républicains, qui ont levé les mesures de confinement le plus tôt, après des périodes de restrictions courtes ou allégées. C’est le cas du Texas ou de la Floride, qui s’étaient montrés réticents à suivre les conseils de prudence des autorités sanitaires. Semblant préservés dans un premier temps, ils ont enregistré plus de 5 000 nouveaux cas mercredi, de même qu’une hausse des hospitalisations.

Le maire démocrate de Houston (Texas), où les services de soins intensifs sont désormais au bord de l’asphyxie, a fait part de son inquiétude. « J’ai l’impression que nous allons dans la mauvaise direction, et nous y allons à toute vitesse », a déclaré Sylvester Turner. Mercredi, le gouverneur républicain Greg Abbott a à son tour demandé aux Texans de rester chez eux s’ils le peuvent.

Face à la situation alarmante en Floride, le gouverneur Ron DeSantis, farouche partisan de M. Trump, a même pris le contre-pied du président américain, en reconnaissant que l’augmentation du volume de tests de dépistage ne pouvait pas expliquer à elle seule le pic d’infections. Dans une déclaration controversée, M. Trump avait affirmé samedi lors d’un meeting avoir demandé à son administration de limiter le nombre de tests afin de comptabiliser moins de cas.

Plusieurs Etats, démocrates et républicains, viennent par ailleurs de rendre obligatoire le port du masque en public, ce que recommandent les autorités sanitaires depuis des semaines. Mais ce geste a pris une tournure politique depuis que le président américain a affiché son refus de porter cette protection, incitant ses partisans à faire de même ; on l’a vu lors des deux meetings qu’il a tenus ces derniers jours dans l’Oklahoma et dans l’Arizona, deux Etats pourtant particulièrement frappés par une résurgence de l’épidémie.

Comportements à risques
La Californie, qui avait été le premier Etat à prendre des mesures de confinement mi-mars, a aussi connu, mercredi, un nouveau record pour le troisième jour consécutif avec plus de 7 100 nouveaux cas recensés. « Nous ne pouvons pas continuer comme nous l’avons fait ces dernières semaines », a averti le gouverneur démocrate, Gavin Newsom, déplorant les comportements à risque de ses concitoyens. Depuis la réouverture des bars, des plages et des lieux de loisirs, le nombre de jeunes infectés est en hausse à travers le pays.

Ailleurs, les élus reviennent sur leurs décisions d’ouvrir les commerces et les restaurants. C’est le cas de la Caroline du Nord, où les réouvertures sont repoussées de trois semaines ; de l’Idaho où les bars ont de nouveau été fermés et où les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits après avoir été autorisés. Quant aux bars du Maine, ils ne pourront finalement pas servir les clients en intérieur à partir de la semaine prochaine. Cet Etat du nord-est est l’un des rares qui a maintenu une quarantaine obligatoire pour tous les visiteurs arrivant sur son territoire.

A New York, le coronavirus a eu raison du Gem Spak (où le marathon de novembre a été annulé) et ses voisins du Connecticut et du New Jersey ont à leur tour imposé une quarantaine aux voyageurs venant de l’Etat de Washington (démocrate) et de huit Etats républicains du Sud, dont la Floride. Un renversement de situation, qui souligne le difficile endiguement de la maladie : le gouverneur de Floride avait, au début de l’épidémie, désigné les New Yorkais personnæ non gratæ dans le Sunshine State.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu mercredi qu’en l’absence de maîtrise de l’épidémie aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, de nouvelles mesures de confinement général pourraient se révéler nécessaires.