Politique santé sécu social de l’exécutif

JIM - Ségur : le gouvernement forcé de jouer les prolongations

Juillet 2020, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 3 juillet 2020 -

Le « Ségur de la santé », qui devait présenter ses conclusions aujourd’hui, sera finalement prolongé faute d’accord. Ainsi, la réunion de clôture qui devait se tenir aujourd’hui a été reportée sine die, sans doute aussi pour cause de démission du gouvernement et de changement de premier ministre !

Même avec une rallonge, c’est non !
Sans surprise, c’est sur les questions des revalorisations salariales que les discussions ont achoppé.

Aussi, au terme d’une journée marathon de négociations qui s’est terminée jeudi à 1 h du matin, le gouvernement proposait de nouvelles enveloppes censées emporter la partie. Pour les personnels non médicaux, 400 millions d’euros supplémentaires pour un total de 6,4 milliards d’euros, pour les médecins, 100 millions d’euros supplémentaires soit une somme globale de 400 millions d’euros.

Malgré ces suppléments, « aucune des organisations de salariés » n’est disposée à « signer » les propositions du ministère, assure une source syndicale à l’AFP. Mais la situation pourrait changer si « un socle » de revalorisation « à 250 euros net » était acté, ajoute-t-elle.

Pourtant, Olivier Véran soulignait jeudi que son offre était « considérable » et représentait « 40 fois plus que les revalorisations annuelles des salaires à l’hôpital opérées par le précédent gouvernement ». Un enthousiasme loin d’être partagé. La CGT explique ainsi : « les différentes propositions du gouvernement sont pour la plupart inacceptables et ne sont pas à la hauteur des légitimes attentes des agents et salariés ». « Malgré l’annonce d’une enveloppe supplémentaire de 400 millions d’euros, la revendication de 300 euros pour tous n’est clairement pas envisageable en l’état » calcule, de son côté, Force Ouvrière.

Même les plus modérés, à l’instar du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, plaide pour des montants plus importants : « Si on veut une vraie politique d’augmentation des rémunérations, pour rattraper tout le retard accumulé depuis des années, il faut 8 milliards », juge-t-il.

En outre, les représentants des personnels ne veulent pas de la répartition des 6,4 milliards d’euros proposés : un tiers pour des mesures salariales immédiates, un tiers pour une revalorisation ciblée sur les métiers en tension et un tiers pour une prime d’intéressement décidée par les établissements. C’est en particulier ce dernier tiers qui fait débat : « l’intéressement, c’est trop aléatoire » jugent les syndicats à l’unisson, malgré la promesse d’Olivier Véran d’établir des « critères nationaux ».

Enfin, les syndicats demandent que les nouveaux budgets soient exclusivement réservés au secteur public, et qu’en soit exclu le privé.

Reste que le ministère prévient, comme un chantage : sans accord, aucune augmentation ne peut avoir lieu.

Xavier Bataille