Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Coronavirus : des pays de la première vague voient le rebond arriver

Août 2020, par Info santé sécu social

Par Anaïs Moran — 28 juillet 2020

Test, quatorzaine, restriction des rassemblements et des réunions familiales, port du masque obligatoire, limitation des déplacements : craignant une seconde lame tout aussi incontrôlable que la première, de nombreux pays multiplient les mesures pour tenter de contenir l’épidémie.

Le chiffre donne le tournis : 16 514 500 cas de Covid-19 ont été officiellement diagnostiqués dans le monde depuis le début de l’épidémie. Si tous les regards sont actuellement tournés vers le continent américain, abondant de situations alarmantes aux Etats-Unis, aux Caraïbes et en Amérique latine, les pays de la « première vague » constatent, eux, une nouvelle intensification de la circulation du virus, avec l’angoisse d’une seconde vague. Quelles politiques adoptent-ils face à cette reprise dangereuse ? Quelles sont les options mises sur la table, outre le reconfinement localisé ? Liste non exhaustive des mesures sanitaires qui s’empilent à mesure que le rebond grossit.

Durcir les politiques de circulation
Paniqués par la recrudescence épidémique sur le continent, les pays européens sont de plus en plus nombreux à revoir leur politique sanitaire aux frontières. A commencer par la France, qui vient de mettre en place un dépistage systématique pour les voyageurs en provenance de seize pays particulièrement touchés par le virus – la Serbie étant le seul pays européen visé par la mesure.

En Allemagne, le ministre de la Santé a également exprimé son souhait d’imposer ces tests pour les passagers revenant de « régions à risque » et ainsi « d’éviter d’enclencher de nouvelles chaînes de contamination ». L’annonce a été faite lundi et entend répondre aux préoccupations des autorités allemandes : là-bas aussi, la moyenne des nouvelles infections quotidiennes remonte, avec désormais 550 cas en moyenne contre 350 à la mi-juillet. « Il y a des raisons de s’inquiéter », a reconnu le chef de la chancellerie, Helge Braun.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ne dit pas autre chose pour justifier sa toute nouvelle politique envers l’Espagne : depuis dimanche, tous les voyageurs en revenant doivent respecter une quatorzaine obligatoire, sous peine d’une amende de 1 000 livres. « Si nous observons des signes d’une seconde vague dans d’autres pays, c’est notre devoir de prendre des mesures rapides et décisives pour empêcher les voyageurs [...] de répandre la maladie ici », a affirmé le Premier ministre. Provoquant la colère de son homologue espagnol, Pedro Sánchez, qui a rétorqué que les Baléares, les Canaries et l’Andalousie étaient « des destinations aussi sûres, en termes épidémiologiques, que le Royaume-Uni » et la surprise de son propre ministre des Transports (en vacances en Espagne au moment de l’annonce, cocasse).

Restreindre les rassemblements
Dans ce domaine, la Belgique va sans doute devenir l’un des pays les plus restrictifs (avec Hongkong, qui veut interdire les rassemblements public de plus de deux individus). A partir de ce mercredi et pour les quatre prochaines semaines, les Belges vont voir leur « bulle de contact » (groupe social fréquenté de manière régulière et rapprochée, en plus de sa propre famille) baisser de 15 à 5 personnes. Les événements publics seront limités à 100 personnes à l’intérieur, contre deux fois plus jusqu’alors, et 200 personnes à l’extérieur. Quant aux rassemblements privés (anniversaires, réunions de famille, fêtes de mariage…), ils seront restreints à 10 personnes.

People sit close to each other on a bench at a park, during a national security council discussion on new restrictive measures after a spike of the coronavirus disease (COVID-19) infections in Brussels, Belgium July 27, 2020. REUTERS/Francois LenoirDans un parc de Bruxelles, le 27 juillet. Photo François Lenoir. Reuters

Par ailleurs, les habitants sont désormais invités à faire leurs courses seuls et à les limiter à trente minutes. « Les données épidémiologiques sont préoccupantes », a déclaré lundi la Première ministre, Sophie Wilmès. « Toutes ces mesures sont faites pour éviter un reconfinement généralisé et éviter de mettre en danger la rentrée de septembre », a-t-elle complété. Traumatisée par la « première vague » (avec un nombre impressionnant de 9 821 décès depuis le début de l’épidémie, soit 85 décès pour 100 000 habitants), la Belgique enregistre une hausse inquiétante : selon les dernières données de Sciensano, l’Institut national de santé publique, 1 952 cas ont été diagnostiqués entre le 17 et le 23 juillet, soit une augmentation de 70% par rapport à la semaine précédente où 1 142 cas positifs ont été recensés. La province d’Anvers, particulièrement touchée, devrait faire l’objet d’un couvre-feu.

Les masques, encore les masques
Depuis que l’OMS a officiellement « reconnu » un risque important de transmission par les aérosols (et non uniquement par les gouttelettes), bon nombre de pays se sont mis à prendre le sujet à bras-le-corps et reconsidérer le port du masque en intérieur. Dernier en date : la Grèce, qui a fait savoir ce mardi qu’elle le rendait obligatoire dans les banques, les services publics et la quasi-totalité des lieux clos, face à une « augmentation du nombre de cas » ces derniers jours. « Il n’y a pas de raison de paniquer mais nous ne devons pas baisser la garde », a déclaré le ministre de la Protection civile, Nikos Hardalias, ajoutant tout de même que « l’image épidémiologique du pays est en meilleure forme que celle de beaucoup d’autres ». En Angleterre, l’obligation du masque dans les magasins est entrée en vigueur vendredi, comme en Autriche, qui a étendu son port aux banques et aux centres médicaux.

A partir de mercredi, les Hongkongais seront tenus d’utiliser le masque à l’extérieur ; il était jusqu’alors uniquement obligatoire dans les transports et les lieux publics fermés. Matthew Cheung, adjoint de la cheffe du gouvernement Carrie Lam, parle d’un rebond « extraordinairement grave ».

Moins de déplacements intérieurs
C’est le cas au Maroc, par exemple, qui interdit jusqu’à nouvel ordre les mobilités « de et vers » huit grandes villes du pays – à savoir Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech. A quelques jours de l’Aïd al-Adha, fête généralement célébrée en famille et donc à fort potentiel de clusters, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, s’inquiète d’une augmentation « considérable » des cas de Covid-19 sur le territoire. Il s’est montré ferme ce lundi en conférence presse, bien conscient de la réticence des citoyens à cette nouvelle restriction, tout juste remis du confinement drastique des mois derniers : « Nous n’avons pas le choix. La situation épidémiologique au Maroc est inquiétante, avec une hausse du nombre de décès et des cas graves. » Selon les chiffres officiels, le pays a enregistré 3 651 nouvelles contaminations entre le 20 et le 27 juillet, avec un pic record de 811 cas quotidien samedi.

Autre exemple au Vietnam, où la mesure est tout de même moins restrictive car limitée géographiquement : le ministère des Transports vient d’annoncer la suspension des vols intérieurs, mais aussi l’arrêt des bus, des bateaux et des autres moyens de locomotion vers la ville côtière de Da Nang, après la confirmation de douze tests positifs lundi par les autorités. Cela faisait presque 100 jours que le pays n’avait pas recensé de nouveaux cas. Déconfiné depuis fin avril, le Vietnam (qui dénombre 453 personnes contaminées depuis le début de la crise) est toujours fermé aux touristes étrangers.

Anaïs Moran