Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Covid-19 : l’OMS valide l’utilisation des corticoïdes

Septembre 2020, par Info santé sécu social

Par Nathalie Raulin — 3 septembre 2020

Une méta-analyse coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé estime qu’un traitement par corticoïdes diminue de 21% les risques de mortalité des cas graves. En pratique, l’hôpital administre déjà largement ces médicaments aux patients Covid.

Les corticoïdes contribuent à améliorer le pronostic vital des patients gravement touché par le Covid-19. Alors qu’aux prémices de l’épidémie elle déconseillait formellement de les utiliser, l’Organisation mondiale de la santé change de pied. En appui de la publication, mercredi dans le Journal of the American Medical Association, d’une méta-analyse regroupant sept études internationales qu’elle a coordonnées avec l’Université de Bristol, l’agence sanitaire reconnaît désormais officiellement l’intérêt de cette piste thérapeutique.

Les conclusions des chercheurs ont levé les doutes : pris collectivement, les résultats de leurs travaux montrent qu’un traitement par corticoïdes diminuerait de 21% le risque de mortalité des formes sévères de Covid-19.

L’analyse compile les données de 1 703 patients sévères provenant de douze pays qui ont reçu, par tirage au sort, soit les soins standards, soit un placebo associé aux soins standards, soit un corticoïde (dexaméthasone, hydrocortisone ou méthylprednisolone). Elle conclut que le taux de survie avoisine 68% après un traitement aux corticoïdes, contre environ 60% en l’absence de ces molécules. Aucun médicament n’ayant à ce jour démontré une efficacité significative contre le Covid, le progrès est réel.

« La science confirme le bon sens »
Le changement de pied de l’OMS doit beaucoup aux Anglais. Le 17 juillet, la publication des résultats d’une partie du vaste essai britannique randomisé Recovery avait jeté un pavé dans la mare. Selon ses auteurs, un traitement par dexaméthasone, un corticoïde de synthèse, diminuait d’environ 11% la mortalité à quatre semaines chez les patients hospitalisés pour un Covid-19, par rapport au traitement usuel. Ce bénéfice ne concernait toutefois que les patients recevant de l’oxygène et était plus important chez les patients sous ventilation mécanique, dont la mortalité relative diminuait de près de 30%. De quoi inciter l’OMS à étendre et pousser l’analyse.

Pour les hospitaliers toutefois, rien de neuf sous le soleil. « La science confirme le bon sens, c’est une bonne nouvelle », se félicite le professeur Eric Caumes, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. C’est que les praticiens n’ont pas attendu les conclusions des chercheurs pour administrer des corticoïdes à leurs patients sévères. « Dès la fin mars, on avait compris que l’essentiel des dégâts était lié à l’orage de cytokines, donc à un emballement du système immunitaire fortement inflammatoire, explique l’infectiologue. Quel traitement avons-nous contre les réactions inflammatoires ? Les corticoïdes. On a tous fait de la prescription sauvage. Nos seules questions portaient sur les meilleures modalités d’administration et les dosages. »

Nathalie Raulin