Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Confinement : petit à petit, Macron assouplit

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Par Lilian Alemagna — 23 novembre 2020

Lever progressivement les restrictions tout en contenant l’épidémie : le plan en trois étapes que doit annoncer le Président ce mardi soir tient sur une ligne de crête. Les petits commerces devraient être les premiers délivrés.

C’est un des rares aveux d’échec de l’exécutif dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19. Devant les députés, Jean Castex a admis, la semaine dernière, que « peut-être, effectivement », le gouvernement avait « déconfiné un peu trop » à l’issue de la première vague. Venant de l’ex- « monsieur déconfinement » choisi pour cela par Edouard Philippe en mai avant d’être appelé à Matignon, la phrase pèse un certain poids.

Ce mardi soir depuis l’Elysée, Emmanuel Macron devrait donc bannir le mot de « déconfinement » de sa nouvelle allocution, comme il a disparu depuis quelques jours de la bouche des dirigeants de la majorité. L’expression consacrée par l’Elysée est celle d’un « confinement allégé ». D’un desserrement progressif des contraintes reposées fin octobre pour endiguer la nouvelle flambée épidémique qui a touché toute l’Europe. Accusé par les oppositions de ne pas avoir su « anticiper » et éviter aux Français un « nouveau confinement », certes plus léger mais qui frappe durement l’économie, l’exécutif ne veut pas soulever trop rapidement le couvercle et relancer les contaminations alors que les indicateurs repassent peu à peu au vert.

Secteur sinistré
Jean Castex et le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ont déjà bien balisé la parole présidentielle. « Les assouplissements du confinement se feront en trois temps », a déjà confirmé le second dans le Journal du dimanche. Lors d’un déplacement samedi à Dijon, le Premier ministre a, lui, confirmé une ouverture de tous les commerces « autour du 1er décembre ». A Macron d’annoncer la bonne nouvelle de la date précise : une levée des restrictions dès samedi laisserait ainsi aux commerçants quatre week-ends de vente avant Noël. Pas du luxe pour un secteur sinistré à l’approche des fêtes. Par ailleurs, c’est aussi en décembre que les plus jeunes pourront reprendre leurs activités sportives.

Mais comme l’avait laissé entendre Castex en conférence de presse il y a deux semaines, les restrictions de circulation ne devraient, elles, pas être levées avant la mi-décembre. « Le confinement va se poursuivre et donc la limitation des déplacements aussi », a prévenu Attal. « On n’aura pas un Noël comme les autres », répète un ministre selon qui l’exécutif va insister sur le « civisme » des Français pour éviter les grandes tablées familiales les 24 et 25 décembre. Il faudra d’ailleurs voir si l’objectif fixé par le chef de l’Etat, dans son allocution fin octobre, d’une levée du confinement à 5 000 contaminations par jour sera effectivement atteint à ces dates-là. Dans une interview au Monde en fin de semaine dernière, le professeur Jean-François Delfraissy en doute. Le président du Conseil scientifique table sur un tel seuil « plutôt après Noël, voire début janvier ». Pas un petit sujet : ce n’est qu’en baissant le nombre de contaminations que la stratégie « tester, tracer, isoler », sur laquelle mise toujours l’exécutif pour éviter une autre vague, peut être efficace (lire ci-contre). « Et c’est la seule que nous ayons en attendant l’arrivée d’un vaccin », ajoute ce même ministre.

Le troisième palier de ce déconfinement qui ne dit plus son nom n’arrivera pas avant les premières semaines de 2021. Selon la situation sanitaire, ce sera au tour des bars, des restaurants, voire des salles de spectacles et de cinéma de pouvoir ouvrir leurs portes. Le public pourrait aussi faire son retour dans les stades et les salles de sport.

« Absence d’agilité »
Au sein du gouvernement, on assure avoir, cette fois-ci, bien calibré cette sortie en petits pas. Il y a six mois, trop occupé à gérer la crise sanitaire au quotidien, Edouard Philippe était allé chercher Jean Castex pour préparer, avec une petite équipe, ce premier « déconfinement ». Cette fois-ci, Matignon n’aurait pas eu la « nécessité », selon l’entourage de Castex, de s’appuyer sur le travail d’« une nouvelle structure ad hoc ». Dans son rapport tirant un premier bilan de la « gestion de crise sanitaire » remis au Premier ministre en juin, l’ancien patron de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey, louait l’« efficacité remarquable » de l’équipe Castex, qui avait « permis d’obtenir rapidement une approche interministérielle à 360° avec des propositions concrètes », mais critiquait du même coup « l’absence d’agilité du dispositif interministériel classique ». La raison : des « approches patrimoniales concurrentes entre ministères, entre responsables et entre directions ». Formule polie pour dire que les ministères bossaient trop dans leur coin et s’épiaient plus que ne s’aidaient.

Depuis, l’exécutif a tenté d’ajuster ce fonctionnement. Pour ce déconfinement, la cellule interministérielle de crise (CIC), sous l’autorité du Premier ministre et présidée par le préfet Renaud Vedel - ancien directeur adjoint de cabinet de Manuel Valls à Matignon - est censée, en accord avec le centre de crise du ministère de la Santé, piloter les étapes. Ces structures doivent notamment s’appuyer sur les expertises du Conseil scientifique ou de la Haute Autorité de santé. Un travail préparatoire validé ensuite en Conseil de défense. Soit le président de la République.