Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération -Covid-19 Le gouvernement droit dans ses bottes malgré des variants de plus en plus présents

Février 2021, par Info santé sécu social

Olivier Véran a maintenu, lors d’une conférence de presse jeudi soir, la position défendue par l’exécutif depuis le début de l’année : éviter à tout prix un reconfinement

par Laure Bretton et Anaïs Moran
publié le 11 février 2021

« Nous ne faisons pas de pari sur l’avenir, mais nous constatons que nous avons déjà gagné du temps. » Seul en scène ce jeudi lors de la conférence hebdomadaire, le ministre de la Santé s’est montré serein et satisfait de la « stratégie » gouvernementale face à la situation épidémique actuelle du pays. « Comme toujours nous prendrons nos responsabilités pour protéger les Français au moment où cela deviendrait nécessaire. Si nous devions constater une croissance exponentielle des contaminations et un risque avéré de saturation de nos hôpitaux. Ce n’est pour l’heure pas le cas », a complété Olivier Véran.

Voilà l’option retenue depuis quelques jours par le gouvernement, qui ne craint pas de prendre le contre-pied d’une grande partie de la communauté scientifique. Épidémiologistes, médecins, syndicalistes réclament un reconfinement plus ou moins strict face aux dangers des variants du Covid ? « Niet », répondent en chœur Jean Castex, Olivier Véran ou Gabriel Attal, piochant dans les derniers chiffres de l’épidémie ceux qui confortent la décision présidentielle de donner sa chance au couvre-feu et de ne pas mettre le pays de nouveau à l’arrêt. Le pari sanitaire et politique est énorme mais les messages au sommet de l’Etat sont clairs. On parle désormais de « libertés » à retrouver, d’équilibre entre économie et vie sociale et de « plateau épidémique ». Pas encore les « jours heureux » imprudemment promis par Emmanuel Macron au sortir du premier confinement mais une esquisse de « nouveau matin français » ?

« Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement […] il n’est pas large mais il existe », a bétonné le porte-parole du gouvernement au sortir du conseil des ministres mercredi. « A ce jour, l’équilibre entre les différents paramètres nous conduit à être très vigilants mais à continuer sur la ligne qui est la nôtre », a martelé de son côté le Premier ministre lors d’un déplacement en région parisienne. Évidemment, toute déclaration est assortie d’un codicille de taille et précédée d’un « si » évocateur : « Les prochaines semaines nous diront si cela [nos mesures] a suffi ou si nous devons nous résigner à prendre des mesures complémentaires de type comme le confinement », a redit Olivier Véran devant son pupitre ce jeudi.

Trop tôt pour se réjouir
Les données sanitaires sont en équilibre sur un fil depuis des semaines. La moyenne des 20 000 nouveaux cas positifs quotidiens est comme figée. Ces derniers jours, une très légère baisse (de quelques centaines de contamination) semble s’être amorcée, même s’il est trop tôt pour confirmer une réelle tendance. Même schéma pour le nombre d’hospitalisations : si les admissions quotidiennes sont un tout petit peu moins nombreuses depuis le début de la semaine (en passant sous la barre des 1 600 en moyenne par jour), cette courbe descendante est bien trop récente pour en conclure de bonnes nouvelles. Surtout, du côté de la réanimation, les entrées sont toujours aussi stables depuis deux semaines (autour des 260 nouvelles admissions en moyenne par jour). Un chiffre qui n’explose pas, mais qui est déjà trop élevé pour les services hospitaliers et les soignants, en première ligne face aux décès et plus que soucieux de voir les variants achever leur système de santé.

Car pour la communauté scientifique et médicale, il est toujours aussi clair que le variant britannique finira par prendre le dessus. « On se rend compte qu’il y a effectivement un certain freinage à l’introduction de ce virus, même si inexorablement il deviendra majoritaire […] Ce sera probablement quelque part entre le 1er et le 15 mars », a averti le virologue Bruno Lina, mercredi sur France Inter, faisant écho aux prévisions annoncées dès la mi-janvier par une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Début janvier, le variant anglais représentait 3,3 % des cas positifs diagnostiqués sur le territoire. Au 27 janvier, selon les données provisoires établies par la seconde enquête Flash, près de 14 % des cas étaient « suspects » à l’un des trois variants (principalement britannique). Une progression qui ne fait que s’accroître.