Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Mesures sanitaires : l’exécutif se fait jauge

Avril 2021, par Info santé sécu social

Le Premier ministre et le ministre de l’Education ont détaillé jeudi les premières étapes d’un retour « prudent » à une « vie normale ». La réouverture des écoles ne devrait pas être repoussée et la limite des 10 kilomètres devrait disparaître le 3 mai.

publié le 22 avril 2021

D’abord les écoles. Pour le reste, on verra. De retour derrière son pupitre et devant son fond blanc de la salle de presse du ministère de la Santé, Jean Castex a détaillé, jeudi, en conférence de presse, les premières étapes du retour « progressif » et « prudent » vers ce retour à « une vie plus normale » promis par le gouvernement, au départ, pour la mi-avril et qui interviendra donc début mai. « Le pic de la troisième vague semble […] derrière nous », s’est félicité le Premier ministre, demandant toutefois aux Français de « rester très vigilants » de « ne rien lâcher […] au risque de tout compromettre ». Crèches, écoles, collèges et lycées reprendront bien aux dates prévues. Le 3 mai, il en sera fini de l’attestation et ses « motifs impérieux » pour faire plus de dix kilomètres autour de chez soi. Mais pas du couvre-feu, « maintenu jusqu’à nouvel ordre ». La suite est encore très floue. Le Premier ministre a confirmé, « sous réserve de l’évolution sanitaire », qu’un « nouveau train » de réouvertures (commerces, lieux culturels…), éventuellement « mi-mai », sera annoncé, « sur une base territorialisée », dans les « prochains jours ».

Comment les écoles vont-elles rouvrir ?
Comme prévu, les élèves de maternelle et d’élémentaire reprendront le chemin de l’école lundi, quand les collégiens et lycéens repartiront pour une semaine de cours à distance. A partir du 3 mai, tous les lycées repasseront en fonctionnement hybride : seule la moitié des élèves d’un établissement pourra être accueillie simultanément, l’autre devant suivre les cours à la maison. Charge à chaque lycée d’organiser cette « demi-jauge » à sa guise. Dans les quinze départements où le virus circule le plus activement, les élèves de quatrième et de troisième suivront le même fonctionnement. Comme avant les vacances, un cas de Covid détecté dans une classe entraînera sa fermeture.

Le gouvernement entend par ailleurs monter en puissance sur la question des tests. Salivaires, d’une part, chez les moins de 15 ans : l’objectif est d’en proposer 600 000 par semaine d’ici à la mi-mai, contre 250 000 fin mars, en ciblant en priorité les zones de circulation active du virus. Les autotests, ensuite : « 50 millions seront déployés » dans les établissements scolaires en mai et juin, a affirmé le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Les professionnels en auront deux par semaine, à réaliser à domicile, à partir de la semaine prochaine. Les lycéens d’au moins 15 ans seront formés à la pratique à partir du 3 mai et pourront se tester « dans des lieux dédiés dans les lycées à partir du10 mai », à raison d’un test par semaine, a indiqué le ministre. Si la Haute Autorité de santé (HAS) se prononce en faveur des autotests chez les moins de 15 ans, ils seront également proposés aux collégiens. Le ministre a par ailleurs recommandé d’aérer les salles de classe « toutes les heures » et « encouragé » les collectivités à s’équiper de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air. Enfin, « le brevet est maintenu en tant que tel », a-t-il poursuivi, de même que l’épreuve de philo et le grand oral du bac – la nouveauté de cette année –, toujours prévus en juin.

Le gouvernement va-t-il trop vite ?

« Une baisse réelle de la situation virale », une « décrue », un « pic [qui] semble derrière nous », a insisté Castex mais des chiffres vertigineux : 30 000 nouvelles contaminations par jour, 6 000 patients Covid hospitalisés en réanimation… On est loin – très loin – du seuil fixé par le gouvernement fin 2020 pour la levée des restrictions lors du second confinement : moins de 5 000 nouvelles contaminations par jour et entre 2 500 et 3 000 malades en « réa ». Pour cause de variant anglais plus résistant, la « baisse [est] deux fois moins rapide que lors […] du mois de novembre », a même souligné le Premier ministre jeudi. « Lucide », Castex a donc insisté sur la campagne de vaccination qui doit permettre de casser définitivement la courbe des contaminations et sur les contrôles stricts aux frontières de personnes provenant de zones géographiques touchées par d’autres souches encore plus menaçantes (Amérique du Sud, Afrique du Sud et Inde). D’ici à la fin de la semaine, le gouvernement prévoit d’atteindre la barre des 14 millions de personnes ayant reçu une première dose, soit « un quart de la population adulte », a précisé Castex. « Nous sommes sur le bon chemin », a-t-il tenté de rassurer, insistant sur la nécessité, pour atteindre à l’été 30 millions de personnes ayant reçu une première injection, d’« utilis [er] tous les vaccins à notre disposition ». Y compris l’AstraZeneca, délaissé dans certains vaccinodromes. « J’ai 55 ans et je me suis vacciné avec l’AstraZeneca », a rappelé Castex.

Quand les commerces vont-ils rouvrir ?
L’emploi du conditionnel résume l’incertitude. « Les commerces, certaines activités sportives et culturelles et les terrasses pourraient ouvrir à la mi-mai si la situation le permet et sous réserve de certaines conditions qui pourraient être territorialisées », a indiqué le Premier ministre ce jeudi. De quoi laisser perplexe bon nombre de représentants des commerçants dits « non essentiels » et les restaurateurs. « Ce n’est pas la même chose d’ouvrir une terrasse avec ou sans le couvre-feu. Le ticket moyen par client est plus important le soir que le matin », indique Jacques Mestre propriétaire d’un restaurant à La Grande Motte (Hérault) et président de l’Union des métiers de l’hôtellerie (Umih) en Occitanie. Quid enfin des bars et restaurants dépourvus de terrasse ou qui disposent d’un espace réduit à l’extérieur ? « Avec ce régime je n’ouvrirai que deux de mes cinq restaurants », précise Xavier Denamur, qui en exploite plusieurs à Paris. Dans le commerce de vêtements, l’inquiétude demeure : « Le mois de mai est une période importante dans nos métiers et à ce jour l’incertitude demeure sur une ouverture potentielle, regrette Eric Merz, président d’Allure, le syndicat des détaillants de l’habillement et de l’équipement de la personne. Pendant ce temps, nos stocks de saison augmentent et nous n’avons pas de visibilité sur ce que sera la date des soldes. »