Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Le déconfinement sera-t-il trop rapide ?

Mai 2021, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 30 avril 2021

Le plan de déconfinement arrêté par Emmanuel Macron a été révélé ce jeudi. Certains scientifiques s’inquiètent d’un retour à la normale trop rapide.

Le Parisien aura vendu la mèche. Alors que l’annonce était attendue pour ce vendredi, le journal francilien et les autres quotidiens régionaux ont finalement révélé dès ce jeudi le plan de déconfinement arrêté par Emmanuel Macron (nous en avons fait état hier dans notre direct). Rappelons que ce retour à la normale progressif se fera en quatre étapes :

1) La limite des 10 km pour les déplacements non essentiels prendra fin le 3 mai.

2) Le 19 mai sera marqué par la réouverture des terrasses et des lieux culturels (musées, cinémas, théâtres…) selon des jauges encore à préciser. Le couvre-feu sera également repoussé à 21h.

3) L’étape suivante du déconfinement est prévue pour le 9 juin. Ce jour-là, les cafés, les restaurants et les salles de sports pourront rouvrir (en intérieur) et le couvre-feu ne commencera qu’à 23h.

4) Enfin le 30 juin, le couvre-feu sera totalement levé, les rassemblements de plus de 1 000 personnes seront autorisés (mais conditionné par l’utilisation du pass sanitaire) et les jauges seront assouplis. Seule restriction à se maintenir : les discothèques restent fermées jusqu’à nouvel ordre. Le détail de ces mesures devrait être précisé par le Premier Ministre autour du 10 mai.

Déconfinement retardé pour les départements les plus touchés

Dans son interview à la presse régionale, le Président de la République a cependant précisé que le déconfinement pourrait être retardé dans les départements qui connaissent une situation épidémique préoccupante. Ce sera notamment le cas dès lors qu’un département connait un taux d’incidence supérieur à 400 cas pour 100 000 habitants, une augmentation des cas et un risque de saturation des services de réanimation. A l’heure actuelle, huit départements ont un taux d’incidence supérieur à 400 : sept en Ile-de-France (dont Paris) et les Bouches-du-Rhône. Mais leur taux d’incidence est en baisse ces derniers jours et pourrait donc passer en dessous des 400 d’ici le 19 mai.

Sans surprise, les tenanciers de bars et de restaurants ainsi que les professionnels de la culture, qui pourront donc reprendre une activité partielle après plus de 6 mois d’arrêt dès le 19 mai, ont accueilli ces mesures avec soulagement. « Enfin on a les clés du déconfinement et on peut s’organiser pour travailler » se réjouit Roland Héguy, président du principal syndicat de l’hôtellerie.

Certains regrettent cependant que l’ouverture ne soit pas plus rapide et s’interrogent sur les modalités de la réouverture et la mise en place des jauges.

La FHF opposé à un déconfinement trop rapide
Du côté des médecins et de certains épidémiologistes on est en revanche beaucoup plus circonspect. Dans un communiqué publié à la suite des annonces présidentielles, la Fédération Hospitalière de France (FHF) pointe du doigt les risques d’un déconfinement trop rapide. Elle rappelle que malgré une certaine stagnation, voir une baisse de l’épidémie depuis quelques jours, la situation sanitaire reste critique : la France compte encore plus de 30 000 nouveaux cas par jour et près de 6 000 personnes sont toujours hospitalisés en réanimation. « La réalité épidémique en France ne permet pas d’envisager un desserrement un court terme ».

Le Conseil scientifique se montre tout aussi inquiet.
Dans un avis rendu le 21 avril sur le projet de loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire, donc avant les annonces d’Emmanuel Macron, le conseil souligne également que la situation sanitaire reste préoccupante. Les experts estiment que « la 3ème vague n’est pas terminée » avec une circulation encore très importante du variant britannique (plus de 80 % des contaminations). Le conseil rappelle que la situation est bien plus préoccupante que lors du premier déconfinement de mai 2020, avec deux fois plus de personnes hospitalisées en réanimation qu’il y un an (6000 aujourd’hui contre 2 600 début mai 2020).

Scepticisme de la population
Il y a donc lieu de se demande si, comme nous le souhaitons tous, ce déconfinement sera le dernier et s’il amorce un retour à la normale définitif. Sur ce point, les épidémiologistes ne sont guère optimistes. Selon une nouvelle projection de l’Institut Pasteur publié ce lundi, une levée trop rapide des restrictions pourrait provoque une hausse brutale des contaminations dès le mois de juin.

Le Président de la République Emmanuel Macron a d’ailleurs déclaré aux journalistes qu’il était « impossible » d’affirmer que le troisième confinement était le dernier. Les Français ne se montrent guère plus optimiste : selon un sondage réalisé ce jeudi, si la grande majorité d’entre eux (entre 85 et 88 % selon les mesures) sont favorables aux mesures annoncées, 73 % estiment probable qu’un quatrième confinement aura lieu !

Quentin Haroche