Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Généraliste - Le « rétrotracing » bientôt développé dans toute la France

Juin 2021, par Info santé sécu social

Après le « contact tracing », l’Assurance maladie mise sur le « rétrotracing » pour briser les chaînes de contaminations de Covid-19. Ce nouveau dispositif expérimenté dans deux départements français (Loire-Atlantique et Côte-d’Or) en avril et mai, devrait être généralisé dans toute la France à compter du 1er juillet.

« Le rétrotracing n’a pas vocation à remplacer le contact tracing », a tenu à souligner le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme à l’occasion d’une conférence de presse tenue ce jeudi matin. « C’est un dispositif complémentaire au contact tracing », a-t-il précisé.

Une généralisation à partir du 1er juillet

Avec une « moindre pression épidémique » et un taux d’incidence qui diminue sur l’ensemble du territoire, le rétrotracing va pouvoir être généralisé à l’échelle nationale « à partir du 1er juillet », a annoncé l’Assurance maladie.

Pour être efficace, le dispositif suppose en effet que « le niveau de circulation du virus (soit) faible ou modéré (inférieur à 5 000 nouveaux cas par jour) » en raison des durées d’entretiens plus longues (40 minutes en moyenne pour l’appel au patient zéro), a expliqué Thomas Fatôme.

Par ailleurs, le dispositif nécessite une « forte réactivité des traceurs de l’Assurance maladie et des ARS ».

Identifier le patient 0 « le plus tôt possible »

Cet outil, qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays à l’instar du Japon, a pour objectif d’identifier les cas contacts en aval de la contamination.

Concrètement, l’objectif affiché par l’Assurance maladie est « d’identifier les lieux et les événements à l’origine de la contamination (...) » et de trouver le patient 0 afin de briser les chaînes de contamination le « plus tôt possible ».

Une fois le patient 0 identifié et la liste de cas contacts établie par celui-ci, l’Assurance maladie va l’interroger et tenter d’obtenir des informations permettant l’identification du lieu ou de l’événement à l’origine de la contamination.

Si le patient 0 parvient à identifier un lieu potentiel de contamination, l’Assurance maladie procède au rétrotracing et tente d’obtenir une liste de personnes susceptibles d’avoir également été exposées au Covid-19.

« Les personnes ayant partagé le même événement ou le même lieu de contamination simultanément sont alors définies comme des co-exposées et sont tracées, testées et isolées à leur tour », a précisé l’Assurance maladie.

« C’est une sorte de tracing augmenté. On travaille sur une profondeur d’analyse plus importante de dix jours (...) qui va nous permettre d’identifier les types d’événements qui peuvent être des lieux de contaminations », a indiqué Jean-Baptise Calcoen, directeur de la mission nationale du contact tracing.

Des premiers résultats concluants

Le dispositif, expérimenté dans deux départements (Loire-Atlantique et Côte-d’Or) en avril et mai et développé depuis le 15 juin dans 60 autres, a déjà permis de tirer de premiers résultats concluants.

Ainsi, environ « 10 % des patients zéros contactés par l’Assurance ont été capables d’identifier un événement jugé comme étant à l’origine de leur contamination et donnant lieu à l’identification de personnes co-exposées (hors contamination au sein du foyer) », a dévoilé Thomas Fatôme, précisant que ces résultats devaient être confirmés après une généralisation du dispositif à l’échelle de la France entière.

Les résultats montrent également que dans les jours qui ont suivi leur isolement, « près de 10 % de ces personnes co-exposées sont, elles aussi, devenues positives ».

Les milieux de contaminations les plus communs sont les « rassemblements privés comme les réunions familiales, les soirées, les brunchs en famille », a précisé Pierre Rousseau, directeur de la CPAM de Loire-Atlantique, ajoutant à la liste, les rassemblements en « milieu scolaire » ou en « milieu sportif ».

Une coopération Assurance maladie-ARS

Le directeur de la CNAM, Thomas Fatôme, a par ailleurs souligné lors de la conférence de presse, le travail d’identification réalisé conjointement avec la CNAM et les ARS pour mettre en œuvre ce dispositif.

« Dès lors que la situation identifiée ne permet pas à la CNAM d’identifier nommément les personnes potentiellement exposées, l’ARS va prendre la main pour interroger l’organisateur de l’évènement et enquêter. Elle va ensuite transmettre ces informations à la CNAM afin qu’elle appelle les personnes concernées », a-t-il détaillé.

Cette coopération a d’ailleurs permis, selon Pierre Rousseau, le directeur de la CNAM Loire-Atlantique, « d’aller plus loin dans les investigations » dans certaines situations :

« Nous étions par exemple face à des jeunes qui avaient organisé une fête (...) quand nous avons passé la main à l’ARS, cela a permis de délier quelques langues  ! » a-t-il indiqué.