Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : « La crise sanitaire n’est pas derrière nous » : le gouvernement annonce de nouvelles mesures contre le Covid-19

Août 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : « La crise sanitaire n’est pas derrière nous » : le gouvernement annonce de nouvelles mesures contre le Covid-19

Contrôles « plus drastiques aux frontières », troisième dose pour les plus de 80 ans, fin de la gratuité des tests… L’exécutif renforce son arsenal pour contrer le variant Delta et encourager la vaccination.

Par Olivier Faye

Publié le 11/08/2021

Emmanuel Macron doit affronter deux défis entremêlés dans cet été dominé par l’épidémie de Covid-19 : la lutte contre le virus et celle contre le scepticisme. D’un côté, le très contagieux variant Delta n’offre aucun répit à l’exécutif. Avec plus de 22 000 nouveaux cas quotidiens en moyenne ces derniers jours, le nombre de contaminations se trouve sur « un plateau très haut », « légèrement ascendant », « qui ne semble, pour l’instant, pas s’infléchir », comme l’a noté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, mercredi 11 août, à l’issue d’un conseil de défense sanitaire réuni en visioconférence.

Cette forte circulation virale se traduit par une augmentation de la pression hospitalière, puisque plus de 1 700 patients occupent désormais les services de réanimation, pour un total supérieur à 9 200 hospitalisations. « Un niveau que nous n’avions pas atteint depuis le mois de juin », a relevé le chef de l’Etat lors du conseil de défense auquel il participait depuis le fort de Brégançon et dont le préambule a été diffusé en direct.

Dans le même temps, le locataire de l’Elysée voit gonfler, semaine après semaine, la mobilisation contre le passe sanitaire, qui a réuni, samedi 7 août, près de 237 000 personnes sur l’ensemble du territoire. Si le soutien à ces manifestations reste minoritaire dans l’opinion – de l’ordre de 35 % à 40 % selon différents sondages –, l’exécutif ne voudrait pas que ce bruit de fond freine la « grande cause nationale » du moment, pour reprendre l’expression du premier ministre, Jean Castex : la vaccination. Le chef du gouvernement s’est inquiété, lors d’un déplacement à Carcassonne, mercredi, d’une société française « fatiguée » et « incandescente », après plus d’un an de crise sanitaire, notant une « moindre acceptabilité » des mesures pour y faire face. Un sujet crucial dans ce marathon de la lutte contre le Covid-19.

Explosion de l’épidémie aux Antilles
Selon l’exécutif, les doutes exprimés sur le vaccin, en effet, représentent la cause principale de l’explosion de l’épidémie ces derniers jours en outre-mer, particulièrement aux Antilles ; la situation y est « dramatique », a alerté Emmanuel Macron. En Guadeloupe, où le taux d’incidence excède 1 700 cas pour 100 000 habitants, le gouvernement a décrété un nouveau confinement, comme en Martinique. « Jamais, sur le territoire français, nous n’avions atteint de tels niveaux d’incidence », s’est alarmé Gabriel Attal. Les hôpitaux sur place sont saturés : 231 soignants et 70 pompiers ont été dépêchés en renfort depuis la métropole.

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Or, dans ces deux départements, à peine plus de 20 % de la population totale est complètement vaccinée, contre 56 % au niveau national. « S’il fallait faire la démonstration que la vaccination est le moyen le plus efficace de répondre à ce variant Delta, malheureusement, nos Antilles en délivrent une démonstration cruelle », s’est désolé Emmanuel Macron. « Le drame des outre-mer devrait sonner comme un réveil collectif », estime un proche du président de la République. L’état d’urgence sanitaire a, par ailleurs, été déclaré en Polynésie française, où l’épidémie galope dangereusement, avec un taux d’incidence supérieur à 1 000 cas pour 100 000 habitants.

La métropole n’est pas à l’abri non plus. Dans son dernier avis, transmis le 5 août, le conseil scientifique prévenait ainsi que « le niveau de vaccination est actuellement insuffisant pour limiter seul cette quatrième vague liée au variant Delta ». L’exécutif a donc ajouté une nouvelle série de mesures à sa panoplie lors du conseil de défense, mercredi.

Tout d’abord, des « contrôles plus drastiques » sont promis aux frontières. « 100 % des voyageurs en provenance des pays à risque seront désormais contrôlés par des tests antigéniques », a annoncé Gabriel Attal. Le port du masque « au sein des établissements recevant du public soumis au passe sanitaire » est, par ailleurs, rétabli dans les départements où le taux d’incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants. Enfin, dans ces territoires à forte circulation virale, l’entrée dans un grand centre commercial – d’une superficie de plus de 20 000 mètres carrés – sera soumise à la présentation du passe sanitaire. Une première.

Appel à la « responsabilité »
Conscient des réticences suscitées par cet outil auprès de certains professionnels, Jean Castex a répété qu’une « clause de revoyure » était prévue à la rentrée afin de faire le point sur les aides allouées aux secteurs concernés. « Si ça devait avoir un impact économique trop fort, alors on en rediscutera à la rentrée », a assuré le premier ministre. De son côté, Emmanuel Macron a enjoint les « gérants de café, d’hôtel, de restaurant, de boîte de nuit » à la « responsabilité » dans le déploiement du passe sanitaire. Une demande « légitime » à ses yeux, car c’est « l’argent public qui a permis de rémunérer les responsables de ces lieux comme leurs salariés » au cours des confinements successifs.

« Nous n’avions pas d’autre choix, a ajouté le président de la République à propos de l’extension de ce passe. C’était cela ou la fermeture du pays. Cela ou de nouveaux couvre-feux, de nouveaux confinements, de nouvelles fermetures. » Le viatique pour convaincre les hésitants ou les récalcitrants à se faire vacciner. La gratuité des tests, « hors prescription médicale », prendra d’ailleurs fin « mi-octobre », a confirmé Gabriel Attal. Manière de cibler un peu plus ceux qui utiliseraient le passe sanitaire sans recourir à la vaccination.

« Notre objectif, c’est la vaccination de tous les Français qui peuvent être vaccinés », a assuré Emmanuel Macron, demandant au gouvernement de « tenir au moins la cible de 50 millions » de personnes vaccinées « fin août ». Ensuite, des barnums seront déployés aux abords des collèges, lycées et universités afin d’apporter le vaccin aux plus de 12 ans jusqu’au pied des salles de classe. Pour leur part, « les personnes âgées de plus de 80 ans », a précisé le chef de l’Etat, pourront bénéficier d’une campagne de rappel à partir de mi-septembre. « La crise sanitaire n’est pas derrière nous. Nous allons vivre pour encore plusieurs mois avec ce virus », a-t-il conclu.