Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : le passe sanitaire se généralise à travers l’Europe

Novembre 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : le passe sanitaire se généralise à travers l’Europe

Devant la recrudescence du virus, de plus en plus de pays conditionnent l’accès de lieux publics à une preuve de vaccination, selon des modalités qui restent très variables.

Par Stéphanie Le Bars(avec nos correspondants en Europe), Mirel Bran(Bucarest, correspondant), Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante), Jérôme Gautheret(Rome, correspondant), Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale), Sandrine Morel(Madrid, correspondante), Marina Rafenberg(Athènes, correspondance), Nicolas Ruisseau(Moscou, correspondance) et Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, bureau européen)

Publié le 17/11/2021

Alors que la France a décidé de conditionner l’obtention du passe sanitaire à la troisième dose de vaccin pour les plus de 65 ans et entend prolonger le dispositif jusqu’au mois de juillet, de plus en plus de pays européens se résolvent à adopter ou à rétablir cette mesure pour limiter la propagation du virus.

Danemark
En avril, le pays avait été le premier pays européen à imposer un passe sanitaire pour se rendre dans les bars, les restaurants, les musées, chez le coiffeur ou dans les instituts de beauté. A mesure que les contaminations baissaient et que la vaccination progressait, le passe a été progressivement abandonné durant l’été, puis supprimé le 10 septembre. Deux mois plus tard, le 12 novembre, il a fait son retour, alors que 75,3 % de la population a désormais reçu deux doses de vaccin. Le passe est redevenu obligatoire pour entrer dans les lieux accueillant du public et pour assister aux événements rassemblant plus de 200 personnes en intérieur et plus de 2 000 en extérieur. Exceptions pour le moment : les salles de sport, les centres commerciaux et le coiffeur. Le retour du passe sanitaire a suscité la colère des organisations patronales qui réclament des compensations financières.

Belgique
Là aussi, on a fini par se convaincre de l’utilité du passe sanitaire, appelé « Covid safe ticket » (CST). Fin octobre, le gouvernement fédéral, usant de son droit d’imposer une loi d’urgence sanitaire aux différentes régions, l’a rendu obligatoire aux plus de 16 ans pour accéder aux cafés, hôtels, restaurants, lieux culturels, hôpitaux, salles de sport, congrès… Afin d’éviter les fraudes, la carte d’identité peut être exigée lors du contrôle. Le « CST » se présente sous la forme d’un QR code, certifiant d’une double vaccination ou d’un rétablissement de la maladie de moins de six mois. Les plus de 12 ans doivent aussi le montrer dans les événements de masse, lors d’une visite d’un hôpital ou dans un Ehpad. Les écoles pourraient exclure de leurs voyages les élèves non vaccinés. Longtemps hostile à cette mesure, le gouvernement flamand, qui invoquait le taux de vaccination très élevé de sa population (93 % des adultes), a dû se résoudre à appliquer le passe face à la hausse des contaminations. Certains commerçants, réticents, l’ont adopté par crainte d’amendes allant jusqu’à 2 500 euros et 350 euros pour les clients.

Pays-Bas
Le gouvernement a longuement hésité mais, le 2 novembre, confronté à une flambée des contaminations, il a étendu le passe pour l’accès des plus de 13 ans aux magasins, musées, terrasses et toilettes publiques. Il était déjà en vigueur pour les restaurants et les bars en intérieur, et pour les festivals. Une loi est en préparation pour permettre aux employeurs de l’exiger de leurs salariés.

Italie
Le « green pass » est devenu obligatoire le 6 août pour un certain nombre d’activités, selon des modalités légèrement différentes de la France – les cafés et restaurants, n’ont pas à l’exiger de leurs clients s’ils restent en terrasse. Valide dès la première dose de vaccin, il a été progressivement étendu à l’ensemble des activités économiques et aux plus de 12 ans. Il est exigible sur les lieux de travail depuis le 15 octobre. Cette extension a provoqué des manifestations sporadiques dans plusieurs villes du nord de l’Italie.

Portugal
86 % de la population est vaccinée, le passeport sanitaire est toujours nécessaire pour accéder aux bars, aux grands événements et aux centres hospitaliers, alors qu’il ne l’est plus depuis le 1er octobre pour entrer dans les restaurants ou les hôtels, en dépit d’une reprise de l’épidémie.

Espagne
Aucun passe sanitaire n’a été mis en place au niveau national ; 90 % de la population cible est vaccinée. Mais face à un taux d’incidence en augmentation (près de 50 cas pour 100 000 habitants), le Pays basque a demandé à la justice, mardi 16 novembre, l’autorisation d’instaurer un passe pour accéder aux discothèques et aux restaurants. Lundi, la région de Valence a annoncé son intention de le demander aux personnes accompagnant des malades dans les hôpitaux et les centres de santé. Trois autres régions espagnoles l’imposent déjà aux discothèques : la Catalogne, Murcie et la Galice.

Grèce
Le passe sanitaire a été mis en place dès le 1er août pour les lieux fermés comme les cinémas, les musées, les salles intérieures des restaurants et des bars, mais pas les églises. Face à l’augmentation du nombre de personnes hospitalisées et à la stagnation du nombre de vaccinés (63 % de la population générale), le gouvernement demande depuis le 6 novembre aux personnes non vaccinées de présenter des tests PCR ou antigéniques négatifs pour se rendre dans les administrations, les magasins, les banques ou les terrasses des cafés et des restaurants. Il faut présenter le certificat de vaccination et la carte d’identité. En cas d’infraction, la sanction est de 5 000 euros pour le patron et de 500 euros pour le client.

Russie
Le passe sanitaire a pour la première fois fait son apparition à Moscou cet été sous une forme proche de ce qui existait en France, conditionnant notamment l’accès aux bars et restaurants. Mais le système a été abandonné au bout de trois semaines. Le dispositif a fait son retour à l’automne, alors que la quatrième vague provoque dans le pays une explosion de la mortalité. Mais la mesure est appliquée de manière très diverse : rares sont les régions où le passe est exigé à l’entrée des restaurants. La contrainte se limite aux hôtels, aux salles de spectacle et de sport ou, comme à Moscou, aux théâtres et musées. Les deux tiers des régions ont même abandonné le système dès la fin octobre. Le pouvoir en fait un usage prudent, soucieux de ne pas froisser une population qui rechigne face à toutes les formes de restrictions et reste majoritairement rétive à la vaccination (seuls 35 % des Russes ont reçu deux doses de vaccin).

Roumanie
Le gouvernement a imposé, le 23 octobre, le passe sanitaire dans les lieux publics, mais pas dans les magasins alimentaires et les pharmacies. Cette mesure fait partie des restrictions imposées par le couvre-feu qui a été prolongé jusqu’à la mi-décembre. Le port du masque dans les lieux publics est obligatoire, et les événements publics et privés sont interdits. Seulement un tiers des 19 millions de Roumains sont vaccinés et le pays enregistre 500 morts par jour.

Finlande
Le passe sanitaire a été mis en place depuis la mi-octobre, mais il n’est pas obligatoire dans les restaurants, les bars, les musées ou les salles de sport.

Royaume-Uni
Le gouvernement britannique a renoncé à mettre en place un passe sanitaire en Angleterre, les députés de la majorité conservatrice s’y opposant farouchement. Plus prudente, l’Ecosse l’a, en revanche, introduit, pour accéder aux boîtes de nuit et aux larges rassemblements, comme les matchs ou les concerts.

Suède
Il n’est toujours pas question de mettre en place un passe, même si certaines régions en font la demande, comme la Scanie, au sud du pays, à la frontière avec le Danemark.

Stéphanie Le Bars(avec nos correspondants en Europe), Mirel Bran(Bucarest, correspondant), Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante), Jérôme Gautheret(Rome, correspondant), Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale), Sandrine Morel(Madrid, correspondante), Marina Rafenberg(Athènes, correspondance), Nicolas Ruisseau(Moscou, correspondance) et Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, bureau européen)