Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Le point sur Covid-19 : transmissibilité, virulence, échappement vaccinal... Ce que l’on sait sur le variant omicron

Décembre 2021, par Info santé sécu social

Le variant omicron fait trembler le monde, mais les informations à son sujet restent limitées. « Libé » fait le point sur ce que l’on sait de ses caractéristiques.

Publié le 6 décembre 2021

C’est un sujet d’inquiétude mondial. Quelle est la dangerosité du nouveau variant omicron ? Les premiers éléments ont conduit les pays du monde entier à fermer leurs frontières en espérant, vainement, empêcher l’entrée du virus sur leur territoire. C’était oublier que les meilleurs systèmes de détection ont toujours plusieurs semaines de retard sur la réalité du terrain. Omicron s’est déjà répandu dans le monde. A partir de maintenant l’ampleur de sa diffusion dépendra de ses caractéristiques qui restent en grande partie inconnues. « On dispose encore de peu d’éléments scientifiques. On en saura plus dans les jours à venir », précise Olivier Schwartz, responsable de l’unité « virus et immunité » de l’Institut Pasteur. Le point sur ce que l’on sait déjà.

Est-il plus transmissible ?

Il a été identifié dans une quarantaine de pays. Ce simple fait, en soi, démontre une certaine capacité de ce variant à se propager. La question restante est sa capacité
Depuis la communication de l’Afrique du Sud le 25 novembre, le variant omicron a ou non à prendre le pas dans des pays où le variant delta est dominant. En Afrique du Sud, omicron est responsable d’une nouvelle vague de Covid-19. « Il y a un vrai risque de transmissibilité accrue », commente Olivier Schwartz. Selon des premières estimations de scientifiques diffusées via Twitter, omicron pourrait être trois à quatre fois plus transmissible que delta. Des données inquiétantes mais qui restent à confirmer.

Provoque-t-il plus de formes graves ?
Avec moins d’un mois de recul après les premières infections détectées, il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur le sujet. Mais les premières remontées provenant des hôpitaux d’Afrique du Sud sont plutôt rassurantes. « La principale observation de ces deux dernières semaines est que la grande majorité des patients admis pour Covid-19 ne sont pas dépendants d’oxygène », notent ainsi les médecins d’un des hôpitaux de Pretoria. « N’y a-t-il « aucune inquiétude à avoir » ? En aucune façon ! Nous n’en sommes encore qu’aux premiers jours », précisait la médecin sud-africaine Angélique Coetzee à Libération vendredi.

Une autre information est remontée d’Afrique du Sud : la hausse des hospitalisations des enfants en raison de ce variant. Mais les officiels ont tout de suite dégonflé l’information. Il s’agirait principalement d’admissions de courte de durée décidées par précaution.

Omicron peut-il échapper au système immunitaire ?
La première alerte est venue de la séquence génétique du variant omicron. « Il présente une trentaine de mutations dans la protéine de spicule [Spike ndlr] dont certaines sont connues pour être associées à la capacité d’échapper à certains anticorps », commente Olivier Schwartz. Toute la question est de savoir dans quelle proportion ce variant fait diminuer la protection conférée par une vaccination ou une infection précédente.

Pfizer et Moderna espèrent des résultats en laboratoire dans les semaines à venir. En attendant, une première analyse des données de santé publique sud-africaine livre des premiers résultats inquiétants. Selon cette étude, encore préliminaire, réalisée par Juliet Pulliam, « les personnes déjà infectées auraient trois fois plus de risques d’être de nouveau infectés par omicron que par delta », résume Olivier Schwartz. Malheureusement, l’étude qui porte sur l’analyse des données de près de trois millions de patients, dont 35 000 réinfectés, manque de précision sur le statut vaccinal des patients et la gravité de leurs symptômes.

Autre élément troublant : à Oslo, une semaine après un repas de Noël, 64 des 120 convives ont été déclarés positifs au Covid-19 dont au moins une quinzaine par le variant omicron. Face à ces données, Moderna et Pfizer travaillent à la mise à jour de leur produit. Des faits qui ne remettent pas en cause pour Olivier Schwartz la stratégie vaccinale actuelle qui promeut en France une dose de rappel : « Quand on fait la troisième dose, on multiplie le taux d’anticorps neutralisants d’un facteur 100. Même si le virus s’avère plus résistant, il n’est pas complètement insensible aux anticorps. »

D’où vient omicron ?

Alors que beaucoup de scientifiques s’attendaient à voir émerger un descendant de delta, omicron a surpris son monde. Son plus proche ancêtre connu remontrait au milieu de l’année 2020 ! Il est issu d’une branche qui évolue sous les radars depuis plus d’un an. Plusieurs scénarios pourraient expliquer cela. Le plus probable est qu’il ait évolué plusieurs mois dans le corps d’un individu immunodéprimé. Mais il est aussi possible que ce variant ait évolué dans une population sous les radars des efforts de séquençage internationaux ou qu’il ait fait un aller-retour chez une espèce animale. Un sujet de plus à éclairer autour du Covid-19.