Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Quotidient du médecin - « Ils sont terrorisés à l’idée qu’on découvre leur mensonge » : les cas de faux vaccinés se multiplient en réa

Décembre 2021, par Info santé sécu social

PAR STÉPHANE LONG - PUBLIÉ LE 18/12/2021

En l’espace de quelques jours, le Dr Jean-Baptiste Michot en a vu passer deux dans son service de réanimation du CHI d’Elbeuf, dans la périphérie de Rouen (Seine-Maritime). Ces malades du Covid affirmaient avoir été vaccinés contre la maladie et pourtant… ils ont avoué avoir menti peu après leur hospitalisation, généralement lorsque leur état de santé se fut dégradé. Le médecin raconte sur Twitter comment il a débusqué l’un d’eux.

Les cas comme celui-ci ne sont apparemment pas isolés. « Ce n’est plus un phénomène marginal », constate même le Pr Laurent Muller, chef de réanimation au CHU de Nîmes (Gard), interrogé par France Inter. Selon lui, cela concernerait 5 à 10 % des patients vaccinés.

Dans le service du Dr Michot, près d’un tiers des patients sont vaccinés ou affirment l’être. Mais depuis quelque temps, le tableau clinique de certains d’entre eux le surprend. « Ils ont une forme sévère du Covid quinze jours après leur vaccination, ça fait plutôt penser aux malades qu’on avait en mars 2020 », raconte le réanimateur au « Quotidien ». Les Covid+ vraiment vaccinés présentent un profil différent, il s’agit souvent de patients avec comorbidités, vaccinés depuis plus de six mois.

Errance diagnostique

Cela met généralement la puce à l’oreille des praticiens. Mais avant de les repérer, le mensonge des faux vaccinés peut être à l’origine d’une errance diagnostique, note le Dr Michot. « Dans l’état dans lequel ils sont, alors qu’ils sont censés avoir été vaccinés, on se dit qu’il y a peut-être quelque chose de plus que le Covid, alors on cherche, on peut être amené faire des examens complémentaires pour comprendre… et cela peut faire perdre un peu de temps », explique le réanimateur. En revanche, faux vaccinés ou pas, cela ne change rien à la prise en charge des patients, dit-il, notamment dans l’administration des anticorps monoclonaux. « À partir du moment où ils rentrent dans les critères de l’ATU, ils en bénéficient », explique-t-il.

Le médecin change de ton lorsqu’il évoque les raisons qui poussent ces patients à mentir sur leur statut vaccinal et à persister dans le mensonge même après avoir été pris en charge. « Ils sont terrorisés à l‘idée qu’on apprenne qu’ils ne sont pas vaccinés. Bien souvent, c’est parce qu’ils pensent qu’on arrêtera de les soigner. C’est faux bien entendu  ! On soigne tout le monde de la même manière », insiste le Dr Michot. L’un de ses patients l’a supplié de continuer à le soigner après avoir avoué qu’il avait menti sur sa vaccination. « Il m’a dit qu’il avait lu sur la messagerie Telegram que les non vaccinés étaient refoulés à l’hôpital. »

« Évidemment qu’il faut dire la vérité sur son statut »

Le réanimateur en veut aux désinformateurs qui non seulement dénigrent les vaccins, mais détournent les gens de l’hôpital en leur faisant croire qu’ils ne seront pas pris en charge. « Évidemment qu’on soigne tout le monde, évidemment qu’il faut dire la vérité sur son statut », insiste le Dr Michot.

Mercredi 15 décembre, le ministre de la Santé lui-même est intervenu sur cette question. « Dites-le tout de suite  ! », a exhorté Olivier Véran en s’adressant aux malades hospitalisés disposant d’un faux passe sanitaire. Le neurologue a rappelé qu’une femme de 57 ans, bénéficiant d’un faux passe sanitaire, était décédée du Covid-19 à l’hôpital de Garches le 10 décembre dernier. Un faux certificat de vaccination « ne protège pas contre le virus et peut aiguiller faussement le médecin qui vous prend en charge » , avait alors dit le Dr Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’établissement francilien.