Maternités et Hopitaux publics

JIM - CHU de Toulouse : quel rôle a joué le sous-effectif dans le décès d’un patient aux urgences ?

Avril 2019, par Info santé sécu social

Toulouse, le vendredi 12 avril 2019 –

Révélé au public il y a quelques jours par la revue numérique régionale d’investigation, Médiacités, le décès, le 2 février dernier, d’un patient qui attendait aux urgences de l’hôpital Purpan suscite de vives polémiques au sein du CHU de Toulouse.

Peut-on mourir de sous effectif ?
Pris en charge à son domicile par le SMUR puis transporté à l’hôpital par le SAMU, cet homme d’une soixantaine d’années est décédé d’un arrêt cardiaque sur un brancard des urgences après être resté seul, sans monitoring, pendant une quinzaine de minutes.

Selon le témoignage d’une soignante recueilli par Mediacités, « au moment où ce malade arrive, le collègue infirmier est seul pour gérer les entrants, réguler les flux, surveiller les patients placés dans les sas […]. Il bossait en flux tendu depuis 10 heures du matin. Il a fait une pause d’un quart d’heure, aux alentours de 17 heures. Quand il est revenu, le patient était en arrêt cardiaque ».

Pour les syndicats CGT et Sud, cet événement dramatique s’est produit dans le contexte d’un manque de personnel et de pression au travail. « Nous n’affirmons pas qu’il ne serait pas mort si l’infirmier avait été présent. Mais il aurait sans doute eu des chances d’être sauvé ! Or, cette absence est le résultat d’un sous-effectif chronique aux urgences, qui génère une forte tension dans le quotidien des soignants » souligne Alain Motes, membre du CHSCT du CHU de Toulouse qui a remis, suite à cet incident, un rapport au vitriol.

Dans celui-ci est ainsi évoqué un « sous-effectif structurel et conjoncturel », se manifestant notamment par « un poste infirmier occupé temporairement par un aide-soignant ». Est également souligné « le manque de matériel : brancards, appareils à glycémie, thermomètres… ».

La polémique a été ravivée par l’explication donnée par la direction qui « ose écrire que le patient a été découvert juste après son arrêt cardiaque et que le massage a commencé à ce moment là (…) alors que personne ne sait depuis combien de temps il était en arrêt cardiaque quand il a été découvert » s’emporte Pauline Salingue, représentante du CHSCT du CHU de Toulouse, auprès de nos confrères de What’s Up Doc. Elle insiste en outre : « il y a eu 270 suppressions de poste depuis 2014, c’est inadmissible [alors que] nous pensons qu’il faut créer 1500 postes pour travailler correctement ».

La direction n’est cependant pas demeurée inactive, puisqu’elle a depuis ce décès adjoint aux équipes des urgences un binôme infirmier/aide soignant et un "bed manager" et a commencé à investir dans des « équipements indispensables au bon fonctionnement du service ».

Pas suffisant apparemment pour apaiser les tensions. La CGT a ainsi organisé, ce jeudi, un « pique-nique de la colère » pour dénoncer les sous-effectifs chroniques au sein de tous les services du CHU de Toulouse et s’apprête à interpeller par une lettre ouverte le ministre de la santé.

F.H.