Maternités et Hopitaux publics

JIM - La loi RIST sur l’intérim provoquera-t-elle le naufrage des maternités cet été ?

Juin 2023, par Info santé sécu social

Paris, le mercredi 21 juin

A l’orée de l’été, le SYNGOF (Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France) avertit du risque de fermetures impromptues de maternités et sur le risque d’un « été catastrophique dans de nombreuses régions ».

« Le recours massif à l’intérim en gynécologie obstétrique, anesthésie-réanimation et pédiatrie a détruit la stabilité, garante de la sécurité d’équipe. Aujourd’hui, aucun jeune praticien ne veut cautionner le danger médical : les postes restent vacants aussi bien en gynécologie-obstétrique qu’en pédiatrie et anesthésie-réanimation » souligne l’organisation.

Or, la mise en application de la loi RIST en avril dernier qui plafonne la rémunération de l’intérim à l’hôpital, « a été mal préparée » et est venue aggraver ce phénomène de vacance chronique estime le syndicat. Souvenez-vous, le 3 avril dernier, est entré en vigueur l’article 33 de la loi Rist du 26 avril 2021 qui oblige le comptable public de l’hôpital à rejeter toute rémunération d’un médecin intérimaire qui dépasse le plafond règlementaire fixé en 2018 de 1170 euros brut (environ 970 euros net) pour une garde de 24 heures. Plus question donc pour les hôpitaux de contourner ce plafond en offrant aux médecins intérimaires des rémunérations pouvant aller jusqu’à 2 000 euros la garde.

Au SYNGOF de citer le cas de la maternité de Péronne (Somme) qui a fermé pendant un mois faute d’anesthésistes en nombre suffisant, de celle d’Alès (Gard) où il n’était pas possible d’accoucher durant deux jours en raison de l’absence de gynécologues-obstétriciens, de celle de Bergerac qui a fermé partiellement en avril dernier et de celle de Landerneau qui a dû réorienter les accouchements pendant 36 heures par manque d’anesthésistes…

Le gouvernement aux abonnés absents
Le SYNGOF estime « que le principal problème des maternités est celui de l’absence de restructurations de l’offre de soins en périnatalité » et d’attractivité des gardes qui ont pour conséquence « que la moitié des chefs de cliniques de gynécologie obstétrique arrêtent immédiatement la garde obstétrique et les sages-femmes, formées en nombre, quittent aussitôt la salle de naissance, leur cœur de métier, pour une pratique libérale de consultations sans garde ». Et, malgré ce constat de longue date, les réunions sur la réforme de l’organisation de la périnatalité, interrompues durant la pandémie de Covid-19, n’ont jamais repris.

Le syndicat appelle donc à des mesures « d’attractivité » d’urgence.

Nul doute que d’autres spécialités sont concernées par ce risque de naufrage, et au premier chef, la médecine d’urgence, la radiologie et l’anesthésie-réanimation, les disciplines les plus concernées par l’intérim.

F.H.