Le CHU de Rouen annonce des mesures pour maîtriser ses dépenses de personnel

« Il a été annoncé en comité technique d’établissement la semaine dernière que sur les 7 300 postes environ du CHU, l’établissement prévoyait de supprimer 130 postes, vraisemblablement par non-remplacement de partants à la retraite », détaillait hier un syndicaliste du CHU. En grève aujourd’hui contre la réforme du code du travail, les syndicats tiendront demain jeudi une conférence de presse pour détailler cette annonce et dire comment ils allaient réagir.

La raison de cette diminution de voilure ? Les syndicalistes interrogés mettent en avant la baisse globale des dotations accordées aux hôpitaux en France. Selon le quotidien en ligne Challenge soir, le ministère de la Santé table sur une baisse de la masse salariale de l’ordre de 860 millions, soit l’équivalent de 22 000 postes et 2 % des effectifs de la fonction publique hospitalière en 2017. Le gouvernement met en avant un plan d’économies de 3 milliards d’euros.

« C’est le contexte, et chaque établissement prend ensuite sa part dans ces suppressions de postes. » À Rouen et dans ses cinq établissements, 130 postes c’est environ 1,7 % des 7 300 postes (équivalent temps plein) qui ne seraient pas reconduits selon les chiffres syndicaux.

« À Rouen, poursuit le syndicaliste, il n’y avait pas eu de suppressions de postes auparavant car l’activité allait toujours croissant. C’est un peu différent aujourd’hui. Il y a un objectif de réaliser 50 % des actes en ambulatoire, d’où un besoin moindre de lits. Le problème, c’est que ces adaptations se font à marche forcée, sans prendre en compte les patients et le personnel qui s’estime déjà en sous-effectif dans certains secteurs. »

« La masse salariale globale va continuer d’augmenter »

Ces mesures devraient être facilement « avalées » puisqu’il y a environ 200 départs à la retraite par an dans les établissements du CHU de Rouen.

Côté direction, Isabelle Lesage, patronne des 10 000 salariés des cinq établissements, détaille ces mesures et met en avant une nécessaire adaptation de l’hôpital. « Nous devons nous moderniser et adapter nos organisations. On fait évoluer nos capacités d’hospitalisation vers des lits de jour, des actes en ambulatoire. La réorganisation, c’est un travail collectif dans tous les secteurs et ce sera étudié secteur par secteur. Il n’y aura pas de licenciement », insiste-t-elle.

L’enjeu : garder des capacités de recherche et de développement. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la masse salariale globale de l’hôpital va continuer d’augmenter en 2016, de 1,69 %. Le problème, c’est que l’hôpital a beaucoup embauché ces dernières années et il faut reconnaître qu’il y a une contrainte sur les budgets hospitaliers. C’est de notre responsabilité de veiller à dépenser le plus efficacement possible l’argent public confié à l’hôpital. L’un des principaux leviers pour agir dans le CHU, c’est de réduire l’absentéisme. Un seul point d’absentéisme en moins, c’est 80 professionnels en plus au travail. Nous avons le devoir de maîtriser nos dépenses et, effectivement, les mesures envisagées peuvent être comparées à l’équivalent financier de 130 postes ».

Reste à savoir comment ces mesures et leur traduction concrète vont être vécues par les patients.

B. M.-C.