La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Les Echos - Accidents du travail : le mal de dos coûte près de 1 milliard d’euros

Novembre 2016, par Info santé sécu social

La branche accidents du travail de la Sécurité sociale publie mardi ses résultats annuels.

Ils en ont littéralement plein le dos. Plus de la moitié des Français souffrent au moins une fois dans l’année d’un épisode de lombalgie. C’est même le deuxième motif de recours au médecin traitant. Cette banalisation du mal de dos ne peut pas laisser le monde de l’entreprise indifférent. Car une fois sur cinq, il donne lieu à un arrêt de travail. Le coût est élevé pour les employeurs, qui financent seuls les lombalgies relevant de la catégorie accidents du ­travail-maladies professionnelles (AT-MP) : près de 1 milliard d’euros, selon cette branche de la Sécurité sociale. Soit autant que la facture des autres troubles musculo-squelettiques (TMS).

La branche AT-MP profite de la publication de ses chiffres annuels 2015 mardi pour faire le point sur cette pathologie répandue et pro­poser des réponses aux entreprises. L’incidence des lombalgies est de plus en plus fréquente : alors qu’elles représentaient 13 % des accidents du travail en 2005, elles grimpent à 19 % dix ans après. Le nombre de lombalgies classées dans cette catégorie a donc augmenté en valeur absolue durant cette décennie, passant de 146.000 à 167.000 cas, alors que le nombre d’accidents du travail reculait de 1,1 million en 2005 à moins de 900.000 en 2015.

De lourdes séquelles

Par ailleurs, les lombalgies comptent pour 15 % des « accidents de ­trajet » et 7 % des maladies professionnelles. Elles sont à l’origine de 30 % des arrêts de travail de plus de six mois. En moyenne, les accidents du travail et de trajet donnent lieu à deux mois d’arrêt. La moitié des arrêts suite à un accident du travail durent même moins de deux semaines, et seuls 5 % d’entre eux se soldent par une incapacité permanente assortie d’une indemnisation. En revanche, dans le cadre d’une maladie professionnelle, l’arrêt dure en moyenne un an. Ce sont des lombalgies chroniques, avec des cas de hernies discales pouvant conduire à des interventions de chirurgie rachidienne. Avec, à la clef, des séquelles lourdes et des incapacités de travail.

La dépense au titre de la prise en charge AT-MP se décompose en 580 millions d’euros par an pour les indemnités journalières, plus 120 millions d’euros de soins, et encore 300 à 350 millions d’indemnisation des séquelles, sous forme de rente ou de capital. La lombalgie est la troisième cause d’admission en invalidité.

Alors que le mal de dos défie les progrès réalisés par les entreprises en matière de prévention, la branche AT-MP propose d’aller plus loin que les habituelles campagnes d’information et de formation. Elle veut travailler main dans la main avec l’Assurance-maladie. Cette dernière prend en charge deux fois plus de lombalgies que la branche AT-MP, mais les secteurs d’activité touchés sont exactement les mêmes. Le risque est très élevé dans le BTP, fort dans l’agroalimentaire, les transports et l’énergie, et il croît de 2.200 cas par an depuis dix ans dans les services, alors qu’il recule de 1.100 cas par an dans l’industrie.

La Sécurité sociale a déjà commencé à sensibiliser les médecins généralistes aux bonnes pratiques. Par ailleurs, une expérimentation est en cours sur 70 patients pour encourager la reprise du travail, avec un retour à temps partiel au début et une évaluation mensuelle par le médecin du travail.