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Le Quotidien du Médecin - « On n’a jamais connu une situation pareille » : toujours en colère face au « rabot » des économies, les biologistes libéraux stoppent les remontées Covid

Janvier 2023, par Info santé sécu social

« On n’a jamais connu une situation pareille » : toujours en colère face au « rabot » des économies, les biologistes libéraux stoppent les remontées Covid
PAR CYRILLE DUPUIS - PUBLIÉ LE 02/01/2023

Janvier s’annonce « noir » aussi pour la biologie médicale libérale, toujours engagée dans un bras de fer financier avec l’Assurance-maladie et le gouvernement.

Estimant « le dialogue bloqué » avec la Cnam, les laboratoires de biologie médicale ont décidé de ne plus faire remonter aux autorités sanitaires, à partir de ce lundi 2 janvier, les résultats des tests Covid qui permettent au gouvernement de suivre l’évolution de l’épidémie, ont indiqué samedi leurs syndicats à l’AFP. « On continue de faire les tests PCR aux patients dans les laboratoires, on fournit les résultats mais on ne remonte pas les données » dans le fichier national de Santé publique France (SPF), confirme ce lundi au « Quotidien » François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDBIO).

« Et si cela ne suffit pas, nous envisageons une nouvelle grève nationale sur plusieurs jours et l’arrêt total des actes Covid pour une durée indéterminée. Nous aimerions ne pas en arriver là pour l’accès aux soins de nos patients, (c’est) au gouvernement de prendre ses responsabilités et de ne pas prendre la population en otage », affirment les syndicats du secteur, réunis au sein de l’Alliance de la biologie médicale (ABM) qui fédère à la fois représentants syndicaux (Biomed, SDBIO, SLBC, SNMB) et réseaux de laboratoires (Biogroup, Cerba HealthCare, Eurofins, Inovie, LBI, Synlab, Unilabs). « C’est un janvier noir pour éviter des années noires », résument-ils. « On n’a jamais été dans une situation pareille », alerte François Blanchecotte, qui précise que la date de nouvelle fermeture éventuelle des laboratoires n’est pas encore arrêtée.

Pas de visibilité après 2023…

Pour justifier les économies demandées, l’exécutif met en avant de son côté la forte croissance du chiffre d’affaires et les marges du secteur pendant la pandémie. Même s’ils sont prêts à participer à « l’effort de guerre », les biologistes contestent toujours le montant des économies qui leur est réclamé en retour pour les prochaines années.

Si un compromis semble en vue sur la ponction budgétaire exigée par le gouvernement pour la seule année 2023, à hauteur de 250 millions d’euros (répartis entre les examens courants pour 180 millions et la baisse des prix des tests Covid pour 70 millions), la négociation bloque en revanche sur la période 2024-2026.

La Sécu met pourtant sur la table une enveloppe de 150 millions sur trois ans, pour rembourser des actes innovants actuellement réservés aux hôpitaux. Mais sans préciser le montant d’économies attendu sur tous les autres actes, renvoyé à « la signature d’un protocole pluriannuel avant la fin de premier semestre ». « Pour la suite, nous n’avons aucune visibilité et aucun retour chiffré de la caisse prévu », peste François Blanchecotte.

Or, les biologistes ont déjà fixé leur propre ligne rouge en matière de baisses de tarifs : pas plus de 145 millions d’euros par an (soit une proposition d’économie globale de 685 millions d’euros sur quatre ans en incluant les 250 millions pour 2023). Selon les syndicats mobilisés, aller au-delà de ces montants pourrait conduire à la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité et menacerait 10 000 emplois qualifiés.

C.D. (avec AFP)