La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Actusoins - Qualité de vie au travail des professionnels de santé : Plan de bataille contre les Risques psycho-sociaux ou stratégie de communication ?

Janvier 2017, par Info santé sécu social

Qualité de vie au travail des professionnels de santé : Plan de bataille contre les Risques psycho-sociaux ou stratégie de communication ?
La ministre de la Santé Marisol Touraine a présenté le 5 décembre une Stratégie nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Si l’intention est saluée, les infirmiers dénoncent la faiblesse des moyens annoncés et une gestion des risques psycho-sociaux (RPS) prévalant sur leur prévention.

Qualité de vie au travail : Plan de bataille contre les Risques psycho-sociaux ou stratégie de communication ?Premier reproche, le manque de financements. En dehors des 30 millions d’euros sur trois ans alloués au déploiement de services de santé au travail pluri-professionnels, « il y a beaucoup de vœux pieux », constate Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI, qui s’est fendu d’un communiqué très argumenté faute d’avoir été associé à l’élaboration du texte.

Et de dénoncer cette incohérence. Le 5 décembre également était adopté le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2017, avec un plan d’économies d’au moins un milliard d’euros pesant sur l’hôpital ; une ponction de 300 millions d’euros sur l’ANFH (association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier), soit la quasi-totalité des réserves. Alors même que la stratégie de Marisol Touraine mise sur une meilleure formation, de l’encadrement en particulier.

D’autre part, les directions gardent les mains libres pour en décliner les mesures au niveau local. Trop ? « Elles savent bien que cette stratégie est de la communication, estime Thierry Amouroux. Le taux d’absentéisme dans leur établissement [un indicateur majeur de RPS, ndlr], le nombre de suicides, etc, devraient être pris en compte » dans le calcul « de la part variable de leurs salaires. Aujourd’hui, celle-ci dépend des économies réalisées. »

Charge en soins

Certes, des points sont appréciés, notamment une possible revalorisation indemnitaire du travail de nuit, et l’inclusion des RPS dans la formation initiale. « Ces compétences permettront d’argumenter face à une direction ou une chefferie de service, grâce à des données objectives. »

C’est là que le bât blesse le plus. La ministre ne s’attaque pas pleinement à la cause des RPS. « Il faut d’abord faire en sorte que les soignants ne soient pas malades », insiste Karim Mameri, secrétaire général de l’Ordre national des infirmiers (ONI). Plans d’économie successifs, management par objectif… ont creusé un « grand écart entre les valeurs des soignants et la réalité de leur travail. » A la clef, travail en flux tendu, conflit d’éthique et épuisement. « La ministre nous demande d’accompagner les conséquences de sa politique désastreuse avec une « charte de l’accompagnement des professionnels lors des restructurations », renchérit le syndicat FO par communiqué.

L’ONI a, lui, été invité à une concertation à la va-vite le 17 novembre, sans que ses propositions soient retenues. L’Agence nationale d’appui à la performance (Anap) est bien chargée de produire des outils d’évaluation de la charge en soins. « Mais il faut aller plus loin, et adapter les effectifs », en étendant « des ratio infirmiers-patients à tous les services. Les soignants ont besoin de temps pour être auprès des patients, martèle Karim Mameri. Ce plan ne le permet pas. »

Emilie Lay