Les professionnels de santé

JIM - Explosion des délais de rendez-vous chez les médecins libéraux : à qui la faute ?

Mars 2017, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 24 mars 2017 -

Une étude réalisée par l’IFOP pour le cabinet JALMA, baptisée Observatoire de l’accès aux soins révèle une augmentation marquée, ces cinq dernières années, des temps d’attente pour obtenir un rendez-vous auprès d’un médecin libéral.

Il apparaît ainsi que 8 jours séparent désormais une prise de rendez-vous et ce dernier chez le généraliste (contre 4 en 2012) et 61 jours chez un praticien spécialiste (contre 48 en 2012).

Dans le détail, il faut attendre en moyenne 117 jours pour consulter un ophtalmologue (13 de plus qu’en 2012), 68 jours pour un gynécologue (+ 13 jours), 64 jours pour un dermatologue (+ 23 jours), 53 jours pour un cardiologue (+15 jours) et 51 jours pour un rhumatologue (+15 jours). Au total, selon ce baromètre, ces durées constituent désormais la première cause de renoncement aux soins.

La faute aux exercices particuliers ?

Le président de JALMA, Mathias Matallah avance que c’est le développement des exercices particuliers, permettant des compléments d’honoraires, provoqué, selon lui, par une « diabolisation des dépassements » qui a engendré cette « catastrophe sanitaire ».

Mais pour les deux syndicats qui ont d’ores et déjà réagi à cette enquête, la CSMF (Confédération des Syndicats Médicaux Français) et l’UFML (Union française pour une médecine libre) la responsabilité en incombe en premier lieu au ministre de la santé, Marisol Touraine.

« L’échec total de Marisol Touraine »

Ainsi, Jean-Paul Ortiz (CMSF) explique que : « le gouvernement porte une lourde responsabilité dans l’allongement du délai d’obtention de rendez-vous » et il demande « qu’au lieu de stigmatiser les compléments d’honoraires, qui ont permis à certains spécialistes de poursuivre leur activité, et qui traduit le désengagement de l’Assurance Maladie, la CSMF exhorte le gouvernement à valoriser les honoraires de la médecine libérale, tant pour la médecine générale que pour la médecine spécialisée ».

Pour Jérôme Marty, de l’UFML, ces chiffres marquent « l’échec total » de Marisol Touraine, et craint : « qu’après 5 ans de réformes sanitaires purement dogmatiques et idéologiques (…) le renoncement aux soins va encore augmenter ». Il souhaite que les participants à l’élection présidentielle se saisissent du problème.

Les candidats ont trouvé leur panacée : les maisons de santé

Soucieux du phénomène de la détérioration de l’accès aux soins, les candidats à la présidence de la République appellent tous de leurs vœux le développement des maisons de santé. Ainsi Benoît Hamon s’est fixé l’objectif de 1 500 maisons supplémentaires, Emmanuel Macron veut doubler leur nombre, quand François Fillon et Marine Le Pen ont également promis de les faire progresser.

Pourtant, comme le rappelait récemment l’Ordre des médecins ce modèle n’est pas une panacée et il n’est probablement pas « pertinent pour tous les bassins de population » d’autant plus qu’elles ont fait apparaître « un certain nombre de difficultés dans leur fonctionnement ».

Rendez-vous dans cinq ans pour le prochain bilan…

F.H.