Emploi, chômage, précarité

Centre d’observation de société - La pauvreté continue à progresser

Septembre 2017, par Info santé sécu social

Le taux de pauvreté a progressé de 7,5 à 8,0 % entre 2004 et 2014 au seuil de pauvreté situé à 50 % du niveau de vie médian, et de 13,3 à 14,2 % si l’on fixe le seuil de pauvreté à 60 %. Selon le premier seuil, le nombre de pauvres est passé de 4,4 à 5 millions (+ 600 000), selon le second de 7,9 à 8,9 millions (+ 1 million). Le taux de pauvreté a rejoint son niveau du début des années 1980. La stabilisation enregistrée depuis 2012 est principalement due à l’indicateur retenu : le niveau de vie médian baisse ou stagne, et le seuil de pauvreté, calculé en proportion, en fait de même 1. Une partie des personnes comptabilisées comme pauvres hier ne le sont plus même si leur revenu n’a pas évolué, du fait de la diminution du seuil de pauvreté.

Le taux et le nombre de pauvres ont baissé fortement dans les années 1970 et au début des années 1980, notamment du fait de l’amélioration de la situation des personnes âgées. Au seuil de pauvreté fixé à la moitié du revenu médian, le taux de pauvreté a diminué de 12 % à 7 % entre 1970 et 1990. Le nombre de pauvres s’est réduit de 5,8 à 3,8 millions. Le seuil de pauvreté est défini en pourcentage du niveau de vie médian. Quand la pauvreté se réduit, cela signifie que les plus démunis se rapprochent des couches moyennes moyennes. Autrement dit, les inégalités se réduisent par le bas. Ce n’est plus le cas depuis les années 2000 et cela constitue un changement important dans l’histoire sociale de la France.

Cette évolution résulte de facteurs démographiques et en particulier de la progression du nombre de familles monoparentales aux faibles revenus. Mais depuis les années 2000, elle est surtout le fait d’une croissance qui demeure faible et, en conséquence, d’un niveau de chômage élevé. La détérioration du marché du travail (chômage, précarité, bas salaires) pèse en particulier sur les niveaux de vie des plus jeunes qui, pour partie, sont amputés par des charges de logement en forte progression 2. Les données globales masquent en effet des contrastes très importants selon l’âge, la catégorie sociale ou le territoire notamment.

Comment la pauvreté a-t-elle évolué depuis 2015 ? L’amélioration de l’emploi est modeste mais réelle. Le nombre de titulaires de minima sociaux diminue. Cependant, le rythme actuel de l’activité économique n’est pas suffisant pour déboucher sur une baisse sensible : il est fort probable que les données aient très peu changé ces deux dernières années. Beaucoup dépendra des politiques menées, notamment en direction des jeunes.

Avertissement : à partir de 2010, les données de l’Insee ne sont plus comparables. L’Insee a changé de méthode de mesure des revenus en 2010 puis en 2012. Nous avons recalculé les données pour pouvoir faire une comparaison dans le temps, en réduisant la nouvelle valeur de l’écart entre les séries selon les deux méthodes. L’Insee a changé de méthode en 1996 ce qui entraîne une rupture de série qu’il n’est pas possible de corriger.

Notes :
1. Voir “Pourquoi la crise affole les statistiques de la pauvreté“, Observatoire des inégalités, 21 septembre 2015. ↩
2. Élément non pris en compte dans les données sur les niveaux de vie. ↩