Le social et médico social

Lettre ouverte sur la situation de l’Association de Prévention des Grésillons à Gennevilliers (92)

Novembre 2017, par Info santé sécu social
Documents joints :

Rassemblement à l’appel du collectif de soutien le vendredi 3 novembre à 18h place Gandhi à Gennevilliers

Lettre ouverte :
A Gennevilliers, le 28 octobre 2017

Objet : lettre ouverte sur la situation de l’Association de Prévention des Grésillons

Chèr·e·s collègues éducatrices et éducateurs,

Nous nous adressons à vous afin de revenir sur des allégations que font circuler la direction de l’Association de Prévention de Gennevilliers (APG) à l’encontre de certains de ses salariés. Depuis un an, un conflit non dissipé entre des éducateurs lanceurs d’alerte et la direction et présidence de l’association existe. Cette crise institutionnelle a engendré une grande souffrance au travail : abandons de poste, démissions, arrêts maladie. De plus, l’APG et ses représentants ont exacerbé la situation en attaquant les droits des salariés, en s’acharnant sur le représentant syndical, en divisant les équipes, en faisant jouer ses réseaux politiques (Mairie de Gennevilliers), en répandant des rumeurs sur des sommes d’argent qu’auraient demandé les éducateurs.
Non la situation actuelle de l’APG n’est pas du au fait que des salariés réclameraient de l’argent ou essaieraient d’organiser d’une quelconque manière le déconventionnement de l’association ! C’est honteux et diffamatoire !

Une direction dans le déni qui tente une énième fois de cacher un conflit du travail

Ces accusations semblent avoir pour but de décrédibiliser les éducateurs mis en cause, et de détourner l’attention de l’origine du conflit : la dénonciation par ces derniers de graves dysfonctionnements. Si nous souhaitons ici revenir sur ce conflit et son contexte, c’est pour permettre à tou·te·s d’en saisir les enjeux et d’en mesurer la gravité, sur la base d’éléments objectifs.
➢Novembre 2016 : des salariés, via une instance de représentation (ancienne déléguée du personnel) demandent une meilleure visibilité sur les absences des cadres pendant les temps de travail de terrain, celles-ci impactant le travail éducatif.
➢Décembre 2016 : la direction refuse l’émission d’une Information Préoccupante concernant une situation pourtant jugée inquiétante et dangereuse par l’ensemble de l’équipe éducative. L’ensemble de l’équipe éducative propose alors une formation commune avec les cadres et va même jusqu’à proposer le nom d’un juriste connu et reconnu.
➢Janvier 2017 : l’équipe, représentée par le délégué du personnel, interroge la direction sur l’absence d’outils nécessaires à protéger les conditions de travail des salariés, notamment le Document Unique d’Évaluation des Risques, l’absence de planning réalisé, le plan de formation….
➢Février 2017 : face à l’absence de livret d’accueil et au constat de traitements inégaux entre les professionnel·le·s, la demande d’une note de service visant à expliciter son fonctionnement est adressée par mail à la direction par un salarié.
➢Mars 2017 : dans le cadre d’une réunion de régulation demandée par les éducateurs, le dialogue est complètement rompu entre l’équipe éducative et son chef de service, qui revient sur ses paroles, refuse de s’exprimer et accuse le délégué du personnel « d’inventeur ». L’équipe éducative demande alors à la présidente de faire tiers dans cette situation qui semble bloquée : celle-ci décide de suspendre les réunions d’équipe et enjoint les membres de l’équipe éducative à rendre compte de leur travail de façon individuelle dans le bureau du même chef de service.
➢Mai 2017 : des salarié·e·s adressent une lettre au Directeur et à la Présidente pour pointer les multiples dysfonctionnements de l’institution. Conséquence : un éducateur à l’origine est pris à parti de façon agressive par le chef de service, lui ainsi que deux autres collègues sont sanctionnés par un avertissement, et les réunions d’équipes sont de nouveau suspendues.
➢Fin juillet 2017 : l’établissement envoie une salariée enceinte de 7 mois en séjour. Elle doit accompagner, seule et sans collègue éventuel (en cas d’aléas de la grossesse sur la route ou sur place) 3 jeunes mineurs.
➢Septembre 2017 : Les professionnel·le·s sont invités à remplir des fiches quotidiennes afin de « dresser un bilan d’action du territoire ». La direction a sanctionné les trois même éducateurs pour avoir mal remplie ces documents alors que personnes ne leur avaient expliqués la façon dont il fallait les remplir. Interrogés par ce mode d’évaluation et de contrôle, les éducateurs ne parviennent pas à obtenir de réponse claire leur permettant de remplir ces fiches de façon adaptée. Ils continuent pourtant à être sanctionnés pour ce motif.
➢9 octobre 2017 : la direction reçoit des représentants du personnel (le syndicat CGT) dans une optique de dialogue. Pourtant le jour même, elle envoie des convocations pour “entretiens préalables pouvant aller jusqu’au licenciement” à deux éducateurs.
➢20 octobre : deux éducateurs sont suspendus, en attendant le verdict des entretiens préalables au licenciement (le troisième étant « épargné » probablement grâce à son statut de salarié protégé)

L’APG divise et isole

A ce jour, pas moins de six avertissements ont été distribués ainsi que deux suspensions dans le cadre d’entretiens préalables pouvant aller jusqu’au licenciement. Bien loin de chercher l’apaisement, la direction a donc mis en place un arsenal de mesures répressives à l’encontre des éducateurs qui ont souhaité mettre en lumière des dysfonctionnements dans le travail éducatif.

Après près d’un an de conflit, il apparaît inévitable de mettre fin à ce huis-clos en alertant une nouvelle fois et en démentant les accusations à l’égard des éducateurs concernés.
Non, les salariés ne mettent pas de « coup de pression », ils tentent d’alerter et de chercher du soutien face à des problématiques d’éthiques professionnelles et des pratiques de harcèlement. Ils sont en effet soutenus par ceux qui ont bien voulu leur tendre l’oreille (éducateurs, syndicats,…), et sont attristés et indignés par les suspicions d’enjeux financiers.

Non, les salariés et ex-salariés ne demandent pas le déconventionnement de l’APG mais se battent pour leurs conditions de travail et les conditions d’accompagnement de leur public !
Nous défendons une prévention spécialisée au service des publics et d’un accompagnement sécurisant, bienveillant et adapté. Nous n’oublions pas notre mission de protection de l’enfance. Nous somme convaincu·e·s du bien fondé de cette démarche ainsi que tou·te·s celles et ceux qui chaque jour les soutiennent. Nous sommes fièr·e·s du combat de nos collègues, qui est aussi le nôtre.
Merci de nous aider à relayer cette lettre, nous ne pouvons compter que sur la solidarité,

Collectif de soutien aux éducateurs mobilisés de l’APG
Contact : collectifapg@gmail.com


Lire la motion de solidarité de la fédération CGT santé et action sociale, le courrier de l’Union locale CGT et le communiqué de presse de Solidaire 92 :

Documents joints :