La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Journal International de Médecine - Souffrance des médecins hospitaliers : le poids de la quête du pouvoir

Janvier 2018, par Info santé sécu social

Grenoble, le mardi 9 janvier 2018 -

Le suicide d’un jeune neurochirurgien sur son lieu de travail au CHU de Grenoble a mis en lumière les situations difficiles traversées par d’autres professionnels dans cet établissement. Différents témoignages convergents ont conduit le ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à diligenter une enquête, qu’elle a confiée à Édouard Couty, médiateur national du ministère de la santé sur le sujet de la souffrance des soignants.

Au-delà de l’analyse du cas tragique de ce médecin, dont les causes de l’autolyse demeurent (comme toujours) complexes à déterminer, ce document signale une nouvelle fois la dégradation de la gestion hospitalière comme source importante de souffrance des personnels mais souligne aussi des éléments moins fréquemment approfondis.

Quand l’agrégé paraît
Ainsi, dans les deux services où les tensions apparaissent les plus importantes dans ce centre, ce sont les enjeux de pouvoir et la course aux postes universitaires qui apparaissent en cause.

On constate ainsi que des querelles naissent fréquemment en marge des nominations à des postes hospitalo-universitaires, en particulier quand un PU-PH est promu dans un service où il n’exerçait pas auparavant.

Il est ainsi rapporté des conflits « aggravés par des rumeurs » qui ne pourraient se régler qu’après des départs…

Quitter l’hôpital…mais avec son poste
Dans le cas considéré comme le plus grave, une jeune PU-PH de néphrologie manifestement harcelée, en arrêt maladie depuis mai 2017 et soutenue par l’association Jean-Louis Mégnien, le praticien a été autorisée à quitter définitivement le CHU, tandis que son poste a été fermé. Il s’agit d’une sorte de mesure punitive pour l’hôpital qui a été validée par Agnès Buzyn qui a énoncé un nouveau principe selon lequel, dans les situations avérées de harcèlement au travail, les établissements perdraient le bénéfice du poste occupé par la victime nommée dans un autre hôpital…

En outre, sur un plan plus général, Édouard Couty appelle à un meilleur accompagnement des nouveaux PU-PH dans leur prise de fonctions, à la création d’un système de veille visant à anticiper les conflits et à l’assouplissement d’un management uniquement basé sur des « indicateurs d’activité ».

Frédéric Haroche