La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Paris Normandie.fr : Écouis (Eure) : une aide-soignante tente de se suicider à l’Ehpad

Février 2018, par infosecusanté

Écouis (Eure) : une aide-soignante tente de se suicider à l’Ehpad
PN 21/02/2018
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La CGT souhaite alerter l’opinion sur les conditions de travail du personnel des Ehpad
Social. Une aide-soignante a tenté de mettre fin à ses jours alors qu’elle travaillait à l’Ehpad d’Écouis. Les syndicats dénoncent les conditions de travail.
Sur l’ensemble du territoire national, la mobilisation du personnel des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne cesse de croître pour dénoncer les conditions de travail. Tous souhaitent alerter l’opinion pour éviter le pire. Malgré les alertes, un drame a déjà été évité de justesse à l’Ehpad des Quatre Vents d’Écouis, dans l’Eure.

« On fabrique de la maltraitance »

Le dimanche 14 janvier, alors qu’elle avait repris son poste depuis quatre jours après un arrêt de travail entamé en octobre, une aide-soignante a tenté de mettre fin à ses jours. La quadragénaire, employée dans l’établissement depuis une dizaine d’années, a avalé un bol de médicaments « ramenés de son domicile », selon la direction. « D’après une collègue présente sur place, elle venait de faire une crise de paranoïa. Elle vérifiait tout trois ou quatre fois », indique Jérôme Pineau, secrétaire général de la CGT au centre hospitalier Seine-Eure. « Elle a avalé les médicaments lors de sa pause. L’infirmière a ensuite constaté qu’elle ne tenait plus debout. Elle a immédiatement appelé les secours qui l’ont conduit au centre hospitalier de Gisors », poursuit le syndicaliste.

D’après les syndicats, l’aide-soignante était en conflit avec sa direction depuis des mois, cette dernière lui reprochant des « actes à la limite de la maltraitance commis sur deux résidentes en mai et en septembre », explique Cathy Margerie, secrétaire générale de l’USD CGT santé action sociale. « Or, lorsqu’un soignant n’a que dix minutes pour effectuer une toilette, on fabrique de la maltraitance », ajoute Jérôme Pineau.

Marianne Cardaliaguet, directrice de l’établissement, rejette ce terme. « Deux résidentes se sont plaintes auprès du personnel encadrant que la prise en charge de l’aide-soignante n’était pas conforme aux procédures en vigueur. » La soignante aurait alors tenu des « paroles vexatoires » et aurait pris une « décision unilatérale, contraire aux habitudes de vie des résidentes », précise la directrice, qui indique avoir saisi l’Agence régionale de santé (ARS) à la suite de la tentative de suicide.
Convoquée en entretien disciplinaire en octobre, l’aide-soignante a alors vu sa notation baisser de 1,5 point, soit l’équivalent de six années d’ancienneté. « Du jamais vu, selon les syndicats. Elle a ensuite été arrêtée pour un accident du travail. »

« Le personnel n’en peut plus »

Si la CGT pointe du doigt le manque de personnel, Marianne Cardaliaguet indique, de son côté, que « l’effectif autorisé est largement pourvu. Une réévaluation de la charge de travail et de l’effectif est prévue, de longue date déjà, pour cette année, en partenariat avec l’ARS ».
Pour le syndicat, « un drame a heureusement été évité. Mais le personnel n’en peut plus, les conditions de travail sont déplorables, regrette Jérôme Pineau. Et cela met en danger non seulement le personnel mais aussi les patients. Ça suffit ! »

Celia MICK