L’hôpital

JIM - Urgences : les plaintes et les propositions se multiplient

Mai 2018, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 22 mai 2018 –

Jeudi soir, les personnels soignants de l’hôpital Henri Mondor à Créteil ont appris la visite le lendemain du ministre de la Santé, Agnès Buzyn, attendue notamment au centre de régulation du Samu. Pour de nombreux représentants syndicaux, la venue du ministre était une promesse d’évoquer les nombreuses attentes de l’hôpital, en pleine restructuration, avec des inquiétudes particulières concernant par exemple le maintien de l’activité de greffe hépatique dans le Val de Marne, menacée par la fermeture prochaine de différents services d’Henri Mondor. Au-delà du seul sort de l’établissement de Créteil, la visite d’Agnès Buzyn intervenait dans un contexte de malaise de plus en plus profond. Ainsi, le même jour, était prévu le passage de la caravane de la CGT AP-HP, qui à travers un périple supposant plusieurs étapes entend dénoncer les différents problèmes dont souffre notre système de santé.

Chahut et silence
Les attentes des représentants des syndicats et des personnels soignants ont été déçues. Malgré les chahuts, notamment au moment du point presse, le ministre a refusé de discuter des revendications des différents manifestants. « Jamais on a vu une ministre ne pas venir saluer une caravane » s’est désolé dans les colonnes du Parisien, Fabien Cohen, porte-parole de la coordination de vigilance et de défense de l’hôpital. La plupart des professionnels de santé présents ont exprimé la même déception.

Néanmoins, tous les sujets n’auront pas été éludés. Ainsi, le conseiller médical du ministre a fait savoir que le groupe de travail sur la greffe hépatique de l’AP-HP allait être réuni prochainement pour faire le point sur la situation du Val de Marne et d’Henri Mondor.

Rassurer mais réformer
Si le ministre a préféré ne pas se frotter aux mécontents c’est que l’objectif de sa visite était délicat. Double, il avait tout à la fois pour but de saluer le travail conduit par les personnels du Samu, rudoyés, critiqués et parfois même menacés après la révélation de l’affaire Musenga, et en même temps de souligner l’importance d’une amélioration des pratiques. Le ministre s’est ainsi d’abord employé à « rassurer les personnels sur la confiance que les Français ont dans leur Samu ». Elle a assuré que les événements « dramatiques sont rares » et a évoqué le « travail remarquable » des agents. Cependant, le ministère de la Santé ne peut ignorer que le cas de Naomi Musenga n’est pas totalement isolé. Dans toute la France, des témoignages ont afflué pour évoquer des prises en charge en décalage avec la gravité affichée et parfois non respectueuses des patients. Des plaintes ont été déposées, qui si elles concernent parfois des situations où les manquements du Samu apparaissent moins flagrants que dans le cas Musenga, suggèrent des pratiques qui ne confèrent pas toujours la protection espérée. Agnès Buzyn a évoqué ces « affaires qui remontent » et estime que la mise en place d’une « assurance qualité » s’impose. Le ministre de la Santé plaide ainsi pour que l’ensemble des structures responsables de la régulation des urgences soit l’objet d’une « certification » régulière.

Généralistes mis à contribution
Ces suggestions venaient clore une semaine qui s’était ouverte par une réunion avec les représentants des urgentistes auxquels le ministre de la Santé a confié le soin d’élaborer pour le début du mois de juillet de nouvelles propositions concernant le fonctionnement du Samu, propositions qui insisteront notamment sur le contrôle des procédures et sur la formation des agents. Aujourd’hui, une autre phase débute avec la remise des premiers rapports commandés dans le cadre de la grande réorganisation du système de santé annoncée par le Premier ministre. Ainsi, Thomas Mesnier, député LREM, médecin du Samu et urgentiste doit présenter aujourd’hui à Agnès Buzyn ses 19 propositions pour une meilleure réponse aux soins non programmés. Son plan préconise notamment une participation obligatoire des médecins généralistes aux « premiers soins ». Ce retour de la permanence des soins contrainte ne devrait guère séduire les principaux intéressés ; ce qui n’empêche pas Thomas Mesnier de plaider également pour que les généralistes interviennent directement dans les centres 15. Affaire à suivre.

Aurélie Haroche