L’hôpital

Lequotidiendumedecin.fr : Gabegie à l’hôpital : la Cour des comptes étrille le recours trop fréquent et « souvent décevant » aux cabinets de conseil

Juillet 2018, par infosecusanté

Gabegie à l’hôpital : la Cour des comptes étrille le recours trop fréquent et « souvent décevant » aux cabinets de conseil

Anne Bayle-Iniguez

| 10.07.2018

La Cour des comptes s’est penchée sur le recours des hôpitaux aux consultants et prestataires extérieurs, dans le cadre de marchés publics. Fréquence, coût, intérêt de la démarche… Dans un référé publié lundi, les Sages n’y vont pas par quatre chemins : dans quatre cas sur cinq, la pertinence de cette pratique est considérée comme « moyenne », voire « faible ».

Le recours aux cabinets de conseil est parfois particulièrement inapproprié au regard des difficultés financières que connaissent les établissements (un demi-milliard d’euros de déficit en 2016 sur l’ensemble du secteur public hospitalier, 890 millions d’euros en 2017). Si les marchés publics de conseil représentent moins de 1 % du budget global d’un hôpital, la note peut dépasser le million d’euros pour les grosses structures de type CHU

Doublons

Les demandes de conseils concernent autant les domaines financier, juridique, stratégique, managérial, organisationnel, l’investissement que les ressources humaines (RH). C’est d’ailleurs sur ce dernier volet que le travail des conseillers extérieurs est le plus pertinent depuis la mise en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui obligent les établissements à mutualiser leur fonction RH.

Pour le reste, le référé de la Cour des comptes révèle des pratiques qui confinent à l’absurde. Exemple : deux études sont demandées en parallèle par le comité d’hygiène (CHSCT) et la direction d’un même hôpital sur un même sujet.

La Cour pointe également les résultats « souvent décevants » et les marchés « fréquemment irréguliers », faute de transparence. Là encore, la gabegie administrative est à l’œuvre. « Ainsi, des travaux [payants, NDLR] rendus sur les risques psychosociaux s’appuient essentiellement sur les bilans sociaux établis par l’établissement lui-même », gratuitement donc, note la Cour.

Conseils laconiques

Pour une mission de mise en place d’un agenda 21 sur l’environnement, les outils proposés par les consultants extérieurs existaient déjà au sein de l’hôpital en demande. Pareillement, les hôpitaux vont faire appel à des cabinets pour valoriser leur patrimoine immobilier alors même qu’il existe dans leur mur un service dédié à cette tâche.

Quant aux études financières, leurs commentaires sont succincts et leurs recommandations bien « anodines ». La qualité des conseils stratégiques est « faible », les préconisations « très générales et laconiques ».

La Cour va plus loin en indiquant que le recours trop fréquent aux consultants extérieurs va jusqu’à « affaiblir » les hôpitaux. Cette pratique « appauvrit » les compétences internes au sein des établissements, « qui ne cherchent plus à valoriser le domaine d’expertise concerné dans leur politique de recrutement ou de formation ».