Emploi, chômage, précarité

Le Figaro.fr : Le Secours catholique tire la sonnette d’alarme sur l’état de la pauvreté en France

Novembre 2018, par infosecusanté

Le Secours catholique tire la sonnette d’alarme sur l’état de la pauvreté en France

Par Marc Landré

le 08/11/2018

Le rapport 2018 sur l’état de la pauvreté en France du Secours catholique-Caritas France donne une image relativement sombre de la situation de l’Hexagone. Les lignes de front de l’opus publié ce jeudi matin ? Plus de femmes et de seniors accueillis, des taux d’impayés et de non-recours des prestations en hausse.

Comme chaque année, le Secours catholique-Caritas France publie (ce jeudi) son rapport statistique sur l’état de la pauvreté, basé sur les 86.275 fiches renseignées en 2017 lors des rencontres avec les personnes que l’association accueille tout au long de l’année. Un rapport qui « permet de prendre la mesure des facteurs de pauvreté touchant les personnes précaires et de voir les évolutions des situations en France », explique l’association qui a célébré ses 70 ans en 2016. La situation ne s’améliore pas, la preuve en 7 chiffres clés dont chacun fait froid dans le dos.

● 56,1% de femmes

En 2017, les femmes sont majoritaires au sein des accueils du Secours catholique et représentent 56,1% des adultes rencontrés. Une proportion supérieure à la moyenne dans la population générale « traduisant une plus grande fragilité relative des femmes par rapport aux hommes », indique le Secours catholique. 40% sont des mères isolées et 30% sont seules, vivant pour la plupart sous le seuil de pauvreté.

● Un tiers de seniors

La part des adultes de plus de 50 ans progresse qui représentent désormais un tiers des hommes et des femmes rencontrés, contre un peu plus d’un quart en 2010. Pis, la seule part des plus de 60 ans a grimpé de 5 points depuis le début de la décennie pour dépasser désormais les 10%. Pour le secours catholique, cette réalité « traduit une précarisation progressive des personnes âgées isolées dont les enfants ont quitté le foyer » (le cas de 80% d’entre eux).

● Une très grande majorité de chômeurs

En 2017, les actifs représentent 61% des adultes rencontrés, dont plus des deux tiers sont au chômage et un peu moins d’un tiers sont en emploi (1,4% en formation). « Les chômeurs demeurent de loin la catégorie active la plus vulnérable : leur proportion dans les accueils est près de 8 fois plus élevée que dans la population globale », remarque le secours catholique qui note un taux de chômage des adultes rencontrés de... 67,8% (contre un peu plus de 9% dans la population générale). Il s’agit, en majorité, de seniors, peu qualifiés et sans emploi depuis longtemps. « Leur durée moyenne de chômage s’élève à 2,6 années en 2017, soit une augmentation de plus d’une année depuis 2010 », précise l’association présidée depuis 2014 par Véronique Fayet.

Six sur dix sont en effet au chômage de longue durée (1 an) et quatre sur dix de très longue durée (plus de 2 ans), contre des proportions de 45% et 23% dans la population générale. Côté ressources, les deux tiers des chômeurs rencontrés ne perçoivent aucune indemnité (ils sont arrivés en fin de droits ou ne sont pas couverts) et ont basculé au RSA, avec un niveau de vie médian donc de 500 euros environ, soit moins que la moitié du seuil de pauvreté (à 60% du revenu de vie médian). Ils sont pour la grande majorité « découragés » et dans des situations d’inactivité subies qui « traduisent un manque de perspective et un éloignement parfois définit du marché de l’emploi stable », conclue le Secours catholique.

● 540 euros de niveau de vie médian

Le niveau de vie médian des ménages accueillis au Secours catholique en 2017 atteint 540 euros, en baisse de 6 euros en un an. En 2017, neuf ménages sur dix qui se sont présentés l’année dernière auprès de l’une de ses 3700 équipes locales réparties en 75 bureaux sur le terrain ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté à 60% du revenu de vie médian (donc en dessous de 1026 euros par mois) et près de deux sur trois sont en situation d’extrême pauvreté, avec un seuil à 40% (soit un revenu de 684 euros par mois).

● Deux ménages sur trois en situation de pauvreté

Le Secours catholique note un accroissement de la part des ménages dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, des ménages essentiellement sans enfants, souvent âgés de plus de 65 ans et de nationalité française.

● Plus d’un ménage sur deux en situation d’impayés

Il y a une corrélation positive forte entre niveau de vie et l’existence d’impayés. Et pourtant, ce ne sont pas les plus pauvres qui ont le plus de factures non réglées. « Le niveau de dépenses augmente souvent plus proportionnellement par rapport aux ressources », précise le Secours catholique. Au total, plus d’un ménage rencontré sur deux a des impayés, un taux en baisse depuis 2013. Le montant médian est ainsi passé de 778 à 789 euros en euros constants. « Cependant, les ménages avec de très faibles ressources qui s’endettent le font dans des proportions plus dramatiques, avec un montant d’impayés proche de celui de leurs ressources, note l’association. Pour les ménages en situation d’impayés avec des ressources inférieures à 299 euros, l’endettement médian est plus de 2,5 fois supérieur aux ressources ». Ce sont les dépenses liées au logement qui génèrent le plus d’impayés : 42% des ménages accueillis concernés ont des impayés de loyers et 42% d’impayés d’énergie.

● Des taux de non-recours aux prestations sociales en hausse

Le non-recours, plus répandu chez les inactifs que parmi les chômeurs, a globalement augmenté pour tous les types de ménage. Malgré la quasi-universalité des allocations familiales, le Secours catholique a noté un recours en net recul depuis 2010 des ménages accueillis dans les centres. Parmi les ménages en situation régulière et ayant la charge d’au moins deux enfants de moins de 18 ans, un quart ne perçoit pas d’allocations familiales en 2017, contre 18% en 2010. Concernant le RSA, un ménage sur trois rencontré ne bénéficie pas d’une aide financière importante à laquelle il aurait droit. Il s’agit notamment des pères seuls (désaffiliés après une séparation), suivis des couples avec enfants et des hommes seuls.