L’hôpital

Le Monde.fr : A Mulhouse, les urgences s’enfoncent dans la crise

Octobre 2019, par infosecusanté

Le Monde.fr : A Mulhouse, les urgences s’enfoncent dans la crise

Après le départ de nombreux médecins pendant l’été, avec seulement sept praticiens titulaires à la rentrée contre vingt-six quelques mois plus tôt, c’est au tour des dix-sept internes en formation de se mettre en arrêt maladie.

Par François Béguin

Publié le 5 octobre 2019

Le service d’accueil des urgences de l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin) s’enfonce un peu plus dans la crise. Après le départ de nombreux médecins pendant l’été, avec seulement sept praticiens titulaires à la rentrée contre vingt-six quelques mois plus tôt, c’est au tour des dix-sept internes en formation de lâcher prise. Depuis le 30 septembre, tous sont en arrêt maladie pour des durées allant d’une semaine à un mois.

« Livrés à eux-mêmes, ils se sont retrouvés en première ligne, à prendre des décisions majeures », explique Yoann Grimaud, du syndicat autonome des internes des hospices civils de Strasbourg (SAIHCS). Selon lui, ces étudiants en première année d’internat, qui avaient auparavant seulement réalisé un stage de six mois, se sont trouvés dans une « situation d’angoisse majeure » et de « stress permanent », prenant leur poste « la boule au ventre, les larmes au bord des yeux… » « Les internes ne sont pas aptes à faire tourner un service seuls », ajoute Mathieu Werner, du SAIHCS.

« Les rares médecins sur place étant souvent indisponibles ou intérimaires, ce sont ces étudiants en première année d’internat qui se retrouvent en première ligne, seuls face à des situations extrêmement compliquées : malades en fin de vie admis aux urgence, détresses respiratoires sous ventilation aritificielles, chocs sceptiques... », ont fait valoir dans un communiqué commun publié 3 octobre le SAIHCS et le Sarra-IMG, le syndicat des internes en médecine générale de la région Alsace.

Pour les deux syndicats, cette situation n’est « pas acceptable ». « Nous ne pouvons tolérer que des étudiants soient utilisés pour combler des brèches, en sacrifiant leur formation, leur santé et celle des patients », ont-ils fait valoir, menaçant du dépôt d’un « préavis de grève ».

Chefs de cliniques mobilisés

De nouvelles réunions sont prévues en début de semaine prochaine avec la direction de l’hôpital et l’agence régionale de santé (ARS) Grand-Est. Il s’agit de savoir si de nouveaux internes, tout juste sortis des bancs de la faculté, arriveront – ou non – à partir du 1er novembre aux urgences de Mulhouse. Une arrivée à laquelle s’opposent les syndicats d’internes si le nombre de médecins titulaires n’est pas renforcé.

« La crainte des internes est réelle, il y a un réel déficit d’encadrement, on ne peut pas les remettre sur le terrain ainsi, ce serait inconséquent », déclare Jean Sibilia, le doyen de la faculté de médecine de Strasbourg. « On va venir au secours des urgences par des forces universitaires », annonce-t-il au Monde. Deux professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) et « un ou deux » chefs de clinique devraient ainsi venir « dès la semaine prochaine » exercer par demi-journées des missions d’encadrement aux urgences de Mulhouse.

A l’ARS, on assure qu’une réunion permettra, le 8 octobre, d’« organiser et sécuriser au mieux l’accueil et l’encadrement des internes au sein du service des urgences (…) dans le respect de la qualité pédagogique des stages ». La direction de l’hôpital explique pour sa part que, suite à une « campagne de publicité à diffusion nationale », des urgentistes « se sont portés candidats à la chefferie de service » et que le « recrutement définitif d’un médecin urgentiste est en cours pour une arrivée prévue au mois de novembre ».

François Béguin