Perte d’autonomie, “dépendance”

Le Monde.fr : Dépendance : le gouvernement débloque un plan pour les aidants

Octobre 2019, par infosecusanté

Le Monde.fr : Dépendance : le gouvernement débloque un plan pour les aidants

Quatre cent millions d’euros sont attribués en faveur des personnes qui prennent soin de proches malades, handicapés ou âgés.

Par Béatrice Jérôme •

Publié le 29 octobre 2019

Ils sont entre 8 et 11 millions et leur nombre est appelé à croître avec l’avancée en âge de la société française. Qu’ils prennent soin d’une personne handicapée, malade ou d’un parent âgé, ceux que l’on appelle les « proches aidants » sont guettés par l’isolement social, l’épuisement, voire le décrochage scolaire pour les plus jeunes.

Si depuis quelques années, les solutions pour les épauler émergent sur le terrain, elles restent éparses et peu connues des intéressés. Il s’agit de « reconnaître » les aidants, et de leur « bâtir une place dans les politiques publiques », avait indiqué le président de la République Emmanuel Macron, le 25 avril.

Pour relayer cette ambition, le chef du gouvernement Edouard Philippe a chargé Agnès Buzyn, ministre de la santé et des solidarités, d’élaborer, avec Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, un plan de « mobilisation et de soutien des proches aidants ». Il l’a dévoilé, mercredi 23 octobre, à l’occasion d’une visite dans un lieu consacré aux jeunes aidants à Chamarande (Essonne) avec Mmes Buzyn et Cluzel. « C’est la première fois qu’un gouvernement met sur la table une stratégie nationale pour simplifier la vie de l’ensemble des aidants », souligne Matignon.
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Inspiré des travaux de parlementaires de la majorité et reflet des attentes des associations qui agissent pour les aidants, ce plan comporte six « priorités » assorties d’une enveloppe de 400 millions d’euros sur la période 2020-2022.

Congé indemnisé

Près d’un aidant sur deux est un salarié et un actif sur six est un aidant. C’est donc à eux que s’adressent principalement les mesures du gouvernement.

L’un des dispositifs les plus importants du plan figure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en cours d’adoption au Parlement. Il prévoit l’indemnisation du congé que prendra un salarié qui interrompt son activité professionnelle pour s’occuper d’une personne handicapée ou âgée. Il sera indemnisé à hauteur de 43 euros par jour s’il vit en couple et 52 euros s’il est seul. Le gouvernement table sur une montée en charge progressive des bénéficiaires. Cette indemnisation devrait coûter 100 millions d’euros par an à partir de 2022. Elle ne pourra être versée que pour trois mois sur toute la durée d’une carrière professionnelle.

Si la mesure est saluée par les associations et par les parlementaires de la majorité impliqués dans le dossier, certains acteurs du secteur regrettent que le congé indemnisé ne puisse pas être prolongé sur un an.
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« C’est une avancée, souligne Jocelyne Guidez, sénatrice (Union centriste) de l’Essonne, auteure de la loi de mai 2019 sur les aidants familiaux, mais j’ai peur que ce congé ne soit trop court pour beaucoup d’aidants. Il est regrettable qu’il ne soit pas accessible aux aidants de personnes atteintes d’un cancer notamment ».

« On a voulu aller vite pour créer le congé pour proches aidants, explique le cabinet d’Agnès Buzyn. On a prévu une clause de revoyure dans deux ans au terme d’un rapport d’évaluation qui sera remis au Parlement. Ce plan vise aussi à mettre plus de souplesse dans l’utilisation des dispositifs existants pour les aidants salariés. »

« Créer un réflexe »

Pour enrayer leur fatigue et permettre aux aidants d’avoir du temps pour eux, diverses solutions existent déjà : l’accueil temporaire de la personne âgée aidée dans un Ehpad ou l’appel à une personne bénévole qui prend le relais auprès de la personne aidée.

Le plan du gouvernement prévoit le « renforcement et la diversification des solutions de répit » en y consacrant 105 millions d’euros. L’objectif est de doubler d’ici à 2022 la capacité d’accueil temporaires des personnes handicapées ou âgées et de doubler le nombre d’aidants soutenus. Leur nombre augmenterait ainsi de 450 000 en trois ans.
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Le gouvernement veut aussi trouver des volontaires auprès des jeunes en service civique ou en service national universel. « C’est un plan très pragmatique et très concret, assure le cabinet de Sophie Cluzel. L’idée est d’utiliser tous les leviers pour créer un réflexe “proches aidants” dans toute la société. Le plan mobilise les entreprises, les collectivités, l’éducation nationale, les professionnels de santé et du secteur médico-social. »

Le plan jette également un coup de projecteur sur les quelque 500 000 jeunes aidants qui s’occupent de leur parent, frère ou sœur handicapé ou gravement malade. Il est notamment prévu des actions pour former les personnels de l’éducation nationale à « repérer et orienter les jeunes aidants » et à les inciter à aménager leur temps scolaire (études et examens).
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Le gouvernement compte par ailleurs mettre en place un numéro de téléphone unique et créer une plate-forme numérique qui recensera toutes les initiatives sur les différents territoires. Enfin, un « comité de suivi » présidé par Agnès Buzyn et Sophie Cluzel se réunira tous les six mois pour vérifier l’impact des mesures.

Béatrice Jérôme