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Le Parisien - Ségur de la santé : les médecins hospitaliers claquent la porte

Juin 2020, par Info santé sécu social

Après un mois de discussions, les tensions se multiplient autour du Ségur de la santé. Ce mardi matin encore, les médecins hospitaliers ont quitté la table des négociations. La veille, on critiquait ce « big bazar ».

Par Daniel Rosenweg
Le 23 juin 2020 modifié le 24 juin 2020 à 07h19

A deux semaines de la fin du Ségur de la santé, la situation se tend entre certains partenaires sociaux et Nicole Notat, choisie par Olivier Véran, ministre de la Santé, pour piloter cette vaste concertation devant déboucher sur des annonces à la mi-juillet. Déjà samedi, les syndicats du secteur public avaient dénoncé un projet de protocole d’accord non chiffré.

Ce mardi matin, les syndicats de praticiens hospitaliers et d’internes, qui représentent les 40 000 médecins du secteur public ont cette fois claqué la porte des discussions. Ils avaient rendez-vous pour une nouvelle réunion portant notamment sur la revalorisation des salaires.

L’intersyndicale avait déjà fait connaitre ses propositions, qu’elle a donc réitérées : salaire de 5000 euros net en début de carrière à 10 000 euros net en fin de carrière, hors primes et indemnités, une revalorisation qu’elle souhaite « immédiate » à laquelle s’ajouteront diverses hausses d’indemnités et primes, dont 300 euros pour les internes, le paiement des heures supplémentaires, la possibilité d’enseigner en étant rémunéré… En moyenne et globalement, ces doléances représentent une hausse de rémunération de 30 %, soit une facture de deux milliards d’euros.

« Beaucoup d’internes prêts à quitter le secteur public »
« On a perdu 60 % de revenus en vingt ans », justifie Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), qui, avec ses confrères des autres syndicats a claqué la porte des discussions ce mardi. « Il n’y avait ni calendrier ni chiffrage, on fait du marche arrière, poursuit-elle. Le protocole d’accord qui nous a été présenté ce matin ne mentionnait même plus nos revendications de salaires minimums à 5000 euros nets. »

Furieux, les syndicats, dont le prochain rendez-vous dans le cadre du Ségur est prévu mardi prochain, réclament maintenant et « en urgence » un rendez-vous avec le ministre de la Santé, Olivier Véran. « Avant les municipales, et avant le grand remaniement ministériel qui s’annonce, car on ne veut pas tout recommencer ! » conclut Rachel Bocher. « Sans avancée, beaucoup des 30 000 internes, dont la présence est indispensable au fonctionnement de l’hôpital, sont prêts à quitter le secteur public », tacle Justin Breysse, président de l’Intersyndicale nationale des internes.

Le secteur privé également frustré
La veille, lundi, c’était au tour des établissements privés, lucratifs et non lucratifs, et des organismes de soins et aide à domicile d’être reçus par Nicole Notat. « Nous, on a droit à une seule réunion de discussion quand l’hôpital public en est déjà à 23, on ne compte pas alors qu’on représente près de 500 000 salariés, s’offusque un responsable de la Fédération de l’hospitalisation privée. Et sur deux heures de réunions, Mme Notat n’est restée que 50 minutes ! Au bout du compte, on n’a aucun élément, on ne voit se dessiner aucun critère, c’est désagréable. »

Président du groupe Vivalto, qui compte 40 cliniques, dont une dizaine en Ile-de-France, Daniel Caille met les pieds dans le plat : « Je redoute des solutions médiocres à la sortie de ce big bazar, cette réunionite au moment où il faut agir en urgence ! Nous sommes à la même enseigne que l’hôpital : 10 % de postes vacants chez les paramédicaux, soit 20 000 emplois manquants, un fort besoin de reconnaissance salariale et d’attractivité. Nos infirmières gagnaient l’équivalent de deux smic en moyenne il y a 20 ans, elles ne sont plus qu’à 1,3 smic. »

Quant au secteur du grand âge, également invité ce lundi au Ségur, il a le sentiment d’être « sur un strapontin ». « On ne parle que du public dans ce Ségur. Toute décision prise aura un impact sur le privé et nous sommes pourtant tenus à l’écart de toute discussion », s’agace Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées. Un comble à l’heure où le gouvernement affiche sa volonté de créer un cinquième risque de la Sécurité sociale dédié au grand âge et à la dépendance ».