Le social et médico social

« Le 115, numéro de l’accueil et l’hébergement d’urgence : Entre droits, lois et réalités de terrain. »

Octobre 2016, par infosecusanté

« Le 115, numéro de l’accueil et l’hébergement d’urgence : Entre droits, lois et réalités de terrain. »

Par Sandra, collectif des travailleurs sociaux 76


 L’accueil, l’hébergement et l’insertion des personnes en rupture d’hébergement relève de la compétence principale de l’état.
Dans chaque département est crée un service d’accueil et d’orientation, pour une première évaluation sociale, médicale et psychique.

Le 115 est le numéro d’appel pour l’accueil des sans-abris. Le travailleur social qui répond aux appels a pour mission d’accueillir, d’informer et orienter les personnes.
 Pour l’hiver 2016, 442885 demandes d’hébergement ont été effectuées par 66764 personnes différentes. Par rapport à l’année dernière, le nombre de demandes et de personnes en demande a diminué de 4% , mais le taux de non attribution d’hébergement stagne à 57 %.

Clairement, les personnes qui n’ont pas de solution d’hébergement restent à la rue, passent des heures à essayer de joindre la ligne. C’est violent, destructeur, et les travailleurs sociaux s’interrogent sur le sens de leurs missions : « Suis-je le pion chargé de dire aux gens qu’on a pas de place ? »

 Or, la loi prévoit « un abri pour toute personne en situation de détresse médicale, psychique ou sociale. » (Code de l’action sociale et des familles, article L345-2-2).
L’absence de réponse en matière d’hébergement contredit la loi dite de « lutte contre les exclusions », 29/07/98 : Ce texte insiste sur la primauté de l’accès aux droits, notamment la santé, et la protection sociale.

Par ailleurs, l’état confie aux départements les missions de protéger les mineurs en danger. C’est « l’aide sociale à l’enfance. » ..Les personnes qui appellent le 115 ont souvent des enfants, certains en bas âge.

 Dans de nombreux départements, le principe du « turn-over » se généralise : Chaque demandeur « bénéficie » de quelques heures de mise à l’abri, et « laisse sa place » à un autre qui ..attend son tour.

Une telle stratégie est parfois défendue par les administrateurs du 115 : Toute personne peut ainsi bénéficier de l’hébergement. Cependant, les travailleurs sociaux constatent qu’un tel principe est nuisible aux personnes : Comment engager des démarches, avec la quasi- certitude de revenir à la rue quelques heures plus tard ?
Sur le plan du droit, l’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence est bafouée : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y demeurer dès lors qu’elle le souhaite, et bénéficie d’un accompagnement personnalisé. » (Code de l’action sociale et des familles, article L345-2-3).
Si la carence de l’état est prouvée, il s’agit d’une atteinte à une liberté fondamentale.(arrêt du conseil d’état, 2012.)

Les personnes en recherche d’hébergement, migrantes ou non sont contraintes à une débrouille incessante .La société cherche en sorte sorte à les rendre « invisibles », à l’image de la « résorption progressive » du camp de migrants de Calais, ordonné par le ministre de l’intérieur..Doux euphémisme qui cache une évacuation immédiate, avec CRS et buldozers, au mépris du droit d’asile.
 Ne pas se laisser imposer des politiques de mise à l’écart, d’exclusion, c’est une base du travail militant.

Résister, c’est aussi défendre l’accès aux droits . Ces sont des valeurs fondatrices du travail social, et souhaitons que ceux-ci s’en emparent de nouveau, mais c’est l’affaire de tous !

Sandra (collectif travailleurs sociaux 76)