Les professionnels de santé

JIM - L’inflation pèse lourdement sur les revenus des médecins en 2022

Juillet 2023, par Info santé sécu social

Voilà qui devrait donner du grain à moudre aux syndicats de médecins libéraux, qui estiment que la hausse de 1,50 euros du tarif de la consultation décidée en avril dernier est insuffisante et que ce tarif devrait être fixé à 30 voire à 50 euros. Selon les derniers chiffres de l’Union nationale des associations agréées (Unasa), consultés et révélés par le Quotidien du médecin, le revenu des médecins a fortement chuté en 2022, dans presque toutes les spécialités médicales considérées.

La baisse est particulièrement nette pour les généralistes, leurs bénéfices net comptable avant impôt ayant diminué de 7 % en 2022, passant en moyenne de 96 333 euros à 90 141 euros. Une baisse qui suit une première légère diminution de leurs revenus en 2020 (- 1,5 %) liée au confinement puis une forte hausse en 2021 (+ 9 %) rendue possible par le déconfinement et la mise en place par l’Etat de différents mécanismes d’aides aux professionnels touchés par les mesures sanitaires (comme le report de paiement de certaines cotisations sociales par exemple).

Une rentabilité en baisse pour les généralistes
La forte baisse enregistrée en 2022 est d’ailleurs en partie due au rattrapage de ces mesures d’aides, qui ont pris fin avec la crise sanitaire mais surtout à l’inflation (qui s’établit à 5,2 % en 2022) qui a fait exploser le coût des charges externes (énergie, fournitures…). En parallèle, après une augmentation continue ces dernières années (liée à la diminution du nombre de généralistes installés), l’activité des omnipraticiens stagne (- 0,6 %). « J’ai l’impression qu’on a atteint une sorte de plafond d’activité, un médecin qui travaille déjà plus de 12 heures par jour ne peut pas exercer 14 heures » analyse Béchir Chebbah, président de l’Unasa. Conséquence de cette hausse des charges, la rentabilité des généralistes est en baisse : seulement 55,7 % de leurs honoraires sont convertis en résultat net, contre 59,2 % en 2021.

Malgré une hausse de l’activité, la plupart des spécialistes connaissent des baisses de revenus similaires, là aussi due à une hausse des charges. La chute est particulièrement importante pour les allergologues (- 9,8 %), les rhumatologues (- 9,2 %), les dermatologues (- 6,5 %) et les ORL (- 6,3 %). On voit que les revalorisation tarifaires actées par l’avenant n°9 à la convention médicale adoptée en septembre 2021 (visites longues et nouvelles consultations complexes pour les généralistes, majorations pour certaines spécialités cliniques, etc.) n’ont eu que peu d’effet sur le pouvoir d’achat des médecins libéraux.

Une hausse du C de 1,50 euros insuffisante
Difficile de dire quelle sera la tendance pour l’année 2023. Si l’inflation venait à reculer comme le prédisent les économistes, « en termes de charges, on pourrait retrouver le niveau de 2019 » espère Béchir Chebbah. « Tout va dépendre du maintien d’une activité soutenue » commente le président de l’Unasa, alors que le nombre de généralistes en activité devrait continuer à diminuer. En revanche, la hausse du tarif de la consultation de seulement 1,50 euros ne devrait pas être suffisant pour compenser l’inflation, comme l’ont plusieurs fois souligné les syndicats de médecins. « Le coup de pouce devrait être d’au moins 2,50 euros » estime Béchir Chebbah.

Alors que la direction du ministère de la Santé vient de changer avec l’arrivée d’Aurélien Rousseau et le départ de François Braun, les syndicats espèrent une reprise rapide des négociations conventionnelles où ils s’appuieront sans doute sur ces chiffres pour obtenir une hausse substantielle du tarif de la consultation. Le directeur général de la CNAM Thomas Fatôme a d’ores et déjà annoncé le 10 juillet dernier qu’il était prêt à augmenter ce tarif.

Quentin Haroche