Maternités et Hopitaux publics

Liberation.fr : Discrimination dans l’emploi public : l’hôpital mauvais élève

Août 2016, par infosecusanté

Au rapport

Discrimination dans l’emploi public : l’hôpital mauvais élève

Par Nolwenn Mousset

13 juillet 2016 à 18:52

Un rapport sur la discrimination à l’embauche dans la fonction publique à été remis ce mardi au Premier ministre. Et pour les femmes, les « banlieusards » et les porteurs de noms à consonance étrangère, l’Etat et les administrations ne sont pas meilleurs élèves que le privé.

Discrimination dans l’emploi public : l’hôpital mauvais élève

Une première en France. Le rapport « Les discriminations dans l’accès à l’emploi public » mené par Yannick L’Horty, économiste et professeur à l’université de Paris-Est-Marne-la-Vallée s’attache à évaluer l’ampleur des discriminations à l’embauches dans la fonction publique.

Le résultat est sans appel, « La fonction publique ne reflète pas la société. Le profil des agents de l’Etat des collectivités territoriales n’est pas celui de la moyenne des Français. » La faute aux concours d’entrée ? Pas seulement. « Une analyse des résultats de concours sur plusieurs années montre ainsi que les femmes, les personnes nées hors de France métropolitaine ou résidant dans des quartiers populaires ont moins de chance de réussir les écrits », indique un communiqué du Premier ministre. Mais une fois le précieux sésame obtenu, la course vers l’embauche reste selon les profils plus ou moins semée d’embûche.

Pour vérifier l’exemplarité de l’emploi public dans son recrutement, Yannick L’Horty a envoyé 3 258 candidatures virtuelles à plus d’un millier d’offres d’emploi, elles, belles et bien existantes concernant cinq professions : policier, infirmier, responsable administratif, technicien de maintenance et aide-soignante.

Pour ces testings, trois profils type au CV et parcours similaires ont été créés : un candidat d’origine français, une candidate d’origine française et profil d’origine maghrébine (dont le sexe est choisi selon la proportion d’homme ou de femme dans la profession).

Bonnet d’âne pour les hôpitaux et les collectivités

Selon le rapport, c’est du côté des hôpitaux que la discrimination est la plus grande. Le profil d’une candidate au nom d’origine française a près de 40% de chance de décrocher un poste d’aide-soignante lorsqu’elle postule alors que celui de son homologue d’origine maghrébine n’a, elle, que 28% de chance de l’obtenir. Une candidate au nom d’origine française mais habitant dans un quartier prioritaire n’a que 31% de chance.

Suite à ces révélations, la ministre de la Santé Marisol Touraine souhaite mettre « tout en œuvre » pour faire cesser ces pratiques discriminatoires, selon des propos à l’AFP. De nouveaux testings seront lancés dans six mois et rendu publics. Les résultats du rapport l’Horty seront quant à eux présentés à tous les directeurs d’établissements publics de santé et les services de ressources humaines devront analyser leurs pratiques de recrutement. Un module d’auto-évaluation va également être mis en place pour aider les directeurs et les représentants du personnel à « évaluer leurs pratiques internes et corriger les dysfonctionnements ».

La situation est similaire pour un poste de responsable administratif dans une collectivité locale. Si deux candidats « d’origine française » postulent, celui qui est domicilié dans un quartier relevant de la politique de la ville a « un taux d’accès aux entretiens d’embauche » inférieur de onze points par rapport à celui qui habite dans un quartier neutre.

En revanche, les tests menés dans les 70 commissariats ne montrent eux aucune différence significative de traitement pour les recrutements.

Nolwenn Mousset