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Lequotidiendumedecin.fr : PLFSS 2024 : un plan d’économie « intenable », dénoncent les fédérations hospitalières dans une lettre à Borne

il y a 5 mois, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : PLFSS 2024 : un plan d’économie « intenable », dénoncent les fédérations hospitalières dans une lettre à Borne

PAR JULIEN MOSCHETTI -

PUBLIÉ LE 16/10/2023

Rebelote. À l’heure où la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale s’apprête à examiner, à partir de mardi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2024), l’ensemble des fédérations hospitalières (FHF, FHP, Fehap, Fnehad et Unicancer) tirent à nouveau la sonnette d’alarme sur l’impasse budgétaire dans laquelle les établissements sont plongés. Dans une lettre ouverte adressée ce lundi à Élisabeth Borne, ces fédérations hospitalières (qui représentent plus de 3 000 établissements) affirment qu’un « nouveau plan d’économie sur la santé serait intenable ».

Fin septembre déjà, celles-ci estimaient dans un communiqué commun que le niveau de l’inflation – et notamment les coûts de l’énergie – avait été « notoirement sous-évalué dans la construction de l’Ondam hospitalier 2023 ». Trois semaines plus tard, elles enfoncent le clou dans ce courrier à la Première ministre, en évoquant les perspectives sombres de 2024.

Selon les fédérations, ce budget de la Sécu « ne tient aucunement compte de la réalité des coûts liés à l’inflation » que subissent les hôpitaux et les cliniques car il n’intègre « aucun financement supplémentaire » pour compenser cette hausse des prix. Les fédérations jugent donc que ce budget 2024 « acte de fait un plan d’économies majeures » (par rapport à la tendance naturelle des coûts et des dépenses).

Il manque 1,5 milliard d’euros ?

Selon leurs calculs, les fédérations du secteur estiment qu’il manque toujours plus de 1,5 milliard d’euros dans l’Ondam hospitalier pour compenser la hausse des coûts qui, en étranglant les établissements, « menace l’offre de soins de notre pays ».

Tous statuts, les établissements seraient en proie à de « grandes difficultés ». À l’image des CHU et des « CH les plus grands » qui doivent faire face, en 2023, à « un effet de rattrapage de la part des fournisseurs et à une augmentation de 300 % et 400 % de leurs dépenses d’électricité », alerte le courrier.

Electricité, blanchisserie, restauration : le privé aussi

L’inflation impacte également fortement le secteur privé, dont les dépenses d’électricité « explosent », tandis que la hausse de leurs dépenses de blanchisserie et de restauration serait de l’ordre de 15 %. Une situation qui fait craindre « des arrêts d’activité, voire des fermetures pures et simples de cliniques sur des territoires isolés ou dans des villes moyennes », mettait en garde fin septembre Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).

Une nouvelle dégradation de la situation financière des établissements entraînerait des répercussions sur leurs capacités d’investissement « jusque dans leur trésorerie, impactant leurs capacités de paiement », avancent encore les fédérations. Elles demandent à Élisabeth Borne de prendre « les mesures qui s’imposent » pour « sortir d’une vision comptable et court-termiste de la santé ».

Rousseau reconnaît « un sujet inflation »

Auditionné le 11 octobre par les députés de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Aurélien Rousseau a reconnu qu’il y avait « un sujet inflation » pour les établissements de santé. Selon le ministre de la santé, le gouvernement est en train de « regarder comment, dans des conditions que vous connaissez, nous pourrons appuyer les établissements pour ne pas les faire basculer dans le rouge ». Selon le ministre, il y a « urgence à poser le principe d’un appui » financier.

Mais Aurélien Rousseau prévient déjà que les « révisions » éventuelles du budget de la Sécurité sociale n’auront pas « l’ampleur de celles qu’on a connues pendant toute la période du Covid ou pendant la période inflationniste maximale ». Notamment parce que la trajectoire financière de la Sécu est elle-même « dégradée », avec deux branches « particulièrement déficitaires » : la maladie et la vieillesse.